Mondial 2014 - Bleus : Cette semaine, Deschamps a une obsession : ne pas perdre les remplaçants

"Choisir, c’est éliminer." En une phrase, Guy Stephan a, à peu près, tout résumer : la frustration des remplaçants et le travail de Deschamps et de son staff technique pour tenter de faire adhérer tout le monde au projet commun en tâchant de ne laisser personne au bord du chemin. Quand le sélectionneur ou son adjoint évoque ceux qui ne jouent pas, le ton se fait plus grave dans le décor très solennel du théâtre de Ribeiro Preto.

Volontiers taquin avec la presse, Deschamps ne l'est pas sur ce sujet. C’est le chantier prioritaire du moment : évacuer le spleen des coiffeurs. Et on ne rigole pas avec leur mal-être. "La plus grosse difficulté de la semaine, c’est ça : un travail qui compense le fait de ne pas jouer et veiller que, humainement et psychologiquement, on ne perde personne", reconnaît Deschamps. "Il faut que ceux qui n’ont pas ou peu joué se sentent concernés, que tout le monde soit prêt." Comment fait-il ? Tentative de réponse.

De l’avis de tous, Deschamps est un fin psychologue. Proche de ses joueurs, il échange, discute, débat et, surtout, écoute. Sans distinction de rang. "C’est un fédérateur, quelqu’un qui écoute, qui analyse et il prend, ensuite, les décisions quand il faut les prendre", dit de lui Guy Stéphan, son fidèle adjoint de l’OM aux Bleus. "On essaie d’accorder du temps et de l’importance aux 23 avec des discussions informelles", confirme le patron de l’équipe de France. "Je suis à l’écoute. Je veux que tout le monde se sente bien et important. Je peux apprendre de quelqu’un qui ne joue pas, je peux récolter son avis."

Olivier Giroud a signé une préparation presque parfaite. Trois buts, de la disponibilité, une entente délicieuse avec Valbuena… Mais le Mondial l’a cloué sec sur le banc. Deschamps a pris le risque de se couper de l’un de ses deux seuls vrais avant-centres. Un risque que le sélectionneur a amorti en explicitant très clairement ses choix au Gunner. "Je discute avec Olivier, non pas pour me justifier, mais pour avoir un échange", a expliqué Deschamps. Pour connaître la nature de cet échange, il faut se tourner vers Guy Stéphan : "Avec Griezmann, on a décidé de mettre un joueur plus à l’aise dans le jeu court et pour déstabiliser la défense du Honduras", a-t-il expliqué. "Mais c’est un choix par rapport à ce match-là, ce ne sera pas forcément le même pour la Suisse et l’Equateur." Stéphan est intelligent et cette conférence de presse lui a aussi servi à faire passer le message aux laissés-pour-compte. En substance, ne vous découragez pas, la hiérarchie n’est pas gravée dans le marbre.

Chaque lendemain de match, les remplaçants de la veille disputeront une opposition à 11 contre 11 face à une équipe locale. Ce fut le cas lundi et c’est une sélection de jeunes du club du Botafogo qui s’est inclinée (2-0) sur des buts de Loïc Rémy et Olivier Giroud. "Ces oppositions permettent de tenir tout le monde en haleine", note Stéphan. "Elles permettent aussi de garder des repères en jouant à 11 contre 11 sur un vrai terrain." Si Stéphan et Deschamps mettent un soin particulier cette semaine à bichonner leurs coiffeurs, c’est aussi parce que leur expérience leur a appris qu’une tuile est vite arrivée. "On aura besoin d’eux à un moment ou un autre", reconnaît Stéphan. "Peut-être que ce sera l’un d’entre eux qui fera la différence." Si Olivier Giroud doit marquer le but décisif le 13 juillet prochain au Maracana, le staff des Bleus a tout intérêt à le bichonner.