Ahamada suit Barthez

Comme Fabien Barthez il y a vingt ans, Ali Ahamada a su tirer profit d'un concours de circonstances pour s'installer au poste de gardien de but à Toulouse. Depuis, l'international Espoirs s'affirme comme l'un des meilleurs portiers de Ligue 1.

A Toulouse, les gardiens ont parfois des histoires particulières. Et des trajectoires fulgurantes. Il y a un peu plus de vingt ans, Fabien Barthez s'était retrouvé titulaire dans le but toulousain sur un concours de circonstances, avec les blessures simultanées de Robin Huc, le titulaire de l'époque, et de sa doublure, Olivier Pédemas. Il avait su saisir sa chance au point de taper dans l'oeil des recruteurs de l'OM, club au sein duquel il allait conquérir un titre de champion d'Europe des clubs quelques mois plus tard. Tout le monde connaît la suite de sa carrière. Ali Ahamada n'en est qu'au début de la sienne. Mais elle rappelle déjà par certains côtés celle de son illustre prédécesseur.

Rien n'indiquait que le Martégal de naissance, arrivé à Toulouse en 2009, puisse être le titulaire dans la cage du TFC aujourd'hui. "Je suis arrivé en moins de 18 à Toulouse après avoir fait ma préformation et ma formation à Martigues. J'ai commencé avec les U19 à Toulouse. Après j'ai un peu moins joué avec la CFA. J'ai dû faire deux matches en six mois", se souvient-il. Remplaçant en CFA 2, Ahamada s'est retrouvé sur le devant de la scène après un concours de circonstances. Lors d'un match à Rennes en février 2011, alors que Toulouse était déjà privé de Yohann Pelé et Matthieu Valverde, ses deux gardiens du groupe pro, Marc Vidal, titulaire avec la réserve, s'était blessé à son tour et devait céder sa place au Provençal pour les dernières minutes de la rencontre. "J'ai commencé à faire partie du groupe, j'ai fait quelques apparitions. Petit à petit, le coach m'a donné ma chance. J'ai joué mon premier match et après je n'ai plus bougé", raconte le joueur de 21 ans.

S'il n'est plus sorti de l'équipe première, c'est parce qu'Ahamada a donné entière satisfaction. Après avoir disputé neuf matches pour finir 2010/2011, il a joué tous les matches de la saison passée après avoir été nommé titulaire au poste l'été dernier, malgré l'arrivée de Rémy Riou. Ses performances sous le maillot du TFC sont d'abord le fruit d'une intégration parfaite au sein de l'équipe première. "A Toulouse, il y a un très bon groupe de jeunes. On s'y sent bien. C'est le plus important pour développer ses performances. J'ai aussi la chance d'avoir mon coach, Alain Casanova, qui est un ancien gardien et entraîneur de gardiens, et qui sait me mettre dans de bonnes conditions pour tirer le maximum de mes qualités. Il m'apporte beaucoup dans ce domaine là. Il me donne des conseils pour me faire progresser, avancer et corriger mes erreurs. Je suis bien encadré", résume le portier toulousain.

Ahamada s'épanouit pleinement à Toulouse. A 21 ans, il sort même d'une saison exceptionnelle. En 38 matches disputés en Ligue 1, il a préservé son but inviolé à pas moins de 19 reprises. Il a aussi été le portier le plus efficace avec près de 80% de tirs arrêtés. Pour son premier exercice en tant que titulaire, Ahamada a fait très fort. "C'est tout le collectif, corrige-t-il. On a tous mis notre pierre à l'édifice, on a tous progressé. C'est d'autant plus gratifiant quand on voit les statistiques en fin de saison et qu'on fait le bilan. On a travaillé tous ensemble et ça a bien fonctionné. Je ne suis pas forcément très sollicité et le plus important est d'être toujours concentré. Ce n'est pas facile au niveau de la concentration quand on n'est pas toujours en activité. J'essaie de travailler là-dessus pour être lucide et attentif à chaque occasion des adversaires", juge l'international Espoirs, appelé pour la première fois par Erick Mombaerts il y a un an.

Depuis, le gardien toulousain est non seulement titulaire au TFC mais aussi chez les Bleuets. Si son ascension est fulgurante, Ahamada sait cependant comment garder les pieds sur terre. Il a trouvé son refuge pour ça. "Je suis croyant et pratiquant depuis très petit. Cela m'apaise beaucoup. Cela me tranquillise, ça me permet d'évacuer le stress et de rester serein. Quand il y a de grosses échéances, ça me permet de ne pas trop cogiter. A ce niveau-là, c'est important", explique-t-il. Un apaisement qui pourrait bien lui servir compte tenu des échéances d'une équipe toulousaine ambitieuse cette saison. "On a gardé le même groupe, on se connait très bien parce que ça fait un moment qu'on est tous ensemble. On a la même base pour travailler et je pense qu'il y aura quelque chose à aller chercher cette année", espère celui qui appréciait Bernard Lama étant petit. Mais qui ne serait certainement pas contre une carrière à la Barthez.