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Il était une foi Warner

Eurosport
ParEurosport

Publié 31/01/2009 à 21:30 GMT+1

Homme de foi, Kurt Warner a surtout eu le mérite de toujours croire en lui, même quand tout le monde lui tournait le dos. Parti de rien, revenu de nulle part, le quarterback d'Arizona va tenter dimanche de remporter le 2e Super Bowl de sa carrière, neuf

Il y a quatre ans à peine, Kurt Warner avait du mal à trouver du boulot. Même comme remplaçant. A 33 ans, on le pensait fini pour la NFL. Malgré son statut d'ancien MVP de la Ligue et du Super Bowl, malgré ses deux voyages jusqu'à la grande finale avec les Rams, dont une victoire, plus personne ne voulait de lui. Il ne lui restait plus qu'à mettre le mot fin sur le livre de sa carrière, parfois chaotique mais néanmoins remarquable. Pourtant, dimanche, il peut ajouter le plus beau des chapitres s'il remporte un deuxième Super Bowl. Le plus improbable, aussi. Il a lui-même du mal à y croire. "J'essaie de mettre Arizona Cardinals et Super Bowl dans la même phrase. Ca fait bizarre", a-t-il lancé dans un grand éclat de rire après la victoire des Cards face à Philadelphie en finale de conférence.
On pourrait ajouter "Kurt Warner" aux côtés "d'Arizona" et de "Super Bowl" dans cette phrase. Car ce troisième élément est aussi inattendu que les deux autres. C'est précisément ce qui rend cette histoire si singulière. Warner et Arizona, c'est la rencontre de deux destins contrariés. L'incroyable symbiose d'un has been et des plus gros losers de ces quinze dernières années, en passe de construire ensemble une success story comme les Américains en raffolent. "Si nous gagnons dimanche, peut-être que les gens le considéreront enfin comme ce qu'il est vraiment, c'est-à-dire un des meilleurs joueurs à avoir jamais joué au poste de quarterback ", estime Ken Whisenhunt, le coach des Cardinals. Il est vrai que, en dépit des stats qu'il a postés et de ses faits de gloire, Warner a toujours des détracteurs. Il a passé l'âge de guerroyer avec eux. Et puis l'adversité, Warner connaît. Toute sa carrière, il a dû batailler.
La confiance de Whisenhunt
Dès l'Université, à Northern Iowa, il lui a fallu attendre son année de senior, la dernière, pour gagner ses galons de titulaire. Pas l'idéal pour convaincre les scouts avant la draft. La NFL ne lui fait pas vraiment les yeux doux. Testé puis coupé par Green Bay, il trouve refuge dans des Ligues mineures, en Arena (à nouveau dans l'Iowa) et en NFL Europe, du côté d'Amsterdam. Mais le très croyant Warner ("danstout ce que je fais, partout où je vais, j'essaie d'honorer Jesus", aime-t-il répéter) n'a jamais perdu la foi). "Dans la vie, explique-t-il, je crois que les succès n'arrivent pas dans la facilité. Et c'est bien mieux comme ça. On apprécie davantage les choses quand on a galéré pour les obtenir." Presque un résumé de sa carrière. Il avait finalement raison de croire en sa bonne étoile, quand tout le monde lui disait qu'il ferait mieux de tout laisser tomber. Revenu en NFL par la petite porte, à Saint-Louis, il va tenir la chance de sa vie avec la blessure de Trent Green, le quarterback titulaire. Propulsé sur scène avec le premier rôle, Warner mène les Rams à la victoire au Super Bowl en 2000, puis à un autre, perdu celui-là, en 2002. Trois saisons extraordinairement prolifiques, au cours desquelles il mène une des plus belles attaques de l'histoire. Avec plus de 12000 yards et 98 touchdowns au cours de cette période, il a pris sa part du lion.
Mais la roue du destin de Kurt Warner ne s'arrête jamais de tourner. Après le temps des fastes, elle va repartir dans le mauvais sens. Une série de blessures et il perd sa place de titulaire à Saint-Louis au profit de Marc Bulger. Les Rams ne retrouveront jamais la voie du succès. Warner s'en va. Il croit se relancer chez les Giants, mais l'affaire tourne à la catastrophe. Fin 2004, après 10 matches, il est prié de céder sa place au rookie Eli Manning. La goutte d'eau? Une prestation catastrophique face à... Arizona. Rideau. La seule offre sérieuse vient précisément de Phoenix, où il pose ses valises à l'été 2005. Pendant trois saisons, il sera parfois titulaire, et souvent blessé. C'est Ken Whisenhunt qui va véritablement le relancer. Certes, il fait du jeune Matt Leinart le titulaire. Mais l'été dernier, il assure à Warner qu'il aura sa chance lors du camp d'entrainement. Régénéré, l'ancien MVP se dépouille en pré-saison et, contre l'avis de beaucoup, Whisenhunt tranche en sa faveur. "C'était très difficile mais j'ai estimé que Kurt était plus à même de nous faire gagner rapidement. " L'audace de l'ancien coordinateur offensif de Pittsburgh va être récompensée. Warner livre une saison digne de ses folles années de Saint-Louis. Il termine deuxième de la NFL en nombre de complétions (401), de pourcentage (67) et de yards (4583) et troisième au nombre de touchdowns (30).
"Et alors? Moi, je crois en cette équipe"
Warner sait ce qu'il doit à son coach. "Il a su mettre de côté ce qu'on disait de moi. Il a agi comme un grand entraineur, en prenant ses responsabilités, en son âme et conscience. Je lui suis redevable chaque fois que je rentre sur le terrain, mais je crois qu'il n'a pas eu à se plaindre de mon rendement", sourit l'intéressé. Comme toujours dans sa carrière, Kurt Warner n'a cessé d'y croire. Il a toujours refusé de se priver d'un luxe, d'un droit, celui au rêve. C'est sans doute la clé de sa réussite. Interrogé par un journaliste américain au mois d'octobre, qui lui demandait s'il pensait finir au Hall of Fame, il a eu cette réponse: "ce n'est pas à moi de décider, et je ne joue pas pour ça. Moi, ce que je voudrais, c'est retourner au Super Bowl." Son interlocuteur, gêné, lui fit alors remarquer qu'il jouait pour Arizona. "Et alors? Moi, je crois en cette équipe", a-t-il répliqué. Il a eu le Super Bowl, et il aura vraisemblablement le Hall of Fame.
Au fait, dimanche soir, Kurt Warner sera libre de tout contrat. Quoi qu'il arrive face aux Steelers, quelque chose nous dit que, cette fois, il n'aura pas de mal à retrouver du boulot, à Arizona, dont le General manager va tout faire pour le garder, ou ailleurs. A moins qu'il ne décide de choisir une dernière fois son destin, en se retirant. Sa femme, Brenda, aimerait le voir plus souvent à la maison auprès d'elle et de ses sept enfants. Warner voudrait aussi s'occuper Sa foi l'a toujours poussé à revenir, elle pourrait l'inciter à partir. Pour de bon. Cette fois.
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