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Super Bowl: Ray Lewis (Baltimore Ravens), la légende et son côté obscur

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/02/2013 à 19:57 GMT+1

Ray Lewis, 37 ans, va terminer sa carrière dimanche lors du Super Bowl. Le joueur, monument des Ravens, traine derrière lui l'image troublée de l'homme.

2013 NFL Super Bowl Baltimore Ray Lewis

Crédit: AFP

Ray Lewis va disputer dimanche son second Super Bowl. Le tout dernier match de sa carrière puisque, le mois dernier, le linebacker historique de Baltimore a annoncé qu'il mettrait un terme à sa vie de footballeur en fin de saison. Depuis cette annonce, les Ravens semblent portés par une dynamique puissante, comme s'ils voulaient à tout prix offrir à leur leader une sortie glorieuse, à l'image de son ébouriffante carrière. Lewis est considéré, à juste titre, comme un des plus grands joueurs de l'histoire de la NFL à son poste. Un défenseur hors normes. Un leader hors pair. Mais, car il y a un mais, l'histoire est moins belle que Lewis ne le souhaiterait. Depuis quelques jours, il se retrouve au centre d'une vive polémique. Curieusement, il y a douze ans, lors de son précédent et unique voyage (victorieux) au Super Bowl, on ne parlait déjà pas que du terrain au défenseur de Baltimore.
Petit voyage dans le temps. Fin janvier 2000. Atlanta. C'est le week-end du Super Bowl. Ray Lewis participe à une fête organisée en banlieue en marge de l'évènement sportif numéro un de l'année aux Etats-Unis. Une bagarre éclate, puis dégénère, impliquant plusieurs amis de Lewis. Richard Lollar, 24 ans, et Jacinth Baker, 21 ans, trouvent la mort. Lewis et deux de ses amis sont suspectés de ce double meurtre. En échange d'un témoignage contre ses deux compères et d'une acceptation de sa part de plaider coupable d'obstruction à la justice, et après un accord financier avec les familles des victimes, la star de Baltimore s'en tire à bon compte. Judiciairement, il évite le pire. Sportivement, la NFL et son boss d'alors, Paul Tagliabue, lui infligent une amende record de 250.000 dollars. Un moindre mal. L'image de Lewis, elle, restera durablement entachée. Un an plus tard, en 2001, il remporte le Super Bowl avec Baltimore face aux Giants. Mais en amont du match, notamment lors du media day, les questions portent presque uniquement sur cette sordide affaire.
"Emballez tout ce que vous avez en stock et envoyez-les moi"
Depuis, Lewis n'avait plus remis les pieds au Super Bowl. Depuis, il s'était plutôt tenu à carreau. Douze ans plus tard, à l'hiver d'une carrière exceptionnelle, il s'apprête donc à partir en beauté, sur un deuxième et dernier SB. Mais voilà que, comme une malédiction, ce retour au sommet s'accompagne d'une nouvelle polémique. Beaucoup moins grave, il faut bien le dire, puisqu'il n'est cette fois pas question d'homicide, mais de dopage. N'empêche, l'affaire fait tache. Encore une fois. Sports Illustrated l'accuse d'avoir eu recours à un produit interdit pour soigner une blessure cette saison. Il aurait fait appel à la compagnie Sports with Alternatives to Steroids (SWATS) afin de se procurer une substance lui permettant de remettre son triceps meurtri en état de marche. Le magazine s'appuie sur des enregistrements téléphoniques au cours desquels Lewis aurait demandé au patron de la société en question comment ingérer la substance IGF-1. "Emballez tout ce que vous avez en stock et envoyez-les moi car j’ai vraiment besoin de revenir dès cette semaine", aurait dit Lewis, selon SI.
Autant dire que, cette semaine, devant les médias, Lewis n'a pas manqué d'être harcelé. Il a formellement démenti ces accusations. "Cette histoire est ridicule, a-t-il estimé. Je l'ai dit des milliers de fois, je n'ai jamais consommé de tels produits. Tous ceux qui me connaissent savent que c'est une blague. Cela fait 17 ans que je suis dans le métier et j'ai trop de respect pour ce sport et pour mon corps pour faire ça. Surtout, je n'en ai pas besoin." Comme souvent, il a aussi fait appel à des références religieuses pour contrer ceux qui le mettent en cause. Nous ne sommes plus très loin de la théorie du complot. "C'est un piège tendu par le diable. Son objectif est de tuer, de détruire et de voler. C'est pour ça qu'il vient. Il vient pour vous écarter de ce que vous essayez de faire." Concrètement, Lewis ne risque rien. Le produit incriminé est certes interdit, mais il ne peut être détecté qu'à travers des prélèvements sanguins et les tests sanguins effectués en NFL ne recherchent pas cette substance. Mais le doute plane. Comme au début du siècle après l'affaire d'Atlanta.
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Baltimore Ravens linebacker Ray Lewis (52) restrains teammate Lardarius Webb (R) as he complains about a penalty call during the second half of their NFL football game against the New England Patriots in Baltimore, Maryland (Reuters)

Crédit: Eurosport

Entre Ali et Tyson
Ce qui est en revanche certain, c'est que la détermination de Lewis et son aura au sein des Ravens demeurent intactes. Tout le monde fait bloc derrière le guide spirituel. Oui, spirituel. Le mot n'est pas trop fort, quand on lit les propos tenus par un de ses coéquipiers, Chris Johnson. "Les paroles qu'il prononce, le moment où il les prononce, la façon dont il les prononce, c'est incroyable, explique-t-il. Il a une telle force spirituelle que quand il prononce ces mots, vous avez l'impression qu'ils viennent directement de Dieu." Qu'on le veuille ou non, pour le meilleur ou pour le pire, peut-être les deux, Lewis est capable d'insuffler une énergie folle à son équipe. Il n'a plus le même impact qu'il y a quelques années. A 37 ans, il a clairement décliné ces derniers mois. Mais il demeure un plaqueur féroce et, de façon permanente, un moteur, une flamme toujours incandescente. Il le sait, beaucoup le détestent. Comme joueur et comme homme. Trop sulfureux, trop religieux, trop excessif, à l'image de ce rituel presque tribal quand il rentre sur le terrain. Son vieux compère de la défense des Ravens, Ed Reed, qui le surnomme Mufasa (en référence au personnage du Roi Lion) préfère s'en amuser. "Je sais que beaucoup de gens se moquent de Ray pour ça, de sa façon d'être devant les caméras, sa façon de parler. Mais il est lui-même, ce n'est pas du cinéma. Sa spiritualité fait partie de lui et il en a fait une force. Pour lui  et pour l'équipe."
Il y a du Mohammed Ali en lui. Du Mike Tyson aussi. A la fois insupportable et fascinant. Il suscite des sentiments contradictoires. Un vrai phénomène d'attraction-répulsion. Il est, en tout cas, une des personnalités les plus influentes de la NFL. Au-delà des Ravens. Très ouvert, Lewis donne beaucoup de conseils aux jeunes qui débarquent chez les pros. "Il est comme un frère", dit d'ailleurs de lui Frank Gore, le running back de San Francisco, qui sera face à lui dimanche. Ainsi va Lewis, homme complexe, aux secrets aussi bien enfouis que sa passion se veut exubérante sur le terrain. Jusqu'ici, il avait parfaitement réussi son opération rédemption. Mais "quand on s'est relevé d'une accusation de double meurtre, je doute qu'on puisse être abattu par une histoire de produit interdit", note l'ancienne star de Dallas, Michael Irvin. Dimanche, pour lui, il ne sera question que de football. Que de victoire. La seule sortie possible pour lui. Si Dieu le veut. Si Lewis le veut. Ce qui revient au même, vous diraient les Ravens.
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2013, Ray Lewis, Baltimore Ravens, NFL, Reuters

Crédit: Reuters

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