Les Bleus font jaser

LES BLEUS VU D'AFRIQUE DU SUD : "CAUCHEMARDESQUE"

Carlos Alberto Pareira aurait préféré jouer l'Irlande dans le groupe A de la Coupe du monde 2010. Et l'a fait savoir à sa manière : la présence de la France à la Coupe du monde 2010, "c'est une honte pour le football mais c'est comme ça... Henry a triché à un moment particulier. La bonne nouvelle, c'est que désormais, on va enfin se pencher sur les nouvelles technologies dans le futur". Au-delà du simple soutien à la vidéo, on a compris que le technicien brésilien, rappelé d'urgence pour reprendre une sélection à la dérive au mois d'octobre, a décidé de trouver le moindre prétexte pour motiver ses troupes. Et son discours n'est pas tout à fait isolé dans le pays. Matthew Booth, défenseur international qui mesure 1.98 m, ne veut pas prendre plus de hauteur : "Je pense que sur le terrain, les Bafana rappelleront aux Français comment ils se sont qualifiés".

A ceux qui ont fait la moue le lendemain du tirage : "Tirage au sort cauchemardesque" titrait le quotidien The Independent, "Un tirage monstre" pour The Cape Argus, qui ajoutait même "Ils ont hérité d'un tirage maudit et vont pouvoir noyer leur chagrin avec une bouteille de téquila !", à The Star qu'il parlait de "miracle", Pareira a répondu : "Nous allons nous préparer, nous n'avons pas peur". Quand on sait que le remonteur de bretelles brésilien estime que le "football, c'est tuer, tuer, tuer...", on comprend mieux pourquoi Raymond Domenech espère disputer le 3e et dernier match du groupe contre l'AfSud avec "deux bons résultats" en poche contre l'Uruguay et le Mexique.

LES BLEUS VUS PAR LE MEXIQUE : "NOTRE GROUPE N'EST PAS LE PIRE"

Le Mexique semble très loin des polémiques du football mondial. La plupart des commentaires témoignent d'une grande placidité des représentants d'un pays pourtant deux fois quart de finaliste en 1970 et 1986, il est vrai deux fois à domicile. Javier Aguirre, sélectionneur du Mexique, résume la situation : "C'est un groupe très compliqué, puisque jouer contre l'organisateur lors du premier match n'est pas bon. On ne peut pas dire que l'on a eu de la chance quand on joue contre deux champions du monde comme l'Uruguay et la France et contre le pays organisateur. Mais nous ne pouvons pas pour autant dire que notre groupe est le meilleur ou le pire. Nous devons simplement jouer. Mis à part certains groupes où les têtes de série on eu de la chance, et je le dis avec respect, les autres sont globalement identiques."

Pas d'allusion à la qualification de la France, pas de focalisation sur les Français en général, les Mexicains semblent plus obsédés par leur premier match face aux Sud-Africains. "Il nous faut penser au premier match (ouverture contre l'Afrique du Sud). "Je veux y arriver bien et en bonne forme. Nous devons donner une bonne image puisque nous jouerons devant la moitié du monde lors de cette rencontre", a précisé Aguirre. Luis Garcia, attaquant de l'équipe nationale au Mondial 1994, symbolise l'opinion générale à propos des Bleus : "Les Français ont le meilleur effectif, mais ils sont loin de leur meilleur niveau, voilà la réalité."

LES BLEUS VU PAR L'URUGUAY : "NOUS SOMMES LEURS BÊTES NOIRES"

Assez flegmatiques, mais plus optimistes que les Mexicains, les Uruguayens envisagent le groupe A de la Coupe du monde sans complexe. "Les groupes ne sont ni bon ni mauvais, on ne sait pas dans quel état de forme seront les équipes au mois de juin. Il faut éviter de penser à ce tirage comme un drame", calme Oscar Tabarez le sage sélectionneur de l'Uruguay qui doit penser aux effrois de l'Afrique du Sud. Contrairement à bien des observateurs, il réconforte curieusement la France : "Il n'y a presque jamais eu de Champion du monde avec un parcours de qualification facile"... La presse nationale est dans le même registre : "Cela aurait pu être pire", estime la Republica. "Nous avons une chance, le groupe est équilibré", juge el Pais. "C'est difficile car il faudra jouer contre le pays organisateur (Afrique du Sud), le Mexique, une équipe difficile, et la France, toujours dangereuse, mais aucune de ces formations n'est hors de portée des joueurs d'Oscar Tabarez".

Diego Lugano donne un peu de corps à ce concert un peu tiède : "C'est un groupe très équilibré, mais personne n'est supérieur à l'Uruguay". Le capitaine de la Céleste se réfère certainement aux précédentes rencontres contre les différents pays, dont notamment ceux contre la France. Un peu d'histoire fait toujours du bien à l'Uruguay, champion du monde en 1930 et 1950, demil-finaliste en 1970 et qui n'a perdu qu'une seule fois contre la France en cinq matches. C'est dans la Republica que le passé glorieux est évoqué avec le plus d'enthousiasme : "C'est le même tirage qu'en 1966, quand la Céleste avait hérité des Aztèques (les Mexicains), des Français et de l'équipe organisatrice, qui était alors l'Angleterre. Et à titre d'anecdote l'Uruguay s'était qualifié" pour la suite de la compétition...