Coupe du monde 2014 - Brésil - Allemagne : Fred n'y arrive pas, mais ce n'est pas que de sa faute

"Fred, si vous lui mettez 50 fois le ballon devant le but, il marquera 51 fois". Le compliment ne vient pas de n'importe qui puisqu'il est signé Neymar. Mais c'est peu dire que l'ancien attaquant de l'Olympique Lyonnais (de 2005 à 2008) ne justifie pas dans cette Coupe du monde de telles louanges. Après cinq matches dans ce tournoi, Fred a inscrit un seul petit but, face au Cameroun, alors que le Brésil menait déjà. Sa moyenne (0,2 but par rencontre) en fait statistiquement le pire avant-centre de toute l'histoire de la Seleçao en Coupe du monde. Il a réussi à surpasser le légendaire Serginho, maillon faible offensif de l'équipe de 1982, mais qui avait tout de même réussi à marquer deux fois en cinq rencontres. Le double de Fred, quand même.

Il y a un an, pourtant, Fred avait brillé lors de la Coupe des confédérations, terminant meilleur buteur de l'épreuve. Depuis son retour à la tête de l'équipe, Luiz Felipe Scolari en a fait sa pointe, pour le meilleur (l'an dernier) et pour le pire (cette année). Malgré l'extrême faiblesse de son rendement dans ce Mondial, Felipao continue de lui maintenir sa confiance. Jusqu'au bout ? Possible. Parce qu'il n'a pas 50 options de rechange à sa disposition et lorsque Fred est sorti relativement tôt, comme contre le Mexique ou le Chili, ses remplaçants, Jo en premier lieu, n'ont guère fait mieux. Ce qui laisse penser à certains que, plus que Fred, le problème vient de l'animation offensive.

Alors qu'il est au centre des attaques, l'ex-Gone a ainsi trouvé quelques soutiens de poids ces derniers jours. Romario, notamment, a pris sa défense, rappelant que, pour marquer, un joueur avait d'abord besoin d'avoir des occasions. "Or, a souligné Romario, on ne peut pas reprocher à Fred d'avoir raté 20 occasions dans ce Mondial. Il ne touche même pas le ballon. Il faut trouver un moyen de le servir." Careca, le buteur de la Seleçao en 1986 et 1990, abonde dans ce sens. "Il faut davantage de mouvement autour de lui, ça manque de vie. Fred est un joueur très isolé sur le terrain, Hulk et Oscar par exemple jouent trop loin de lui et le problème, plus que Fred ou un autre, c'est comment on arrive à le servir." Pour l'heure, les deux principaux pourvoyeurs de ballons de l'attaquant de Fluminense sont Marcelo et Julio Cesar. Pas bon signe.

Fred ne possède pas les qualités suffisantes, au plan technique notamment, pour exister par lui-même. Il est dépendant de ce qui se passe autour de lui. "Il est le même Fred qu'il y a un an à la Coupe des confédérations, juge Careca. Simplement, autour de lui, ça bouge moins bien. L'an dernier, on le trouvait. Cette fois, non. Il n'a pas changé. Il n'était ni génial en 2013 ni complètement nul en 2014. Les choses sont plus subtiles que ça". La question est de savoir si cela peut changer. Les Brésiliens ne paraissent pas très optimistes à ce sujet. La difficulté va croissant en termes d'adversité, et ce que Fred n'a pas réussi en cinq matches face à des équipes solides mais qui n'appartiennent pas au top niveau mondial, pourquoi le ferait-il contre l'Allemagne puis, éventuellement, l'Argentine et les Pays-Bas.

A moins que l'air du pays ne lui soit salutaire. Mardi, le Brésil affronte la Mannschaft à Belo Horizonte. Belo Horizonte, la capitale du Minas Gerais, où est né Fred il y a plus de 30 ans. Avant son transfert à Lyon, Fred a évolué à l'Atletico Mineiro et à Cruzeiro, les deux grands clubs de Belo Horizonte. S'il y a bien un endroit où il devrait se sentir à l'aise dans ce Mondial, c'est ici. Pas sûr que cela suffise. Mais il a besoin, et les Brésiliens avec lui, de se raccrocher à tout. Et à n'importe quoi.