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Bundesliga - Qui peut rivaliser (économiquement) avec le Bayern Munich ?

Polo Breitner

Mis à jour 01/11/2014 à 00:43 GMT+1

Alors que le match nul (0-0) rapporté par l’équipe de Pep Guardiola en terre "gladbachienne" a rassuré les grands décideurs de la Bundesliga, la rencontre de ce samedi (18h30) contre le BVB Dortmund repose la question de la domination structurelle, depuis 40 ans, du FC Bayern. Un énième larron peut-il venir le taquiner à plus ou moins long terme ?

Bayern - Dortmund, un duel pérenne au sien de la Bundesliga ?

Crédit: Eurosport

Pour la première fois de son histoire, le club bavarois montait, en 2013, sur le podium des entités qui génèrent le plus d’argent en Europe. Derrière les deux ogres espagnols, Munich chipait la troisième place, d’une courte tête, à Manchester United avec 431 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA), soit 7 de plus que les Red Devils selon le cabinet Deloitte. Cette progression ne peut que continuer puisqu’il existe un "effet Guardiola" depuis l’arrivée du Catalan. Le merchandising et le sponsoring explosent. Officieusement, le Rekordmeister pourrait atteindre les 530 millions d’euros pour l’exercice 2014.
Mieux, l’emprunt qui a servi pour la construction de l’Allianz Arena, le fameux "Schlauchboot" (le canot pneumatique), d’un coût total de plus de 340 millions d’euros, est remboursé sur une décennie au lieu du quart de siècle prévu. Dix ans au lieu de 25 ! Enfin, selon certaines sources, la trésorerie serait de plus de 100 millions d’euros, donc des liquidités immédiatement disponibles. Ce qui précède sera officialisé lors de la fameuse grand-messe, la "Jahresversammlung", l’assemblée générale annuelle, le 28 novembre prochain. La santé financière du Verein allemand est indécente au regard de la situation économique du football continental. Et dire qu’en 1984, le club était forcé de vendre Karl-Heinz Rummenigge à l’Inter Milan afin d’éviter de mettre la clé sous la porte…En 1976, à Glasgow, l’AS Saint-Etienne perdait une finale de coupe d’Europe des clubs champions qui a fait couler beaucoup d’encre. Près de quarante ans après, que pèse le club du Forez face au représentant bavarois ? Dix fois moins ! Et là, nous ne parlons que de chiffre d’affaires.

Dortmund, le concurrent naturel numéro un !

La banqueroute, le BVB a failli la connaître. C’était il y a moins d’une décennie. Concurrencer le FC Bayern, tenter de lui voler la vedette avec la Ligue des champions 1997 peut coûter cher, surtout si le développement n’est pas piloté et l’endettement contrôlé. Il n’empêche, le redressement du club de la Ruhr est indéniable et, surtout, impressionnant. Sur les deux derniers exercices, Dortmund est le club le plus rentable d’Europe. Depuis l’arrivée aux commandes de Hans-Joachim Watzke, il est passé de moins de 90 millions à près de 260 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et l’objectif est d’atteindre les 300 millions d’euros d’ici 2018, ce qui ferait entrer les Schwarz-gelben dans le Top 10 européen, devant les clubs italiens et surtout au niveau d’un Arsenal ou d’un Chelsea. Pas mal du tout, non ?
Mais la pression sur les joueurs du Verein, indépendamment des soubresauts sportifs -qui peut démentir que l’effectif du BVB est, avec le FC Bayern, le plus beau de Bundesliga ?-, montre bien que le gros poisson Dortmund évolue encore dans une petite mare. C’est tout l’enjeu des prochaines années car le Rekordmeister, lui, fait la pluie et le beau temps, rayon achat-vente. On ne peut que se remémorer les paroles d’Uli Hoeness : "un grand club est celui qui n’a pas besoin de vendre ses joueurs". Autre problématique à résoudre : la réussite est aussi due à la montée en puissance d’un charismatique Jürgen Klopp. Que se passera t-il le jour où il faudra lui trouver un successeur ?

Schalke, Hambourg, aucune chance à court terme !

L’Allemagne en rêve ! Un "Big 4" à l’anglaise, avec Munich et Dortmund. Mais seulement économique par contre. Soit le cœur du football allemand -la Ruhr-, l’insolente Bavière, et la puissance de la Ligue hanséatique des "Buddenbrook" de Thomas Mann ! Car Schalke 04 et le Hamburger SV ont tout pour jouer les trublions de la Bundesliga. En théorie pour le moment, car la situation financière des deux Vereine, un duo de plus dans le TOP 20 européen, est plombée par un endettement proche de 100% du volume du CA annuel, lequel nécessite des résolutions drastiques. Gelsenkirchen est sur la bonne voie en tentant de réduire la somme des emprunts de plus de 20 millions d’euros par an.
Chez les Rothosen, le "putsch autorisé" lors des dernières élections, la restructuration actuelle, l’apport en numéraire du mécène Klaus-Michael Kühne, ont redonné des signes de vie au "Dino". Il n’empêche que le sportif est catastrophique, comme miné par une main invisible qui empêche tout redressement, loin des épopées nationales et européennes de la fin des seventies et du début des eighties ! Lorsque le mystique supplante le mythique ! Le HSV en huitième de finale de la coupe aux grandes oreilles ? C’est un minimum compte tenu du potentiel de la ville. La réalité est bien différente, une lutte domestique pour le maintien ! Ce processus de "sanification" prend du temps. L’argent ne va pas dans le développement du sportif. Alors voir les Knappen et les Rothosen concurrencer le FC Bayern…Demain c’est loin.
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Xabi Alonso, pour son premier match avec le Bayern, face à Schalke 04.

Crédit: AFP

Les "Werksclubs", entre FPF et animosité locale !

Peu appréciés par les historiques de la Bundesliga -les fameux Traditionsvereine-, les clubs détenus par des entreprises font l’objet de vifs débats dont Christian Heidel, le manager de Mayence, résume le point de vue : "vous pensez que nous allons électriser l’Allemagne avec Hoffenheim contre Ingolstadt ?". Sont-ils vraiment une alternative au FC Bayern ?
La situation du Bayer Leverkusen et du VfL Wolfsburg sont bien différentes. Le premier n’a pas, n’a plus, vocation à concurrencer le Rekordmeister comme ce fut le cas au tournant du siècle dernier. Les dépenses somptuaires ne sont plus à la mode quitte à ne jamais se départir du sobriquet "Neverkusen". Le B04 d’aujourd’hui se doit de proposer un avenir à de jeunes pousses répondant en cela aux désirs marketing de son propriétaire soucieux de son image de marque. Lorsque le Bayern veut gagner la Ligue des champions, le Bayer a comme dessein de se qualifier pour les huitièmes de finale. Une différence d’objectif qui ne trompe personne.
Le VfL a quelques soucis avec sa politique d’expansion. Il s’est même retrouvé, indirectement, dans le collimateur de l’UEFA via le fairplay financier (FPF) lorsque Klaus Allofs, le manager des Wölfe, a fait allusion, dans l’une de ses interventions médiatiques, à "l’œil de Moscou qui surveille". Des paroles rationnelles qui explicitent le peu d’entrain du club lors du dernier marché estival alors que l’on espérait l’arrivée d’un grand attaquant, d’un ailier de calibre international, voire d’un beau défenseur central. "Cela prendra un peu plus de temps que prévu", annonce l’ancien buteur. Officieusement, il existe pourtant une autre explication à ce léger retard à l’allumage même s’il a été démenti par le club lui-même : le groupe Volkswagen s’est lancé dernièrement dans un vaste plan d’économie de 5 milliards d’euros d’ici 2017 afin de rétablir sa rentabilité et de (re)devenir le numéro un mondial de l’automobile. Une restructuration qui pourrait, peut-être, impacter le VfL. Tout du moins, des transferts de l’ordre de 20 millions d’euros (Gustavo, de Bruyne) pourraient faire mauvais genre compte tenu du contexte social.
Il n’est pas encore un "gros" mais le RB Leipzig fait déjà beaucoup jaser. Car personne n’ignore que l’équipe, actuellement en 2Liga, détenue par la célèbre boisson énergisante et son propriétaire, l’Autrichien Dietrich Mateschitz, souhaite s’implanter dans le haut du tableau de l’élite allemande. Mais à la différence des Werksclubs précités, le bassin de population permet de remplir un Red Bull Arena d’une capacité de 44 000 places. Quant au procès de l’argent facile, les supporters du club de l’ex-RDA ont une réponse toute faite : "plutôt celui de Mateschitz que celui de Poutine !".
Une allusion directe au Traditionsverein Schalke 04 et à "son" Gazprom. Reste cependant à comprendre la politique de Ralf Rangnick, ancien coach d’Hoffenheim et responsable du sportif à Salzburg : des achats ou de la formation de jeunes à fort potentiel entre 18 et 21 ans, qui sont moulés dans un système de jeu spectaculaire. Le RasenBallsport ne déroge pas à la règle avec les recrues Rani Khedira (le frère de Sami) et le déjà international danois, Yussuf Poulsen. Sans oublier Massimo Bruno ou Marcel Sabitzer, la vingtaine, recrutés cet été et prêtés à la "maison-mère" autrichienne. Mais encore une fois : gagne-t-on des titres majeurs avec une pouponnière ?
En dressant le tableau de ce que pourraient-être, devraient-être, les forces en présence en Bundesliga, on se dit que le club bavarois doit se chercher d’autres adversaires. C’est étrange mais il se murmure, du côté de la Säbener Strasse, que c’est effectivement un sujet de réflexion quant à la politique globale. Le Real Madrid et le FC Barcelone sont prévenus.
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