L'équipe de France l'Euro 2016, on repart avec les mêmes ?

De 2014 à 2016. Vu du Brésil, la route qui mène les Bleus au match d’ouverture de son Euro le 10 juin 2016 au Stade de France semble dégagée. Dans ses bagages, la France ramène un paquet de certitudes. Les Bleus se sont construit un groupe solide uni par une ambiance saine et des résultats plus qu’honorables. "C’était bien de débuter cette histoire commune sur laquelle s'appuyer pour la suite", a résumé leur capitaine, Hugo Lloris, dans les couloirs du Maracana. "Ce Mondial 2014 a permis de créer un bon état d'esprit, cela a été une très belle expérience humaine."

Cette Coupe du monde est un socle solide. Elle ne préfigure en rien d’un succès final dans deux ans. Aujourd’hui, il serait présomptueux d’affirmer que la France s’avance en favori unique de la compétition. Rappelons simplement qu’elle a chuté en quart face à une nation européenne, l’Allemagne. Mais ce Mondial a suffi à réinstaller les Bleus parmi le sommet de la hiérarchie mondiale. Le 4 septembre pour la rentrée des classes en amical face à l’Espagne, le groupe des 23 ne devrait pas subir de chamboulement drastique. Et dans deux ans ?

"On est jeune, on est frais, on a des leaders. On se prépare à quelque chose de très bien." Pogba résume bien ce qui attend les Bleus. Ce groupe est jeune et Deschamps l’a façonné pour qu’il donne sa pleine mesure dans deux ans. Pour le premier match des Bleus à l’Euro, il ne serait pas étonnant de retrouver le onze qui a chuté face à l’Allemagne. Avec toutes les prudences d’usage bien sûr : tout dépendra des états de forme de chacun et des impondérables (blessure, mauvais choix de carrière). A titre de comparaison, seuls onze survivants de l'Euro 1996 ont été couronnés deux ans plus tard à Saint-Denis. La France avait pourtant atteint les demi-finales en Angleterre. Deux ans, à l'échelle d'une carrière, c'est énorme. A contrario, ils étaient dix-huit à signer le doublé Mondial 98 - Euro 2000, la victoire finale justifiant, à elle seule, la continuité. 

Une certitude au lendemain de l'élimination, il s’est dégagé des leaders dans cette équipe de France et, désormais, elle se construira autour de Lloris, Varane, Cabaye, Pogba, Matuidi, Valbuena et Benzema. Mamadou Sakho et Laurent Koscielny sont très proches et la relève est déjà mûre pour accompagner l’intouchable Varane (Mangala, Zouma, Umtiti). Dans deux ans, cette équipe de France sera celle de Raphaël Varane, Paul Pogba et Antoine Griezmann. Le défenseur central est déjà un incontournable, Pogba a soufflé le chaud et le froid mais son talent est tel qu’il va encore prendre du volume en sélection. Pour Griezmann, la concurrence est toute autre et sa place dans le onze n’est pas encore verrouillée, surtout si Ribéry revient. Mais le futur des Bleus passe par lui. Dans quelques années, deux ou peut-être plus, ces trois hommes pourraient mener les Bleus loin, très loin. Cette Coupe du monde au Brésil aura servi de rampe de lancement.

Il est l’une des exceptions : Patrice Evra aura 35 ans en juin 2016 et derrière lui pousse l’un des plus grands espoirs du monde à son poste. Le Mancunien acceptera-t-il de jouer le jeu de la transition en douceur avec Lucas Digne ? Il sort d’une Coupe du monde accomplie et son rôle de leader fut capital, à en croire les joueurs, dans le parcours des Bleus au Brésil. Mais si Digne s’affirme au PSG, Evra aura sans doute du mal à suivre le rythme. Acceptera-t-il un rôle de doublure ? Deschamps compte sans doute sur lui mais Evra a peut-être joué son dernier match en Bleu vendredi face à l’Allemagne.

Franck Ribéry sera-t-il convoqué par Deschamps début septembre ? Rien n’est moins sûr. Un épais mystère entoure encore son forfait et, dans la querelle médicale qui a opposé les Bleus au Bayern, le milieu offensif a pris fait et cause pour le médecin de son club. L’équipe de France a trouvé des solutions en son absence mais pas suffisamment pour se passer de l’un des meilleurs joueurs du monde. Un Ribéry au sommet de sa forme reste indispensable aux Bleus. Mais quand reviendra-t-il à son meilleur niveau ?

Le cas Nasri est bien différent. Deschamps a fait un choix, l’a justifié explicitement et le Mancunien semble définitivement écarté d’un groupe qui a performé sans lui. Les Bleus n’ont plus besoin de lui, Valbuena s’est imposé comme le meilleur joueur de l’équipe de France au Brésil dans un poste de meneur excentré. Le problème est résolu et tant que Deschamps sera aux manettes, Nasri sera tenu à l’écart de sa sélection.

Pour injecter du sang neuf, on peut penser que Didier Deschamps piochera d’abord parmi ses réservistes (Gonalons, Perrin, Lacazette) ou ses blessés de dernière minute (Grenier). L’attaquant Lyonnais a raté le bon wagon d’un souffle mais la concurrence au poste d’attaquant axial est faible derrière Giroud et Benzema et il présente l’avantage de pouvoir évoluer sur les côtés. En défense, Zouma, s’il s’impose à Chelsea, Umtiti ou Kurzawa pourraient avoir leur chance lors du marathon de matches amicaux. Au milieu, Schneiderlin et Cabella conservent une longueur d’avance sur la concurrence mais si Thauvin enchaîne à l’OM, l’Euro 2016 lui tend les bras. 

Le possible onze des Bleus pour leur match d’ouverture à l’Euro : Lloris – Debuchy, Varane, Sakho (ou Koscielny ou Zouma), Digne – Cabaye, Pogba, Matuidi – Valbuena, Benzema, Griezmann (ou Ribéry).