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Coupe du monde 2014 - A Manaus, toutes les équipes ont deux adversaires…

Laurent Vergne

Mis à jour 22/06/2014 à 13:12 GMT+2

Ici, c'est "Rumble in the Jungle". Manaus, au coeur de l'Amazonie, offre un climat chaud mais surtout très étouffant qui complique la vie des equipes venant jouer à l'Arena Amazonia. Après l'Italie, l'Angleterre, la Croatie et le Cameroun, ce contexte particulier va s'imposer aux Américains et aux Portugais. Décryptage.

A Manaus, la chaleur et l'humidité font souffrir les organismes

Crédit: Panoramic

Au Brésil, il y a chaleur et chaleur. Il y a chaleur… et il y a la chaleur de Manaus. En matière de conditions de jeu, la capitale de l'Amazonie offre un profil singulier parmi les 12 villes dans lesquelles se dispute cette Coupe du monde. Au cœur de la forêt amazonienne, la "Jungle City" offre un cadre unique, avec un côté fascinant. Mais assurément pas idéal pour la pratique du football. Recensée comme une des 10 villes les plus orageuses du monde, Manaus vous oppresse d'emblée. S'il fallait un seul mot pour qualifier son air, ce serait "étouffant". Même en marchant, vous êtes rapidement à la recherche de votre souffle. Et l'humidité, la plupart du temps comprise entre 80 et 95%, n'aide en rien. Manaus, c'est la ville où, quand vous sortez de la douche, vous n'avez qu'une envie : y retourner.
C'est donc là que huit équipes, soit un quart des participants de ce Mondial, ont disputé (ou vont) une de leurs trois rencontres du premier tour. Italiens et Anglais ont ouvert le bal samedi dernier et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont souffert. La rencontre, très rythmée, a nettement perdu en intensité, tout simplement parce que les joueurs accusaient le coup physiquement. Ils ont tous fini vidés, des deux côtés, beaucoup se plaignant de crampes. Rien de très spectaculaire jusque-là mais Claudio Marchisio, le milieu de terrain de la Squadra, a expliqué après coup avoir eu "des hallucinations" pendant la rencontre. Les journalistes brésiliens locaux plaisantent depuis quelques jours en sous-entendant au second degré que l'atercation entre les Camerounais Assou-Ekoto et Moukandjo était peut-être due au climat de Manaus qui leur serait "monté à la tête".
La température n'est pas le principal problème
Plus sérieusement, Mario Balotelli, buteur contre l'Angleterre, dit avoir eu besoin de deux ou trois jours juste pour récupérer des efforts consentis en Amazonie. "Ce sont quand même des conditions extrêmes, juge l'attaquant de l'AC Milan. Il y a d'autres endroits au Brésil où il fait chaud mais ici, c'est différent." La température n'est pourtant pas si élevée. Rien d'extraordinaire en tout cas. Le mercure oscille au plus fort de la journée entre 29 et 34 selon les jours. C'est chaud bien sûr mais, comme le souligne Danielle LaFata, diététicienne de l'équipe américaine qui jouera dimanche à Manaus contre le Portugal, "ce sont des températures similaires à celles qu'on peut avoir aux Etats-Unis au mois de juillet". Vrai. Lors du Mondial 1994, certains matches s'étaient joués par 35 et même quasiment 40 degrés. En Allemagne, en 2006, il y avait aussi eu par endroits de fortes chaleurs.
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Mario Balotelli a offert la victoire à l'Italie face à l'Angleterre

Crédit: Panoramic

Alors, pourquoi en faire tout un plat? Parce que le problème, à Manaus, ne tient pas spécifiquement à la température mais à l'humidité, à l'air ambiant. Une chaleur très sèche pose moins de problèmes à l'organisme. "Les joueurs étaient constamment la bouche ouverte en train d'essayer de trouver de l'oxygène. Par moments, ils avaient du mal à respirer", se souvient Cesare Prandelli, le sélectionneur italien. Ce dernier ne comprend pas pourquoi la FIFA n'a pas instauré de temps morts à Manaus. "C'est ridicule", a-t-il pesté. Tout simplement parce qu'elle n'a prévu de le faire (pauses de 3 minutes aux 30e et 75e minutes) qu'à partir du moment où la température dépasse 32 degrés Celsius (90° Fahrenheit). Or à Manaus, en nocturne (impensable de jouer en plein soleil), il fait plutôt entre 25 et 28. Pourtant, les joueurs en bavent.
La FIFPro demande de la "vigilance"
Vendredi, après les deux premières rencontres à Manaus (Croatie-Cameroun a été la deuxième), la FIFPro, l'Union mondiale des joueurs professionnels, a appelé les équipes devant jouer en Amazonie à se montrer "vigilantes", avant et pendant les matches. La respiration et la réhydratation sont indéniablement plus compliquées ici qu'ailleurs. Seul Fortaleza propose quelque chose d'approchant. La FIFPro milite également pour que le seuil des temps morts soit abaissé à 28 degrés pour Manaus. Ils ont peu de chances d'être entendus et, de toute façon, dans quatre jours, le Mondial sera fini pour Manaus. C'est d'ailleurs en grande partie ce climat très particulier (avec l'argument de l'éloignement, aussi) qui a incité le Brésil à ne pas retenir Manaus au-delà de la phase de poules.
Hydratation, nutrition, récupération, telles sont les trois mamelles d'un match réussi à Manaus. "J'ai beaucoup parlé avec les joueurs et ils savent que s'alimenter en fruits et en légumes sera déterminant car ils contiennent entre 80 et 90% d'eau", explique Danielle LaFata. Mais les Américains, eux, sont plutôt contents de venir jouer à Manaus. Ils estiment que cela pourrait les avantager. Sachant qu'ils allaient devoir jouer à Manaus, ils ont effectué une partie de leur préparation en Floride, où le climat est approchant, non seulement en matière de température mais, surtout, d'air ambiant. Ils sauront dimanche soir si cela suffit. Ou si le souffle étouffant de Manaus a eu raison d'eux.
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