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Warren Barguil, histoire d'un retour fracassant au premier plan

Julien Chesnais

Mis à jour 21/07/2017 à 09:11 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Vainqueur à l'Izoard de sa deuxième étape sur le Tour de France, 9e du général et assuré de remporter le maillot à pois sauf accident, Warren Barguil (Sunweb) connaît un Tour de rêve. Presque miraculeux alors qu'il était encore à l'hôpital il y a un peu plus de deux mois. Le coureur de 25 ans renoue enfin avec le fil de sa carrière, débuté avec fracas sur la Vuelta 2013.

Warren Barguil - Tour de France 2017 stage 18 - Getty Images pub only in ITAxESPxUKxUSAxIRL

Crédit: Getty Images

Décidément, "Wawa" n'est pas homme de demi-mesure. Quand il trouve la mire, le Breton est plutôt du genre à doubler la mise. Comme lors de la Vuelta 2013 qui l'avait révélé, le grimpeur de la Sunweb a remporté deux étapes sur ce Tour de France 2017. Deux victoires pleines de panache, en montagne et à la pédale. Huit jours après s'être offert la dernière étape pyrénéenne, à Foix, "Wawa" s'est imposé en patron au sommet de l'Izoard, s'assurant au passage le maillot blanc à pois rouge, qu'il gardera jusqu'au bout sauf accident. Et une 9e place au général, certes encore menacée par Contador. "J'ai toujours du mal à réaliser, pour moi c'est un rêve ces trois semaines de Tour, s'extasiait-t-il après l'arrivée ce jeudi. Je suis plus haut que les nuages, je crois que j'ai quitté la Terre là. Je suis sur une autre planète."
En moins de trois mois, Barguil a effectivement basculé d'un monde à l'autre. Le 27 avril, une chute lors de la 2e étape du Tour de Romandie l'expédie à l'hôpital. Bilan, un trait de fracture à la hanche. Et trois semaines de repos complet à observer. Un coup dur. Un de plus après l'imprudence de cette voiture qui l'avait fauché, lui et ses coéquipiers de Giant, sur une route d'entrainement espagnole en janvier 2016.
Au départ du Tour, après une reprise poussive puis encourageante sur le Dauphiné, ses ambitions étaient des plus modérés. Le coureur de 25 ans espérait simplement rallier Paris. Et, pourquoi pas, jouer une victoire d'étape. Alors, trois semaines plus tard, son bilan a des allures de miracle. Et un parfum de libération. "Après beaucoup de malchance, la chance tourne enfin. J'ai eu beaucoup de gros problèmes mais je n'ai jamais rien lâché et, aujourd'hui, ça paie. Il n'y en a pas beaucoup qui savent ce que j'ai enduré."
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Warren Barguil

Crédit: Getty Images

Virenque se voit en Barguil

Deux victoires d'étape et un maillot à pois. C'est aussi bien que Voeckler en 2012, dernier vainqueur français du classement par points. Côté popularité, la "Wawamania" n'a peut-être encore atteint la proportion de la "Voecklermania" mais il est certain que le sens du panache, et de la gagne, en a ému plus d'un sur le bord de la route et devant le poste. Richard Virenque, qui s'y connait aussi en popularité, n'a d'ailleurs pu retenir quelques larmes sur Eurosport lors l'arrivée de l'Izoard. On pouvait y voir un symbole évident. L'ancien septuple vainqueur du maillot à pois semblait trouver en Barguil un successeur. "J'ai l'impression de me voir 15 ans en arrière."
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Virenque : "Chapeau Barguil"

Sur ce Tour, Barguil a crevé l'écran et retrouvé l'éclat de son tout début de carrière. Ses deux bouquets lors de la Vuelta 2013, moins d'un an après son Tour de l'Avenir 2012 victorieux, l'avaient élevé au rang de très grand espoir du cyclisme français. Au même rang que Bardet, Pinot, plus âgés d'un an. Mais alors que ses deux aînés ont véritablement explosé, le Breton n'arrivait pas à crever le plafond, multipliant les places d'honneur en Grand Tour et sur les Ardennaises (8e de la Vuelta 2014, 15e du Tour 2015, 6e de Liège-Bastogne-Liège 2016). Une statistique peut résumer ses (presque) quatre années de transition. De Formigal, lieu de son second succés sur le Tour d'Espagne, à Foix, Barguil n'a jamais pu lever les bras.
Cette période de disette, il l'a d'ailleurs assez mal vécu. Ses résultats ne répondaient pas à ses attentes. Et il a eu l'impression d'avoir été dévalué, presque mis dans l'oubli. Dans son esprit, c'est comme si ce Tour remettait les pendules à l'heure. "Je confirme que je ne suis pas un grand champion qui a gagné un grand Tour comme des Contador ou des Quintana mais je ne suis pas non un cycliste lambda." Pour sûr, Barguil sera de nouveau pris très au sérieux. L'an prochain, il peut rêver d'autre chose que les pois et les étapes. "Si je reviens au Tour avec les mêmes jambes, je pense que le général c'est possible. Après, pour aller gagner, il y a encore une grosse marge. J'ai toujours dit que faire dans les cinq premiers était un de mes objectifs. Mais on ne va pas griller les étapes, on va savourer le moment présent et on parlera de l'année prochaine en temps voulu."

Ultime passe d'armes avec Contador, son idole

D'ici-là, il reste encore à rallier Paris pour valider son maillot à pois. Et il doit défendre sa 9e place, fraîchement acquise aux dépends d'Alberto Contador. L'Espagnol, qui n'accuse que 12'' de retard avant le chrono de Marseille, était d'ailleurs son idole de jeunesse. Une idole qu'il s'était payé lors de chacun de ses deux succès. A Foix, il l'avait devancé au sprint. Et dans l'Izoard, l'Espagnol avait tenté de le suivre avant de céder dans sa roue. Forcément spécial. "Il y a quelques années, je célébrais mes victoires comme il le faisait, avec son pistolet." Au sommet de l'Izoard, les deux index de Barguil étaient cette fois pointés vers le ciel. "Le geste, c'est pour mes grands-parents qui sont décédés. J'avais mes deux papis qui suivaient énormément le vélo et, pour moi, c'était la dédicace que j'avais pour eux. C'était un moment émouvant car je ne les oublie pas et j'ai vraiment pensé à eux en passant la ligne." Ce Tour 2017, c'est sûr, il s'en souviendra.
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