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Belgique - France (21h00) : la situation du football belge avec Julien Denoël (Sharkfoot)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 14/08/2013 à 17:49 GMT+2

Spécialiste du foot belge chez notre partenaire Sharkfoot, Julien Denoël nous passe au peigne fin l'état de la sélection belge. Et de son excès de confiance ? Il nous explique notamment que la Belgique, dotée d'une excellente génération, n'a plus peur d'envisager les plus grandes récompenses pour 2014 et 2016.

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Crédit: Eurosport

J’ai l’impression que la Belgique est très confiante avant ce match. Ça chambre pas mal sur Twitter. Qu’en penses-tu ?
J. D. : Effectivement on est très confiant en Belgique. Peut-être trop. Les derniers résultats, le bond au classement FIFA (54e à 10e en un an!) ainsi que l’euphorie créée par la communication de l’Union belge avec les supporters y sont pour beaucoup. La courbe inverse prise par la France ajoute à cette confiance énorme. Mais ça, c’est du côté des supporters parce qu’avec Wilmots comme coach national, on peut être certain qu’il saura garder les joueurs les pieds sur terre.
A tous ceux qui ont entendu dire que la Belgique avait une superbe équipe, d’excellents résultats, mais qui ne l’ont jamais vue jouer, que leur dirais-tu sur ce qu’ils vont voir et ne pas voir ? A quoi s’attendre ?
J. D. : Du spectacle ! Avec des gars comme Hazard, Mertens, De Bruyne ou encore Witsel (pour ne citer qu’eux), le niveau technique belge est très élevé. Le jeu est offensif et le pressing souvent très important. Si certains ont toujours l’image des Diables des années 70, 80, 90 et début 2000 en tête où le jeu était laissé à l’adversaire, ils vont être surpris. Le mot d’ordre des Diables désormais, c’est domination. L’ambiance dans le stade sera également à la hauteur de l’évènement. Les supporters sont ultra chauds depuis qu’on sait que le match aura lieu.
Quel est le potentiel réel de cette sélection belge à tes yeux, dans la perspective Mondial 2014, Euro 2016, Mondial 2018 ?
J. D. : Pour le mondial 2014, la qualification est le premier objectif. Cela fait douze ans qu’on a plus participé à un tournoi international majeur. Après, sur place, ça dépend de beaucoup de choses (les adversaires en poule déjà). Mais sur le papier, l’équipe a les moyens de se hisser en quart de finale voire en demies. Et à ce stade-là, c’est la vérité d’un match qui décide. Bien sûr, avec les derniers résultats tout le monde en Belgique est super enthousiaste et on parle du titre mondial. Je suis d’un naturel prudent, donc je préfère attendre qu’on y soit pour voir. Après, pour l’Euro 2016, c’est là, à mon avis, que l’équipe sera la plus mature. Et cet Euro, chez vous, je pense qu’on sera clairement un des candidats au titre. Cela doit même presque être l’objectif des Diables. 2014 pour se chauffer, 2016 pour s’affirmer. Le Mondial 2018, ce sera l’occasion de voir de nouveaux joueurs à l’oeuvre et qui auront alors atteint une certaine maturité. Des gars comme Lukaku, Benteke, Courtois sont encore très jeunes malgré un excellent niveau et dans cinq ans, ils seront vraiment au top (logiquement). Des jeunes arriveront aussi. Mais on en est encore loin.
L’éclosion de cette génération, c’est un phénomène spontané ou un gros travail de fond des autorités ?
J. D. : Je sais que la Fédération a mis en place un programme après l’Euro 2000 mais je ne sais pas si c’est ça qui a joué. Nos joueurs, aujourd’hui, sont techniquement très doués. Une des causes, c’est le foot de rue. En Belgique, on a installé énormément de mini-terrain dans les villes. Les jeunes du coin venaient y jouer et peaufiner leur technique dans les petits espaces ce qui ne se faisait pas en club. D’autre part, le championnat belge ayant perdu de sa superbe, les jeunes sont plus vites tentés par un départ à l’étranger où l’encadrement est plus professionnel qu’en Belgique (à l’exception des quatre gros que sont Genk, Bruges, Anderlecht et le Standard). Au contact de meilleurs joueurs, ils sont devenus meilleurs. Finalement, c’est paradoxalement les autorités qui sont un peu responsables de ça... sans vraiment le vouloir.
Comment voit-on l’équipe de France en Belgique ?
J. D. : Assez mal, surtout depuis 1998. On a toujours trouvé qu’elle prenait les autres de haut et en tant que petit voisin, ce sentiment est encore plus renforcé. Une défaite de la France est fêtée comme une victoire chez nous. Je prends l’exemple de 2002 où votre pays se voyait déjà champion du monde. Autant dire que l’élimination au premier tour sans avoir marqué un but alors que nous étions arrivés en huitième nous a plus que fait plaisir. Les affaires lors de la Coupe du monde 2010 n’ont pas arrangé non plus. Mais tout ça, ce sont des histoires de supporters parce que je pense que les joueurs et les fédérations se respectent vraiment entre eux.
On dit souvent que le niveau d’une sélection nationale ressemble au baromètre de la nation ? Faut-il déduire de la bonne passe de la Belgique que l’unité nationale se porte mieux qu’il y a quelques années ?
J. D. : Pas vraiment. Mais l’équipe nationale parvient à rassembler tout le monde et ça c’est beau. En juin 2014, on aura des élections fédérales qui décideront du nouveau gouvernement. Ces élections font un peu peur parce que la NVA pourrait remporter une grosse victoire et on connait tous ses envies d’indépendance pour la Flandre. Cependant, ces élections tombent pendant la Coupe du monde. Vincent Kompany, notre capitaine, a déjà, via Twitter, fait quelques remarques sur ce parti. Si la Belgique fait d’excellents résultats, certains pensent que cela pourrait jouer sur le scrutin. On verra si le football peut influencer notablement la politique d’un pays.
Quelle est la qualité de Wilmots que Deschamps pourrait méditer ?
J. D. : La communication. Wilmots, quand il parle, tu sens la hargne, le désir d’emmener ce groupe loin, la confiance et en même temps, il sait conserver le calme. C’est très fort. C’est sûrement ça qui manque à Deschamps. On le sent stressé quand il parle. On voit qu’il a une pression énorme. Wilmots aussi, mais il la gère.
Quelle sera  la composition belge ?
J. D. : Dans le but, Courtois débutera certainement, mais on verra aussi plus que probablement Mignolet à l’oeuvre. En défense, ce sera la défense habituelle avec Alderweireld à droite, Kompany et Van Buyten dans l’axe. A gauche, Sébastien Pocognoli aura une chance à saisir. Dans le milieu, Wilmots jouera avec Witsel et Fellaini dans l’axe tandis que Hazard (à gauche) et De Bruyne (à droite) devront alimenter les flancs. Après, devant, ce sera soit Benteke ou Lukaku avec un soutient d’attaque ou alors les deux ensemble. Si il y a un soutien, il y a l’embarras du choix : Chadli (qui pourrait aussi jouer sur un flanc et De Bruyne serait alors dans l’axe), Dembelé (pour conserver un ballon, on ne fait pas mieux), Mertens (plus à l’aise sur les flancs cependant). Mais comme c’est un amical, on n’est pas à l’abri d’une ou l’autre surprise. On aurait bien aimé voir Bakkali mais il s’est blessé aujourd’hui à l’entrainement. Lui, il a de l’or dans les pieds et il n’a que 17 ans !
Quelle bonne question n’a pas été posée qui t’aurait permis de nous dire quelque chose de très important sur le foot belge ?
J. D. : Quels sont les jeunes belges à suivre dans le futur ? Outre Bakkali, au PSV, le championnat belge en possède plusieurs. A Anderlecht, il y a Dennis Praet, Massimo Bruno, Youri Tielemans. A Genk, Siebe Schrijvers. Au Standard Michy Batschuayi, Ibrahima Cissé, Alpaslan Öztürk, pour autant qu’ils soient bien encadrés. A Zulte, on a un Junior Malanda (en prêt de Wolfsburg) et Thorgan Hazard (en prêt de Chelsea). A Bruges, Maxime Lestienne crève l’écran. A l’étranger, il y a Charly Musonda Junior à Chelsea, Marnick Vermijl et Adnan Januzaj (en espérant qu’il choisisse la Belgique et pas l’Albanie) à Manchester United, Dedryck Boyata à City. D’ici 2016 et 2018, d’autres auront certainement montré leur talent, mais je pense que la Belgique n’a pas de soucis à se faire pour les prochaines années.
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