Equipe de France : Hatem Ben Arfa de retour chez les Bleus ? Pour nous, c'est encore trop tôt

En plus d'être talentueux au possible, Hatem Ben Arfa est un joueur "utile". Grâce à lui, on peut tester la mémoire des observateurs de la chose footballistique. Tous les deux ans environ, il rejoue la même partition. Plus bas que terre, il ressurgit et redevient instantanément l'élu aux yeux des amateurs éclairés (et des autres). De Lyon à Nice, en passant par Marseille et Newcastle, HBA nous a refait le coup à maintes reprises. A Nice ? Pareil. Un début de saison stratosphérique et le gaucher se retrouvé propulsé aux portes de l'équipe de France. Ça marche à chaque fois.

Quand on a un tel talent, on n'est de toute manière jamais très loin des Bleus. Mais ça ne suffit pas à ouvrir les portes du château. On en aura probablement la preuve jeudi. Pas de panique, Didier Deschamps est pragmatique et finira par rappeler Ben Arfa s'il continue sur sa lancée. Qu'importe leur passé commun à l'OM... Néanmoins, pour cette trêve internationale, c'est trop tôt. Et cela ne serait pas rendre service au joueur qui, à 28 ans, a désormais besoin de régularité. Il le sait et le clame haut et fort. Flamber, Ben Arfa sait faire. Enchaîner, c'est une autre histoire. Et c'est celle-là qui intéresse DD, ainsi que sa faculté à se fondre dans un groupe à fort "ego ajouté". Ce qui n'a pas toujours été une évidence. Les murs des vestiaires du stade Olympique de Kiev pourraient en témoigner s’ils n’étaient pas muets.

Je comprends que l'on puisse se poser la question. Mais être soumis à une tentation, ce n'est pas nécessairement y céder. Oui, Hatem Ben Arfa a livré un bijou de match, avec un diamant brut, son deuxième but. Mais l'équipe de France n'est pas une fille facile. Elle ne cède pas aux avances du premier flambeur venu. On la (re)conquiert sur le long terme. Huit matches, ce n'est pas du long terme. Avec Ben Arfa, on parle certes d'un joueur au potentiel au talent rare. Mais c'est bien connu, il n'y a pas de talent. Il n'y a que des preuves de talent. L'ancien Marseillais, c'est vrai, en a donné une belle ce week-end.

Mais il en faudra d'autres, beaucoup d'autres, pour que son retour chez les Bleus s'impose comme une évidence. Il n'a plus porté le maillot tricolore depuis trois ans et demi. Alors, certes, HBA flambe depuis six semaines. Mais le poids de ce mois et demi, face à ses quelques 40 mois d'absence, ne pèse pas encore pas grand chose. L'intéressé lui-même a eu le discours juste dimanche, rappelant que, s'il avait livré un bon début de saison, ce n'était "que huit matches" et qu'il lui faudrait "confirmer sur la durée". Ce qu'il a toujours eu du mal à faire. Pour l'heure, c'est encore trop peu, trop tôt.

Hatem Ben Arfa s’éclate à Nice. Il y évolue dans une situation de confort rare dans sa carrière. Il faut dire que l’environnement niçois est idéal. Le natif de Clamart n’y croule pas sous la pression du résultat, le public français attendant de le revoir maillot sur le dos et crampons aux pieds avant de redevenir exigeant. Voilà pourquoi il est urgent d’attendre pour le rappeler chez les Bleus. Parce que le plus dur commence seulement pour l’ancien Marseillais.

D’autant que réussir pareille performance à Nice invite à relativiser, sans faire offense à l’OGCN. Ses concurrents pour une place chez les Bleus évoluent au Real Madrid, à Lyon, à l’Atlético ou à Manchester United. Le contexte y est bien différent, la compétition pour une place dans le onze d’un autre tonneau. Ben Arfa n'a plus touché à ce très haut niveau depuis un bail. Et lorsqu’il l’a fait, il n’y a pas laissé un souvenir impérissable. Pour preuve, ses 23 matches de Ligue des champions et ses 13 sélections chez les A sont aujourd’hui aux oubliettes. Avant de goûter à nouveau au sommet que doit être l’équipe de France, Ben Arfa a encore tant de choses à (se) prouver que l’appeler jeudi serait une erreur. De timing, tout du moins.