Lyon prend la porte

Après la grisaille, place aux éclaircies. Au-delà des conditions météorologiques qui ont perturbé la Sarthe, ce constat est relatif au Mans, battu sèchement par Sochaux en L1 le week-end précédent (0-2), et qui a vite goûté au succès contre Lyon. Cet OL si sévère avec lui jusqu'alors, puisqu'il avait remporté leurs sept confrontations précédentes et l'avait éliminé de cette Coupe de la Ligue presque un an jour pour jour, à ce même stade de la compétition. Mercredi après-midi, ce sont cette fois les Rhodaniens qui ont pris la sortie, emportant dans leur besace l'espoir d'accrocher à nouveau ce trophée. Premier titre (en 2001) de l'ère glorieuse lyonnaise, la Coupe de la Ligue fuit depuis les étagères du club de Jean-Michel Aulas, qui en avait pourtant fait un objectif.

Le visage de l'OL au coup d'envoi concorde d'ailleurs avec les propos de JMA. Incertain avant la partie, Juninho foule dès le départ la pelouse de Leon-Bollée. Benzema aussi. Le danger ne vient pourtant ni du capitaine lyonnais, ni de l'international tricolore. Rémy, aligné côté droit, ne cesse de remuer afin de troubler la jeune défense mancelle. Cette dernière, privée de Basa (blessé) et de Cerdan (suspendu), doit s'employer pour sortir le ballon sur deux centres du jeune Rhodanien (7e, 15e). Elle est ensuite contrainte à la faute, donnant à Grosso l'occasion de s'illustrer sur coup franc (22e). La partie mal embarquée pour Le Mans? Pas vraiment. Les Sarthois ont en fait le contrôle du ballon, et régulent la cadence. Approcher des buts de Coupet ne leur est pas facile, mais qu'importe. Matsui va s'en occuper.

Le Japonais, qui devait être puni et cirer le banc suite à sa prestation indigente face à Sochaux, échappe à la vigilance de Grosso et du milieu lyonnais. Il conclue son mouvement par un tir parfait du pied gauche (1-0, 28e). Matsui offre par la même occasion un petit capital confiance à sa formation, qui ne veut pas se déconcentrer. Au mois de septembre en championnat, Le Mans s'était rendu à Gerland, avait mené 2-0 à vingt minutes du terme, pour repartir au final avec une défaite teinte de regrets (3-2). Lyon, mercredi, ne parviendra pas même à remonter au score. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Mais le MUC 72, pour faire oublier l'absence de sa charnière centrale habituelle, peut compter sur un retour de choix: celui de Pelé.

Peu avant le repos, le portier sarthois met en échec Benzema, qui s'apprêtait à faire le même coup que face à Toulouse le samedi précédent en L1. Parti de loin, le meilleur buteur lyonnais se joue de la défense adverse mais bute sur son dernier rempart (39e). Une situation qui va se répéter à plusieurs reprises: dans des angles fermés (64e, 86e), ou malgré un geste de talent de Benzema à bout portant (88e). Un exploit de l'international tricolore étant à exclure, Lyon compte bien évidemment sur la patte de Juninho pour servir d'étincelle. Suivi par son ombre par le jeune Keita, le capitaine rhodanien bénéficie de plusieurs coups francs, tous lointains, mais souvent dangereux. Mais quand Pelé ne teste pas ses réflexes face à Squillaci (63e, 90e+1), son poteau droit lui vient en aide, repoussant la tête de Cleber Anderson (41e).

Lyon n'aura pas ce brin de réussite, et ce soupçon de hargne supplémentaire qui font la différence. L'OL, pas aidé par la prestation de Baros, titulaire mais donnant l'impression de ne pas être là, doit même s'en remettre à Fred. Le Brésilien, dont les valises sont déjà presque bouclées, place un coup de tête sans danger (82e) et vient tacler dans les pieds d'un défenseur afin de montrer une certaine implication. Qu'elle soit ou pas illusoire, la présence de Fred sert en tous cas de rappel. L'Olympique Lyonnais a besoin d'attaquants, et ne pourra pas laisser en permanence son destin se sceller grâce à un exploit de Benzema. Cette défaite, qui intervient au moment où l'OL domine à nouveau son sujet en L1, ne suffira pas à enrayer la machine. Elle peut cependant lui servir à revoir sa copie durant ce mercato.

"On l'avait dit avant, ça reste vrai après: c'est un énorme exploit de la part de mes joueurs. En plus on a gagné avant la prolongation, on était prêts à y jouer voire un peu plus loin, mais c'est le scénario idéal qui s'est passé pour nous ce soir. On avait tout à gagner. Nos joueurs ont été exemplaires, solidaires. Il fallait une équipe du Mans un petit peu au-dessus de ses possibilités ce soir, ce qui était le cas, et une équipe de Lyon un peu en-dessous, c'était la seule solution pour qu'on puisse passer. On savoure cette victoire. Mes joueurs n'ont pas fait que défendre, ils ont produit du jeu. On n'a pas été passifs, on a été acteurs, la victoire est revenue à l'équipe qui la voulait le plus. On n'a que des gros morceaux à jouer en ce mois de février, la meilleure préparation de Bordeaux était de gagner ce soir".