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Le soir où Ronaldo est devenu unique

Maxime Dupuis

Mis à jour 22/09/2016 à 15:16 GMT+2

Luis Nazario de Lima a 40 ans aujourd’hui. Légende du jeu, le Brésilien a marqué son époque et l’histoire par son exceptionnel talent, ses accomplissements et son incroyable trajectoire qui l’a vu revenir de nulle part et parvenir à tout. Le 26 octobre 1996 restera comme une date à part dans son avénement. Un soir où il a mis Valence à ses pieds en réussissant un triplé (3-2).

Ronaldo during his Barcelona days

Crédit: Eurosport

On se souvient toujours de la première fois. Je n’oublierai jamais le jour où j’ai découvert que Pelé avait un fils caché. Un extraterrestre aux traits humains nommé Ronaldo. Il y a bientôt deux décennies, le 26 octobre 1996 pour être précis, le néo-Barcelonais, 20 ans et toutes ses dents (du bonheur), étrillait Valence à lui seul et dans des proportions alors inconcevables.
Ce soir-là, pas de tiki-taka catalan, pas de chef d’œuvre guardiolesque (ndlr : Pep Guardiola était alors un membre éminent du milieu blaugrana où évoluait aussi un certain Luis Enrique). Non, vraiment rien à montrer du côté de la Masia, sinon pour décourager les aspirants footballeurs voués à rester dans l’ombre de l’impétueux brésilien. Ce dont le monde a été témoin au Camp Nou, c’est une démonstration de force accomplie par un jeune homme dont la silhouette encore fluette ne laissait pas transpirer la puissance qui accompagnait chacune de ses prises de balle et de ses accélérations supersoniques.
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Ronaldo Luis Nazário de Lima sous le maillot de Barcelone

Crédit: AFP

Ronaldo n’était déjà plus totalement un inconnu. Arrivé à 18 ans sur le Vieux Continent auréolé d’un titre de champion du monde auquel il n’avait pris part que de très loin, le Brésilien n’a pas tardé à se faire une réputation, à défaut d’un nom qu’il avait, pour l’anecdote, dû laisser à un autre Ronaldo - plus âgé et défenseur - lors des JO 1996. Dans le dos du jeune homme était floqué Ronaldinho. Ce serait la dernière fois que Luis Nazario de Lima laisserait cet honneur à un autre sous le maillot de la Seleção.

Contorsionnisme et conduite de balle élastique

Durant deux ans, Ronaldo a retourné le Championnat des Pays-Bas sous les couleurs du PSV Eindhoven avec une insouciante indécence. C’était l’époque d’avant Youtube, quand les buts n’avaient qu’une durée de vie limitée, sauf pour celui qui enregistrait scrupuleusement Téléfoot chaque dimanche matin. Le Brésilien était déjà au-dessus de la mêlée. Et de très loin. Comme son prédécesseur, un certain Romario. Il avait marché dans les pas de l’attaquant au PSV. En Catalogne, il allait aussi emprunter le chemin de son aîné. Et même le surpasser.
Avant cette nuit magique, Ronaldo n’avait pas manqué ses débuts barcelonais : 9 buts en 9 journées de Liga. A 20 ans, on a connu pire. Puis vint Valence (3-2). Un triplé. Et la révélation que l'on n’avait définitivement pas affaire à un type comme les autres.
De cette soirée hors du temps, un souvenir impérissable à mes yeux. Son troisième but. Une bonne partie d’entre vous préféreront sans doute sa réalisation face à la Lazio en finale de la Coupe de l'UEFA 1998. Pour ma part, si je ne devais retenir qu’un but d’Il Fenomeno, ce serait celui de la victoire face à Valence. Parce que tout Ronaldo est condensé dans cette action. Et plus encore. Il s’empare du ballon et lance sa courte entreprise de démolition. Une poignée de secondes éternelles où puissance, vitesse, grâce et précision clinique s’entremêlent avec harmonie. Contorsionniste qui s’ignore armé d’une conduite de balle élastique, Ronaldo passe entre ses cerbères comme un serpent se fraie un chemin entre deux pierres avant de conclure le plus simplement du monde. Du plat du pied. Une action immortelle. Comme son auteur.
Revoir ces images, c’est aussi se lamenter en se remémorant la suite. Et refaire l’histoire en se disant que sans des genoux de verre, le double Ballon d’Or (1997, 2002) et champion du monde (1994, 2002) ne serait pas l’un des plus grands. Mais peut-être le plus grand de tous.
Malgré les écueils semés sur sa route, la seconde partie de la carrière de Ronaldo n’en reste pas moins mémorable. Parce que sa résurrection ressemble à l’aboutissement ultime de sa vie de footballeur. Coupé dans son élan à 23 ans et (déjà) plus de 230 buts au compteur, l’avant-centre est revenu de l’enfer et, même dépourvu de l’explosivité qui faisait sa force, a montré que son seul talent lui suffisait pour rester un joueur d’exception. Un extraterrestre.
Aujourd'hui, son empreinte dans l’histoire du jeu dépasse ses simples accomplissements. Pendant son règne, le roi Ronaldo s’est montré magnanime en ouvrant la porte à l’attaquant moderne. Celui-là même qui a suppléé, souvent ringardisé, le renard des surfaces à papa. Sous le règne de Ronaldo, le "9" s’est éloigné de sa zone de chasse attitrée, a appris à courir vite, être puissant et clinique à la fois. Thierry Henry et quelques happy few se sont engouffrés dans la brèche. Mais, depuis vingt ans, on s’est rendu compte que cela n’était pas donné au commun des mortels. Tout le monde ne peut pas prétendre être le fils de Pelé.
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