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Tour de France 2016 - Et si Joux-Plane était le dernier adversaire de Froome ?

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 23/07/2016 à 12:46 GMT+2

Dernier véritable « col » de ce Tour de France 2016, Joux-Plane fera office de juge de paix avec sa montée terrible et sa descente périlleuse pour son 12e franchissement sur la Grande Boucle. Et, dans l’histoire, le classement général y a souvent vécu de sérieux bouleversements. Au point de voir Chris Froome renversé ?

Le redoutable col de Joux-Plane sera le dernier col du Tour 2016.

Crédit: Imago

"Cette dernière étape de montagne propose le terrible col de Joux-Plane. Attention à lui. Coureur, je ne l'ai jamais très bien passé... Je pense que le leader du Tour aura du souci à se faire jusqu'à la dernière minute". Voilà ce qu’avait déclaré Jean-René Bernaudeau, directeur sportif de Direct Energie, juste après la présentation du parcours en octobre dernier, au micro d'Europe 1. Coureur de 1978 à 1988, il connaît bien l’ascension de Joux-Plane, qu’il a franchi à quatre reprises sur la Grande Boucle. Un col terrible que tous les coureurs craignent. Et pour cause.
Le Col de Joux-Plane est un des cols les difficiles de France. Malgré sa (relative) faible longueur de 11,7km, il est classé hors-catégorie. Et ce n’est pas pour rien. Sa pente est terrible, avec une moyenne de 8,5%. Mais ce sont surtout ses cinq derniers kilomètres qui paraissent interminables, avec une pente constamment au-dessus des 9%. De quoi faire des écarts bien entendu, de gros écarts. Si renverser Christopher Froome serait une sensation, Joux-Plane a tout du faiseur de miracle. Le passé l’a bien montré.

Même Amstrong y a vécu une horreur

Comme Froome, Lance Amstrong (US Postal) est à son apogée cette année-là. Vainqueur de sa première Grande Boucle l'année d'avant, l'Américain domine encore plus largement le Tour de France que le Britannique au moment d'aborder l'étape de Morzine, 16e opus de cette édition 2000. Son dauphin et meilleur ennemi Jan Ullrich pointe à 7'26'' au matin du 18 juillet. Autant dire que l'Américain n'a pas vraiment de quoi s'inquiéter au départ de Courchevel, lui qui n'avait jamais été bousculé depuis sa "prise de pouvoir" en 1999. Sauf que Joux-Plane est unique…
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Lance Armstrong dans Joux-Plane en 2000

Crédit: AFP

Avec l'enchaînement Col des Saisies, col des Aravis, col de la Colombière, côte de Châtillon et col de Joux-Plane, cette 16e étape avait de quoi faire des dégâts sur le papier. Rajouter à cela un Marco Pantani vexé qui s'échappe dès le départ et vous obtenez une course folle. SI l'Italien explosera, il ne sera pas le seul. Dans Joux-Plane, les favoris se font la guerre lorsque Heras (Kelme) passe à l'attaque, suivi par Virenque (Polti) et UIlrich (Deutsche Telekom). Mais pas d'Amstrong. Pour la première fois, son coup de pédale est saccadé. L'Américain est à la peine, il souffre. Jamais il ne reviendra. A l'arrivée à Morzine, Amstrong concèdera pas moins de 2 minutes à son dauphin Ullrich. Sa plus grosse défaite sur le Tour lors de son règne…
* Convaincu de dopage par le rapport sorti par l’USADA en octobre 2012, Lance Armstrong a été déchu de ses sept victoires sur le Tour par l’UCI. En janvier 2013, il a avoué s’être dopé à chacun de ses succès sur le Tour.

Plus qu’une montée, Joux-Plane c’est aussi une descente

Déjà terrible dans son ascension, le Col de Joux-Plane offre également un vrai terrain de jeu aux bons descendeurs. Pour aller sur Morzine, les coureurs devront parfaitement négocier une technique et périlleuse descente. En 2000, Heras y avait perdu l'étape en manquant un virage sous la flamme rouge, même si ça n'avait pas vraiment eu d'incidence au général. Delgado ne peut pas en dire autant.
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Roche et Delgado sur le Tour 1987

Crédit: AFP

L'Espagnol est le grand perdant des années 90 de la descente de Joux-Plane. Le leader de Reynolds, certes loin au général, s'était fracturé la clavicule en 1984. S'il avait terminé l'étape, il n'était pas reparti le lendemain. Mais c'est surement en 1987 qu'il a le plus perdu. Alors maillot jaune du Tour de France, à cinq jours de l'arrivée sur les Champs-Elysées, Pedro Delgado est à la lutte avec Stephen Roche, son dauphin. Si la montée ne leur permet pas de se départager, l'irlandais - pointé à 39'' au général - prend tous les risques dans la descente. Moins habile, surement inquiet en souvenir de sa clavicule fracturée trois ans plus tôt, l'Espagnol se montre plus prudent. A l'arrivée, il concède 18'' et relance Roche dans la course à la victoire. L'Irlandais fera la différence dans le chrono final.

L’incroyable "remontada" de Landis

Le jour le plus incroyable d'un Tour 2006 pourtant largement garni de son lot de retournements. A la rue la veille vers la Toussuire avec plus de 8' de concédées à Oscar Pereiro Sio, Floyd Landis n'est - pour beaucoup - plus dans la course au maillot jaune. Mais, entre Saint-Jean-de-Maurienne et Morzine, l'Américain de la Phonak se lance dans un raid aussi insensé que désespéré. A 130km, le voilà qui attaque, provoquant une panique incroyable au sein des favoris, alors même qu'il est loin au général.
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Tour 2006: Floyd Landis schlägt zurück

Crédit: AFP

Si certains favoris (Evans et Menchov notamment) tente de le suivre, Landis est intouchable et s'envole. En quarante kilomètres, il reprend 8' aux échappés et oblige Caisse D'Epargne et T-Mobile à réagir. Mais rien n'y fait. L'Américain est plus costaud que tous les équipiers de Pereiro, maillot jaune, et de Klöden et l'écart augmente pour atteindre à l'arrivée les 7'08''. Une chevauchée fantastique qui lui permettra quelques jours plus tard de s'emparer du maillot jaune dans le chrono final. On ne saura que quelques jours de ce qu'il en était vraiment…
* Contrôlé positif lors de 17e étape du Tour 2006, Floyd Landis a été déchu de sa victoire sur le Tour par l’UCI. En janvier 2007, Oscar Pereiro Sio a été déclaré vainqueur sur tapis vert.

La Sky y a déjà perdu une bataille

Mythique sur le Tour de France, le Col de Joux-Plane a également connu les joies du Critérium du Dauphiné. C'était en 2012. L'année où la Sky avait complètement contrôlé la course en montagne, ne laissant aucun coureur partir et prendre du temps. Même s'il était loin au général. Chaque jour, l'équipe britannique décourageait les attaques. Du moins, sauf dans Joux-Plane. Ce jour-là, le train de la Sky, Porte et Froome avec Wiggins, fait la connaissance d'un trublion colombien de 21 ans : Nairo Quintana.
Le grimpeur de la Movistar, profitant de l'absence d'un vrai leader (Valverde est en Suisse, Cobo a abandonné), s'envole dans le Col de Joux-Plane malgré le tempo de Porte. Fluide et aérien, le Colombien résiste à la volonté des Sky de revenir pour jouer l'étape et va s'imposer à Morzine, sa première victoire au niveau World Tour. Principal adversaire de Wiggins au général, Cadel Evans a lui attaqué dans la descente. Il parviendra à reprendre huit secondes. Loin d'être suffisant mais cela a le mérite de montrer que les Sky peut souffrir dans Joux-Plane. D'un côté comme de l'autre..
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Nairo Quintana (Movistar), Dauphiné Libéré 2012

Crédit: Panoramic

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