Deschamps compose avec la bouderie de Benzema et dorlote Giroud

Didier Deschamps n’a pas feint l’évidence. Elle était trop énorme pour qu’il puisse se soustraire au sujet dans un tour de passe-passe dont il a le secret. Il le reconnait sans mal, le côté gauche a souffert face au Nigeria. Selon lui, les Super Eagles avaient "un plan" : "Ils ont fait en sorte d’attaquer beaucoup sur ce côté-là." Il aurait fallu être aveugle pour ne pas insister sur le point faible des Bleus. Evra est-il responsable ? "Ce n’est pas de la faute d’Evra mais des joueurs qui étaient sur ce côté-là", reconnait Deschamps qui a vertement houspillé son latéral en seconde période. "Il y avait Blaise et Karim. Quand il en manque, il y a du surnombre et ça crée des déséquilibres."

De profonds déséquilibres, même, qui auraient pu coûter la qualification. Non seulement Benzema n’a pas défendu mais son entente avec Giroud fut proche du néant. "Ils peuvent jouer ensemble, ils l’ont déjà bien fait", a rappelé Deschamps. "Ça dépend de la configuration du match ou de l’adversaire." Certes mais, lundi, rien n’a marché. Giroud n’a pas été en réussite dans ses remises mais, lui, a gratté des ballons précieux dans les pieds adverses. Pas Benzema qui a subi les évènements bien passivement jusqu’à son repositionnement dans l’axe. Le Madrilène a-t-il voulu faire passer un message à son sélectionneur ?

"Vous ne m’apprenez pas que Benzema préfère l’axe", reconnait Deschamps. A-t-il boudé à Brasilia ? "Non", tranche son coach. "Leur association peut marcher deux fois et pas la troisième, c’est une option de jeu." Difficile malgré tout d’imaginer Deschamps reconduire un binôme qui n’a pas fonctionné et mis en danger tout l’équilibre de l’équipe. Lui-même reconnait facilement que leur association engendre trop de dommages collatéraux quand l’adversaire est plus audacieux : "Tout dépend de la situation du match et de l’adversaire. Si on a le ballon, il n’y a pas de problème car on n’a pas à défendre. Mais quand on ne l’a pas forcément, ça demande des efforts plus importants."

Vendredi, l’Allemagne ne viendra pas pour subir, ce n’est pas le genre de la maison. Depuis 2006, la Mannschaft aime avoir l’initiative du jeu. Si on croit Deschamps sur parole, Olivier Giroud va sans doute rejoindre le banc pour laisser sa place dans l’axe. Ce mardi, sous la chaleur accablante de Ribeirao Preto, le sélectionneur a ostensiblement dorloté Giroud lors de l’entrainement. DD est intelligent. C’est un as de la communication dont il maîtrise tous les rouages. S’il prend autant soin du Gunner, en lui parlant durant dix bonnes minutes en tête-à-tête devant les caméras, ce n’est pas forcément un bon signe pour Giroud. Deschamps a une pilule à faire passer avant France - Allemagne et trois jours ne seront pas de trop pour le faire.