Espagne–Italie (0-0, 7-6 tab), l’antisèche

On attendait une partie endiablée. Un match d’esthètes. La demi-finale de jeudi soir a, longtemps, ressemblé à une partie d’échecs. Elle s’est soldée par un 0-0, le premier d’une compétition qui nous avait habitués à une avalanche de buts. D’un côté, une Espagne toujours aussi joueuse. De l’autre, une Italie tranchante dans son 3-4-2-1 sans équivalent, où la titularisation de Gilardino n’a pas occulté l’absence de Balotelli. Mais autant le dire, sur le strict plan du jeu, cet Espagne-Italie ne restera pas dans les mémoires. Les deux meilleures nations d’Europe se sont essentiellement évertuées à se neutraliser au milieu de terrain. Pour accoucher d’un dénouement qui fait écho au quart de finale de l’Euro 2008 : 0-0 à l’issue du temps réglementaire, qualification de l’Espagne aux tirs au but.

En 2008, il avait été le héros de la Roja et le bourreau de la Squadra aux tirs au but. Cette fois, Iker Casillas s’est contenté de regarder la tentative de Bonucci s’envoler dans le ciel de Fortaleza. Mais le gardien du Real avait déjà réussi des prouesses. Notamment en première période, à deux reprises, devant l’intenable Christian Maggio (17e et 36e). Dans l’organisation italienne, le latéral du Napoli a eu un rôle clé : il a pris un malin plaisir à arpenter son couloir droit. A donner le tournis à Jordi Alba, souvent pris de vitesse. Côté espagnol, les satisfactions se comptent sur les doigts d’une main : Casillas, donc ; Andres Iniesta, dont les accélérations et la vista ont failli faire mouche en seconde période (49e et 63e) ; et Jesus Navas, dont les jambes ont indéniablement secoué l’attaque durant la prolongation.

Pour une fois, l’Espagne n’a pas eu le ballon dans les grandes largeurs : 53% de possession, c’est peu pour une équipe habituée à faire tourner son adversaire en bourrique. A ce petit jeu-là, l’Italie a du répondant. Si bien qu’en seconde période, l’équipe de Cesare Prandelli a eu 61% de possession. Mais c’est lorsqu’elle s’est décidée à prendre le contrôle des opérations que ses offensives sont devenues moins vulnérables. Quand celles de la Roja sont devenues de plus en plus pressantes.

94e minute : la prolongation vient de débuter. La défense espagnole laisse filer un centre venu de la droite. Giovinco passe également au travers. Pas Emanuele Giaccherini. Au second poteau, le milieu offensif de la Juve ne se pose pas de question : sa reprise instantanée du pied gauche est puissante. Iker Casillas est battu. Mais le gardien espagnol est sauvé par son poteau, à un moment où la Roja fait déjà tout pour s’éviter la loterie des tirs au but. Mais elle n’aurait sans doute pas eu assez d’essence dans le moteur pour revenir.

Sur le papier, oui, bien sûr. Mais on vous arrête tout de suite : la finale de dimanche entre la Seleçao, qui rêve d’accrocher une sixième étoile sur son sol l’an prochain, et la Roja, qui domine la scène mondiale depuis cinq ans, n’a aucune chance d’enflammer le Maracana le 13 juillet 2014. Pourquoi ? Parce que dans sa forme actuelle, une finale en année impaire n’a jamais été annonciatrice d’une finale de Coupe du monde en année paire. Et n’en déplaise au Brésil et à l’Espagne, celui soulèvera la Coupe des Confédérations dimanche ne sera pas champion du monde. C’est ce que dit l’histoire. Et on vous aura prévenu.