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LOSC : Rony Lopes, le présent de Lille et l’avenir du Portugal

Nicolas Vilas

Mis à jour 17/01/2015 à 23:10 GMT+1

De retour dans le groupe lillois après de longues semaines d’absence, Rony Lopes pourrait insuffler l’inspiration qui manque tant aux Dogues depuis maintenant un long moment. Le luso-brésilien est l’un des plus brillants exemples des talents de la Seleção couvés par la L1.

Rony Lopes avec Lille - 2015

Crédit: AFP

Et s’il s’agissait là du retour de l’enfant prodige ? Des douleurs à la jambe droite l’avaient éloigné des gazons ces deux derniers mois, mais cette fois, ça y est : Rony Lopes a (ré)intégré la liste de René Girard. Et même si Lille va un peu mieux, il en aura bien besoin. Le 1er novembre, contre Saint-Etienne (1-1), l’attaquant de 19 ans cédait sa place, touché aux isichio-jambiers. Une douleur "jamais ressentie auparavant". L’amertume venait s’ajouter à sa souffrance. Au moins trois semaines d’arrêt pour le Lillois privé alors d’un éventuel baptême avec les A du Portugal, contre la France (11 octobre), pour la première de Fernando Santos. Pas d’espoir non plus qu’il puisse être avec les Espoirs pour les playoffs de l’Euro 2015 face aux Pays-Bas.
Quelqu’un d’ouvert et de simple
Séduisant, entraînant, Lopes est le genre de gars capable de vous redonner le sourire en un seul geste. Spontané. Marco Paulo Mesquita Lopes n’a que 19 ans mais il s’est déjà fait un (sur)nom : Rony Lopes. "Ronaldo, le Brésilien était mon idole quand j’étais gamin, explique-t-il à Globoesporte. Je jouais à Poiares et je venais avec le maillot du ‘Fenomeno’. On a commencé à m’appeler Ronaldo, jusqu’à ce qu’un entraîneur dise : ‘Ronaldo, c’est trop long. On garde Rony.’ Et c’est resté". Et s’il continue, il restera l’une des belles pioches du LOSC. "Il nous apporte beaucoup, c’est une vraie plus-value pour le groupe, s’enthousiasme son coéquipier Ryan Mendes. En plus de ses qualités de footballeur, c’est un mec très cool, tranquille… "
Lorsqu’il a débarqué chez les jeunes de Manchester City, Séko Fofana a été accueilli par Rony : "Ila été l’un des premiers à venir me parler quand je suis arrivé. C’est quelqu’un d’ouvert et de simple". Ses suiveurs sur Twitter peuvent en témoigner. Sa bonne humeur et sa disponibilité en font un mec apprécié et précieux. Le genre de profil qui ferait du bien à une Seleção en reconstruction. Reste à savoir laquelle…
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Rony Lopes, sous les couleurs du LOSC - 2014-2015

Crédit: Panoramic

Le "cœur partagé" entre le Brésil et le Portugal
Marco est né trois jours après noël 1995. A Belém. Pas dans le cossu quartier lisboète mais dans l’état du Pará, au nord du Brésil. Historiquement attachée au pouvoir colonial portugais, la ville ne reconnaîtra l’indépendance du pays qu’un an après sa proclamation. A l’âge de quatre ans, Marco et ses parents émigrent vers le Portugal. "Notre vie n’était pas facile, confie-t-il. Ma grand-mère était déjà là-bas et nous sommes partis tenter une vie meilleure". Le gamin touche ses premiers ballons à Poiares.
Le Benfica le repère vite. Il y passe cinq ans avant que City ne le dévie. "Je n’ai jamais joué pour un club brésilien", rappelle-t-il. Le genre de décla qui conforte les Lusitaniens. Car Rony n’a pas encore choisi : "Mon cœur est partagé". Entre ses "racines" et le pays avec lequel il a toujours joué en jeunes : "Je vais laisser les choses se faire. Tant qu’il n’y pas de convocation c’est difficile de donner une réponse. Je prendrai une réponse définitive quand cela arrivera".
Au Brésil, les médias lui mettent gentiment la pression. Entre Neymar et Cristiano, pour qui penche-t-il ? "J’admire les deux, j’aime les deux", botte-t-il. Alexandre Gallo, coordinateur des catégories de base de la CBF, a confié avoir pris contact avec le joueur. "Il s’est montré intéressé pour travailler avec nous", a-t-il annoncé en août dernier avant de concéder : "Sa décision doit être naturelle". Pour Ryan Mendes, pas de doute : "Je sais qu’il veut jouer pour le Portugal. Je pense qu’il est prêt. Il joue déjà avec Lille. Il peut aider au renouvellement du Portugal".
Conviction partagée par Fofana : "Il veut vraiment continuer avec le Portugal. Il a grandi là-bas et se sent attaché à ce pays, cette sélection". Le Franco-ivoirien poursuit : "Marco incarne la relève. Fernando Santos doit l’appeler. J’ai joué avec les Bleuets contre lui et il n’a rien à faire avec les jeunes. Il a sa place en A". Paulo Bento n’avait pas osé l’appeler pour affronter l'Albanie : "Mais nous n’allons pas convoquer un joueur pour le bloquer à la Seleção mais parce que nous estimons qu’il mérite d’y être". Fernando Santos a annoncé qu’il ne voulait pas tout "bousculer". Avec Rony, il aura de quoi bouger ses adversaires…
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Rony Lopes, avec Lille - 2014-2015

Crédit: AFP

A quel poste ?
"Eden Hazard était un soliste, Rony est un chef d’orchestre". Dans un entretien accordé à L’Equipe, Jean-Michel Vandamme, directeur du centre de formation de Lille, a décrit Lopes comme celui qui "pousse les autres à mieux jouer". "J’aime évoluer numéro 10, libre. Je suis un joueur créatif", ose-t-il. Et il peut. Raphaël Guerreiro a été marqué par sa récente rencontre avec Rony sous le maillot des Espoirs portugais : "Il est énorme ! Rapide, technique et ne rechigne pas à défendre. Il a une activité dingue sur le terrain !" En Seleção où le 4-3-3 fait loi et foi (y compris chez les jeunes), Marco est adapté. "Il évoluait milieu de terrain, poursuit le Lorientais. Et c’est presque dommage parce que c’est un vrai meneur de jeu".
A City, déjà, il s’était habitué à évoluer là. Séko : "Il jouait dans un 4-3-3 au milieu, avec moi". Mais pour Ryan Mendes, "il a besoin de liberté. C’est un joueur moderne qui va de l’avant". Reste à savoir si son profil convaincra, dans un futur proche, Fernando Santos. "Il joue à Lille, dans un club de haut de tableau de Ligue 1, en Coupe d’Europe et a déjà fait preuve de beaucoup de maturité", assure le Cap-verdien. Un surdoué que Mancini – candidat au poste de sélectionneur du Portugal – n’avait pas hésité avec l’équipe première à l’été 2012, lors d’un match de présaison. Le gamin n’avait que 16 ans. Comme beaucoup d’autres supporters de la Seleção, Guerreiro l’attend chez les grands : "J’espère qu’il va être bientôt appelé !" Il faudra attendre. Car le hasard ne fait pas toujours bien les choses.
Et ensuite ?
Les prochains mois devraient être déterminants pour l’avenir de Rony. Et pas qu’en Seleção. Son prêt dans le Nord pourrait lui ouvrir de nouveaux horizons. "Une belle saison avec Lille peut aider à un retour à City", espérait-il lors de son arrivée. Séko Fofana n’en doute pas : "Ici, en jeunes, il dégageait quelque-chose de plus que les autres. Ce n’est pas par hasard s’il était surclassé". Le Citizen français ne s’étonne même pas de son éclosion en Ligue 1 : "Le voir titulaire en L1, ça ne m’a pas choqué … "
Lopes est carrément devenu un exemple pour les youth de City. "Le fait qu’il soit parti au LOSC, dans un bon championnat, qu’il y soit performant, ça nous aide, nous, jeunes de Manchester City, s’enthousiasme l’international U19 français. Parce qu’ici, il y a beaucoup de grands joueurs et on a une étiquette lourde à porter en tant que jeune de ce grand club". Ryan Mendes ne s’en fait pas pour son collègue : "En quelques matches, il a démontré une partie de son talent. Et il peut encore nous apporter beaucoup. Lille va l’aider à grandir et, malgré son jeune âge, il peut aussi nous aider à grandir. Une belle carrière l’attend".
Qui ensuite ?
En tournant le regard vers la France, la fédé portugaise n’y trouvera pas que le Lillois. Nombreux sont les jeunes talents sélectionnables à évoluer en Ligue 1. A 28 ans, le Monégasque João Moutinho est le leader d’une légion dont Ricardo Carvalho – banni par Bento et repêché par Fernando Santos – fait figure d’ancien combattant (sans toutefois avoir déposé les armes). Lorient couve Raphaël Guerreiro (20 ans) qui, après deux caps A, a déjà conquis le public portugais. Lyon a formé Anthony Lopes (23).
Est-il besoin d’insister sur l’éternel souci des gardiens au Portugal ? Bordeaux vient de découvrir l’ambitieux Tiago Ilori (21). Cédé par Liverpool, le luso-anglais a été à bonne école : le Sporting.  Tous, comme Rony, sont binationaux. Tous s’inscrivent dans le fameux plan de renouvellement de la Seleção. Ajoutez-y le Monégasque Bernardo Silva (20). En 2014, les équipes de jeunes du Portugal ont fait appel à une quinzaine de joueurs évoluant, nés et/ou formés en France. "Rony Lopes et Bernardo sont juste impressionnants ! En Espoirs, ils régalent", s’enthousiasme Guerreiro. Voilà un moment que les Portugais n’ont pas réellement goûté à ce plaisir…
Nicolas VILAS : Commentateur du foot portugais sur Ma Chaine Sport, Nicolas Vilas ne manque pas de promouvoir "sa" Liga sur les ondes de RMC. Débats, analyses, interviews, il vit sa passion pour le "futebol" avec le sourire. Et tente, autant que possible, de le transmettre...
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