Ben Arfa, fête gâchée

Ça devait être sa soirée. C'était en tout cas un match symbolique pour lui face à son pays d'origine, celui de son père qui fut international tunisien. Mais malgré ces retrouvailles émouvantes et la victoire décrochée par le camp tricolore contre la Tunisie (3-1), cette nuit lui laissera sûrement un goût amer dans la bouche. D'abord parce qu'il était pressenti pour débuter le match et qu'il a finalement commencé la rencontre sur le banc pour ne rentrer qu'à la mi-temps. Et surtout car Hatem Ben Arfa a été conspué par le public dionysien.

Les spectateurs à grande majorité en faveur de la Tunisie ne lui ont pas fait de cadeau. Encore agacés par son choix de jouer pour la France malgré les sollicitations de la Fédération tunisienne, ils n'ont cessé de le siffler. A l'échauffement son visage est apparu sur l'écran géant du stade, le public l'a alors copieusement hué. Le ton était donné. Ensuite, chacune de ses apparitions et de ses prises de balle ont reçu une nouvelle vague de sifflets.

Qu'importe, Ben Arfa n'a pas voulu tomber dans la polémique à la fin de la rencontre. "C'était un match important pour la communauté tunisienne et française pour qu'elles se rassemblent, a expliqué le joueur de Marseille. Pour moi, c'était une fierté. J'en ai eu des frissons." Habitué à ce qu'on ne lui laisse rien passer depuis son passage en professionnel, Ben Arfa a visiblement bien mûri. Et s'était préparé pour ce moment sûrement difficile à vivre.

"On s'attendait tous à ça, confirme-t-il. On l'avait vu contre le Maroc et l'Algérie, on va dire que c'est devenu une habitude même si je ne sais pas s'ils le pensent vraiment. Mais je ne leur en veux pas vraiment. C'est un peu dommage mais ce n'est pas grave. Je connais l'être humain, il fait parfois des erreurs. Ils ont besoin d'exister, il y avait plus de Tunisiens que de Français, il faut les comprendre." Un discours mûrement réfléchi.

Malgré ses efforts pour calmer le jeu, le natif de Clamart finit toutefois par reconnaitre sa déception : "C'est sûr que c'est bête mais du moment qu'il y avait du spectacle et que tout le monde s'est fait plaisir, ce n'est pas le plus important?", se demande-t-il. Rien de moins sûr. Pour se rassurer, Hatem Ben Arfa pourra se rappeler qu'il a été à l'origine du deuxième but tricolore. Histoire de garder la positive attitude...