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On vit ensemble...
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Publié 07/07/2006 à 18:45 GMT+2
... On meurt ensemble. Telle est la devise qui accompagne les Bleus dans l'intimité et qui traduit cette solidarité qui fait leur force. Parmi les raisons avancées pour expliquer le parcours de l'équipe de France, c'est celle qui revient le plus souvent d
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Depuis la victoire face à l'Espagne en quart de finale, les Bleus ont tenté d'apporter des explications à la véritable métamorphose qui s'est opérée au sein de l'équipe de France après des débuts poussifs au premier tour. Tous en viennent au même constat : la clef du succès réside dans la solidarité. Depuis plus d'une semaine, tous les joueurs vantent la force collective de la France. Pas plus Raymond Domenech que Thierry Henry ou Lilian Thuram ne veulent mettre en avant les individualités du groupe.
Même ce dernier, auteur d'une performance remarquable en demi-finale face au Portugal, n'a voulu s'attarder sur son match. "J'ai essayé de faire du mieux que je pouvais, comme d'habitude. Aujourd'hui, c'était comme ça, voilà. Ça s'est bien passé. On a su bien défendre", commentait-il simplement avant d'avancer sa théorie sur la force des Bleus : "l'amour qu'on reçoit des supporters et la solidarité qu'il y a au sien du groupe".
Dans la semaine, c'est déjà Thuram qui avait le mieux traduit l'état d'esprit qui règne au sein du groupe France. "Une grande équipe est composée de joueurs qui sont capables de s'oublier pour l'autre. Nous footballeurs, avons tous des egos très forts. Arriver à s'oublier en sachant que l'autre nous rend meilleur, c'est un discours très simple à comprendre mais parfois difficile à faire intégrer au groupe. Aujourd'hui, c'est le cas, expliquait le défenseur de la Juventus. A partir du moment où vous jouez en bloc, que vous savez que c'est la clef du succès, et que tout le monde est prêt à respecter la consigne, ça veut dire que vous avez une équipe où chacun se respecte et où l'un et l'autre sont liés". La grande différence avec l'Euro 2004 selon lui : "En 2004, si vous regardez nos matches, vous constatez une indiscipline, contrairement à aujourd'hui. Parfois on jouait, c'était du n'importe quoi. Là, vous voyez qu'il n'y a pas d'équipe".
Malouda vend la mèche
Le recordman des sélections (120) avait même levé une partie du voile sur la vie à l'intérieur du vestiaire tricolore. "Entre nous, il n'y a pas de chanson comme en 98 mais il y a une phrase. Avec cette phrase, vous saurez exactement. Mais vous la saurez plus tard...", avait laissé entendre Thuram. C'est finalement Florent Malouda qui aura vendu la mèche un peu trop tôt, juste après la victoire face au Portugal. "A la mi-temps, on s'est dit qu'on était à 45 minutes du bonheur. Comme on dit, "on vit ensemble, on meurt ensemble". C'est notre phrase ", a révélé le Lyonnais, trahissant sans le vouloir un des secrets les plus jalousement gardés par le groupe.
Le lendemain, Raymond Domenech a en même expliqué le sens profond, sans dévoiler qui était à l'origine de cette devise. "Elle vient de l'histoire des batailles quand les tribus se battaient entre elles. Ou elles pouvaient vivre, ou elles se faisaient bouffer par les autres. Que le joueurs l'aient adopté, c'est très symbolique de ce qu'on a vécu, a expliqué le patron des Bleus. Depuis très longtemps, avant la qualification pour la Coupe du monde, c'était ça. Ou on fait quelque chose ensemble ou on meurt très vite. On ne fait que des matches à élimination directe depuis l'Irlande voire même avant. Ça doit faire une bonne quinzaine de matches où l'on vit comme ça avec le couteau sous la gorge". Un nouveau parallèle avec 1998 comme il le confirme lui même : "C'est simplement la traduction en français de la chanson de 98. On veut continuer à vivre ("I will survive")".
Vieira : "Pas peur de se dire la vérité"
Si tous insistaient déjà avant sur la cohésion qui règne au sein de l'équipe, Patrick Vieira estime que cette solidarité a éclaté au grand jour en demi-finale. "Face au Portugal, il y a d'autres qualités qui sont ressorties par rapport aux autres matches. On a vu une équipe vraiment solidaire. Chacun met ses qualités au service de l'équipe. C'est une équipe qui s'est beaucoup parlé. On a beaucoup discuté pour rectifier les choses", analyse le vice-capitaine. Cette discussion, c'est celle qu'ont tenu les Bleus dans le vestiaire à la mi-temps. "Les Portugais nous ont posé beaucoup de problèmes. Mais on s'en est sorti parce qu'on s'est beaucoup parlé. Flo et Franck ont fait un gros travail. A partir de là, ça a été beaucoup plus facile de défendre" , raconte-t-il. Traduction : Malouda et Ribéry ont reculé d'un cran pour venir aider Abidal et Sagnol à maîtriser les assauts de Figo et Cristiano Ronaldo sur les côtés.
Cette solidarité passe aussi par le dialogue en-dehors du terrain. Et même la critique. "Le football ne tient pas à grand chose. C'est une remise en question constante. Nous, on a su la faire. Après, c'est vrai qu'on a progressé sur le terrain mais aussi en dehors du terrain, continue Vieira pour expliquer le renouveau tricolore depuis les quarts de finale. Le rapport entre les générations se passe bien. On n'a pas peur de se parler les uns aux autres. On n'a pas peur de se dire la vérité .Chacun accepte la vérité de l'autre. On va vers l'avant et c'est le résultat. Pour aller loin, il faut de la communication dans une équipe". "Le plus important, c'est l'humilité qu'il y a dans le groupe. Sans humilité, on ne serait pas là", dirait Thuram. Willy Sagnol acquiesce : "Bien sûr qu'il y a eu des prises de tête, c'est normal dans la vie d'un groupe".
Henry, le symbole
Symbole de cet état d'esprit, Thierry Henry se sacrifie en Allemagne au nom de l'équipe. Face au Portugal, il est sorti harassé, plus épuisé par son pressing permanent pour empêcher la relance des défenseurs portugais que par son combat sur le front de l'attaque. "Quand on voit les joueurs qu'on a, on pourrait se dire qu'ils peuvent attendre les ballons devant. Mais tout le monde travaille et se bat pour les autres. A chaque fois, on essaie d'être décisif sur le peu d'actions qu'on a", se défendrait presque le Gunner qui poursuit : "Dans l'équipe, il n'y pas une personne qui essaie de faire le héros ou de tirer la couverture à lui. Tout le monde attaque ensemble, tout le monde défend ensemble. Tout le monde se met au service de l'équipe et ça permet d'avancer".
Pour Henry, c'est le groupe qui permet à chacun de briller, qu'il s'appelle Zidane face au Brésil ou Thuram face au Portugal : "Comme je le disais avant qu'on soit en finale : si tu veux aller loin, il faut le faire en équipe. Quand tu joues en équipe, les individualités te font la différence. Mais pas avant. Et ça s'avère vrai aujourd'hui". A l'image de son but face au Brésil ou du penalty provoqué face au Portugal. Mais il y laisse beaucoup d'énergie au point d'avoir été remplacé lors de deux matches par Louis Saha (86e et 85e). Le temps toutefois pour P'tit Louis d'écoper d'un carton qui le privera de finale. "Son carton jaune n'est pas secondaire car on est arrivé là à 23 et c'est vraiment dommage, regrette Florent Malouda. J'espère qu'il sera champion du monde". Décidemment, ces Bleus sont solidaires jusqu'au bout...
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