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Suisse - France (vendredi, 21 heures sur TF1) : les Bleus en font-ils trop ?

Martin Mosnier

Mis à jour 20/06/2014 à 18:54 GMT+2

Le message des Bleus cette semaine était clair : la Suisse a gagné son rang de favori et il faudra s’en méfier comme de la peste. Forcent-ils le trait ? Un peu, cela semble évident...

La Suisse à la Coupe du monde 2014, contre l'Equateur

Crédit: Panoramic

Cette semaine, Didier Deschamps, son staff et ses joueurs nous ont vendu la Suisse comme un adversaire redoutable, le grand favori du groupe E, avec des couloirs de feu, une attaque performante et des joueurs de grand talent. Quand ils l’évoquent, le ton se fait plus solennel, le regard plus grave. Ont-ils forcé le trait ou leur discours reflète-t-il la réalité ? Notre confrère helvète Julien Pralong, journaliste pour l’agence de presse Sportinformation et spécialiste de la Nati depuis plusieurs années, nous aide à démêler le vrai du faux.

Une équipe que la France doit craindre ? Vrai.

Deschamps :
Ce n'est pas pour rien si la Suisse est 6e au classement FIFA, loin devant nous.
Oui, la Suisse est une équipe difficile à manœuvrer. Elle est rarement flamboyante mais perd peu. Très peu. Depuis l’Euro, elle ne s’est inclinée qu’à une seule reprise, à Séoul face à la Corée du Sud dans des conditions rocambolesques (2-1). Privée des joueurs disputant la Ligue des champions, la Nati a signé un aller-retour en quatre jours aux antipodes et avait alors bénéficié de quelques circonstances atténuantes.
  •  L’avis de Julien Pralong : "La Suisse est une équipe que personne ne doit prendre à la légère mais elle n’est absolument pas à sa place au 6e rang FIFA. Sa vraie valeur se situe autour de la 15e place mondiale. Elle n’a perdu que 4 de ses 34 derniers matches et a battu l’Allemagne ou le Brésil en amical."
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Ottmar Hitzfeld, le sélectionneur de la Suisse, lors de la Coupe du monde 2014.

Crédit: Panoramic

La Suisse favorite ? Faux

Mavuba :
Je pense que ça va être un match compliqué. La Suisse, depuis quelques années, a une très belle équipe. Elle fait figure de favorite dans ce groupe.
Bien sûr, la Suisse est la tête de série du groupe E grâce à son classement FIFA flatteur. Mais elle possède moins d’expérience et sans doute moins de talent que la France à l’heure actuelle.
  • L’avis de Julien Pralong : "La Suisse ne sait pas assumer son rôle de favori. C’est donc bien joué de la part des Bleus de faire peser le poids de la rencontre sur ses épaules. Il faut se méfier de la Suisse parce que c’est une équipe de coups, difficile à battre, mais pas parce qu’elle est favorite de ce match. Il n’y a qu’à regarder les effectifs. Le jour où elle alignera l’avant-centre titulaire du Real Madrid, on pourra en rediscuter."
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L'équipe de Suisse alignée lors de son premier match de Coupe du monde, face à l'Equateur.

Crédit: Panoramic

Le danger dans les couloirs ? Vrai

Stephan :
On connaît la qualité de son flanc droit avec Lichtsteiner et Shaqiri, qui est capable de déstabiliser une défense. A gauche, Ricardo Rodriguez est un peu méconnu, mais il est très connu en Allemagne. Lichtsteiner est un joueur de couloir qui va beaucoup vers l’avant. Il a un registre très étendu sur le plan offensif et une bonne entente avec Shaqiri qui, avec son pied gauche, peut rentrer vers l’intérieur. Ça fait partie de leurs points forts.
Liechsteiner-Shaqiri à droite, Rodriguez-Stocker à gauche. Voilà où se situe le point fort de la Suisse avec des ailes de feu et des binômes complémentaires. L’apport des latéraux est primordial dans le système d’Hitzfeld, en témoigne la passe décisive de Rodriguez face à l’Equateur (2-1).
  • L’avis de Julien Pralong : "Le match peut se jouer là. Griezmann, je ne sais pas ce qu’il vaut dans le repli défensif. Il sera dominé par Liechsteiner mais si Matuidi fait bien son boulot et bloque le couloir, ça peut fonctionner. Je n’ai pas vu beaucoup d’équipes capables de museler Liechsteiner. Son duo marche bien avec Shaqiri, qui rentre dans l’axe et libère son couloir. Rodriguez est incroyable. Il a fait ses débuts en équipe de Suisse en 2010. A Amsterdam contre les Pays-Bas, il avait Robben en face, il n’en avait rien à faire. Il dégage une sérénité incroyable."
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Xhedan Shaqiri, le milieu offensif de la Suisse, lors du match de Coupe du monde face à l'Equateur.

Crédit: Panoramic

Une attaque de feu ? Faux

Deschamps :
La Suisse dispose d'un quatuor offensif capable de beaucoup plus de percussion que le Honduras, et doté de plus de qualité individuelle.
L’attaque n’est pas vraiment le point fort de la Suisse. Il n’y a qu’à voir son parcours en éliminatoires face à des équipes sans grande référence. Dans un groupe comprenant l’Albanie ou Chypre, elle ne s’est jamais imposée par plus de deux buts d'écart.
  • L’avis de Julien Pralong : "La Suisse est bien organisée. Mais il ne faut pas la craindre parce qu’elle vient de se découvrir un quatuor de feu qui fait pâlir d’envie les Pays-Bas ou le Brésil comme le prétend le staff des Bleus. Elle a joué la Jamaïque une semaine avant la France et l’a battue 1-0 avec un but dans les dernières minutes. Ça, c’est la Suisse. Il n’y aura pas de déferlante rouge sur le but de Lloris. Au Luxembourg, ça se passe bien mais elle gagne 2-0. Elle est incapable de mettre trois buts dans un match."
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Le Suisse Josip Drmic face à l'Equateur pendant le Mondial 2014

Crédit: AFP

Des joueurs expérimentés habitués au haut niveau ? En partie vrai

Deschamps :
La plupart des joueurs de l'équipe de Suisse évolue dans des grands clubs et sont par conséquent expérimentés et habitués au haut niveau.
L’effectif suisse est plus jeune que celui des Bleus, avec 26 ans de moyenne d’âge. Oui, elle possède des joueurs du Bayern (Shaqiri est remplaçant en Bavière), de la Juve et Naples. Mais la grande majorité de son effectif évolue dans le championnat suisse ou des clubs de seconde zone en Europe. La génération dorée des champions du monde U17 en 2009 est encore tendre. Mais Inler, Djourou ou Liechsteiner ont déjà joué quelques grands matches.
  • L’avis de Julien Pralong : "On aligne de bons joueurs dans des bons clubs. Très peu dans des grands clubs. Shaqiri ne joue pas au Bayern. Du côté suisse, il n’y a pas beaucoup d’expérience. Drmic a fait ses débuts en équipe nationale il y a peu de temps. Il sort de sa première saison à l’étranger. A Nüremberg, il est relégué même s’il marque 17 buts en Bundesliga. Il n’a jamais joué un match de Coupe d’Europe. On n’a pas van Persie, Neymar ou Messi." 
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Inler et Montero pendant le match Suisse - Equateur de la Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

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