L'arbitre avait-il sifflé?

"C'est un scandale" lâche le gardien de Caen Alexis Thébaux, à l'issue du match nul 1-1 entre Caen et Toulouse. La raison ? Une décision arbitrale contestée à la 39e minute de jeu. Alors que Caen mène 1-0 grâce à un but d'Hamouma, Braaten est fauché dans la surface par Heurtaux. M. Rainville accorde logiquement un pénalty au TFC. Sissoko, tireur désigné, s'en charge. Sous la bronca du Stade Michel d'Ornano, l'international de Toulouse s'élance et frappe en force tout droit. Thébaux, qui n'a pas bougé, touche le ballon et le laisse volontairement entrer dans sa cage. Tout le monde, y compris Sissoko, est surpris par cette attitude. Après plusieurs secondes de flottement, l’arbitre valide l'égalisation toulousaine.

Stupeur générale du côté des Caennais. Le portier normand reproche à M. Rainville de ne pas avoir sifflé avant l'exécution de la sentence. Après quelques instants de troubles, les Caennais s'empressent d'engager et de mettre en touche pour déposer une réserve auprès du délégué, conformément au règlement. "Je ne discute pas le penalty mais les circonstances du penalty, s'expliquera ensuite Franck Dumas, l'entraineur normand. L'arbitre tourne le dos au but, il demande plusieurs fois avec les deux mains que les joueurs ne rentrent pas dans la surface. Est-ce que l'arbitre a sifflé pour le faire tirer? Je suis incapable de le dire, en tout cas tout le monde a été très surpris. On verra si le match sera rejoué ou pas."

Interrogé après le match sur ce penalty de la discorde, Moussa Sissoko, le buteur toulousain, n'est pas très clair : "Le public a sifflé pour me déstabiliser. Tout le public criait, je ne pouvais pas trop entendre. J'ai regardé l'arbitre, il m'a fait signe de tirer, j'ai considéré qu'il avait sifflé." La partie a, en tout cas, pu reprendre son cours normal mais le score n'a plus évolué jusqu'à son terme (1-1). Un résultat final qui n'arrange vraiment pas les Caennais, frustrés par ce fait de jeu et toujours englués à la dix-huitième place synonyme de relégation en fin de saison.

Devant cette situation ubuesque, les règlements de la LFP sont clairs. Selon l'article 345, la réserve technique, inscrite sur la feuille de match, doit être transmise dans les 48 heures à la Direction Nationale de l'Arbitrage, via la Ligue de Football Professionnel. La DNA doit alors décider de l'homologation du résultat ou demander que le match soit rejoué.  Une deuxième option qui aura peu de chances d'aboutir si on se fie à la loi 14 des règles du football. Elle définit les deux attributions de l'arbitre juste avant qu'un pénalty ne soit tiré mais ne précise pas l'obligation de siffler : "L’arbitre ne doit pas donner le signal de l’exécution avant que les joueurs n’aient pris position conformément à la Loi" et "L'arbitre décide quand le coup de pied de réparation est considéré comme exécuté." Dimanche, il l’a fait.