Les Pays-Bas sans aile

Des Pays-Bas sans aile, c'est un peu comme l'Italie sans son catenaccio comme l'Allemagne sans sa rigueur tactique ou comme l'Angleterre sans son fighting spirit. Avant cet Euro, les Néerlandais sont vidés de leur substantifique moelle. Leur salut vient historiquement des couloirs. Face à l'Italie, il faudra sans doute ne pas trop compter sur cet héritage. Car, que ce soit côté gauche ou côté droit, les Pays-Bas ont été touchés par une sévère hécatombe qui les oblige à revoir leur plan.

Côté droit, c'est d'abord Ryan Babel, blessé aux ligaments de la cheville droite avant l'Euro, qui a fait faux bond. Un premier coup dur. D'autant que Marco Van Basten, sélectionneur des Pays-Bas, a préféré appelé un défenseur, en l'occurrence Boulahrouz, pour pallier l'absence du joueur de Liverpool. Titulaire indéboulonnable à ce poste, Robin Van Persie est la solution privilégiée par Van Basten. Mais là-encore, la condition physique du Batave laisse à désirer. "Le match face à l'Italie tombe trop tôt pour Robin", a déclaré le coach néerlandais. L'attaquant d'Arsenal n'a plus disputé le moindre match depuis le 25 avril en raison d'une blessure, désormais guérie, à une cuisse. Et le titulariser d'entrée représente un risque majeur que ne semble pas prêt à courir le Hollandais volant.

A gauche, la problématique est à peine moins complexe. Titulaire indiscutable et maître à jouer des Oranje, Arjen Robben est forfait, lui-aussi, face à l'Italie. L'ailier gauche du Real Madrid a senti une douleur aux adducteurs lors d'une frappe au but. Les médecins de l'équipe n'ont pas encore établi de diagnostic précis mais ont déjà acté son forfait contre la Squadra Azzurra. "C'est un énorme coup dur pour Arjen mais aussi pour l'équipe", déplore le triple Ballon d'Or néerlandais.

Robben, homme de verre, souffre là de sa sixième blessure depuis le début de saison. "Avec l'encadrement médical, nous allons maintenant travailler dur à son rétablissement, en espérant qu'il revienne le plus vite possible dans l'équipe", a poursuivi Van Basten conscient que le rendement de son équipe dépend de la forme de son joyau. Meilleur Néerlandais lors des éliminatoires, il est le dépositaire du jeu batave. Face à l'Italie, il pense même à revoir son système de jeu. Quitte à sacrifier l'inamovible 4-2-3-1.

Un système où les ailiers jouent un rôle capital pour alimenter le seul attaquant de pointe Ruud van Nistelrooy. Il n'existe que deux options dès lors : conserver le même système en remplaçant Robben par Kuyt ou Affelay, qui ne sont pas de vrais ailiers, ou changer de système et confier les ailes à des milieux plus défensifs. Là-encore, le sélectionneur se heurte à de nombreuses incertitudes. Wesley Sneijder, rouage essentiel dans l'entrejeu, lui-aussi incertain, juge que les milieux de terrain devront "d'abord songer à défendre, même si nous ne sommes pas une équipe faite pour la contre-attaque". Est-ce à dire que les Pays-Bas devront jouer contre-nature face aux champions du monde ? Un pari risqué mais sans doute inévitable.