L1 : Les 5 raisons pour lesquelles le PSG ne pouvait pas lâcher Motta

La confidence fleure bon le message politique. Celui d'un président qui, en pleine négociations, veut conserver un joueur. Voici donc ce que disait Nasser Al-Khelaïfi à propos de Thiago Motta vendredi, en conférence de presse :

Ces propos, Al-Khelaïfi les a tenus avant que Paris officialise la prolongation de son milieu italo-brésilien dans la soirée. Aussi diplomatiques soient-ils, ils attestent d'une réalité sportive : oui, mille fois oui, Thiago Motta est précieux, pour ne pas dire indispensable, à l'équilibre du 4-3-3 parisien. Laurent Blanc en a toujours fait sa pierre angulaire.

Son été mouvementé avait contraint l'entraîneur du PSG à le placer sur le banc lors de la 1re journée. Mais à Lille (0-1), l'expulsion express d'Adrien Rabiot a bouleversé les plans initiaux. Pour le plus grand bien du PSG. La rentrée de Motta n'est pas passée inaperçue.

Très vite, l'Italo-Brésilien a posé son empreinte sur l'entrejeu. Très vite, il a stabilisé le fameux bloc-équipe. Très vite, il a refait parler sa justesse technique. Ses deux titularisations face au Gazélec Ajaccio (2-0), puis à Montpellier (0-1), l'ont prouvé : malgré ses récents états d'âme, il n'a rien perdu de son influence.

Thiago Motta n'est pas un monstre physique. Son truc, à lui, c'est le placement, l'anticipation. La passe juste, précise, toujours dans le bon tempo. Cette science tactique a le don de libérer ses deux acolytes du milieu. A ses côtés, Marco Verratti a pris une dimension insoupçonnée lorsqu'il est arrivé de Pescara, il y a trois ans.

Si le jeune Italien est aujourd'hui appelé régulièrement en sélection, c'est bien parce que la présence de Thiago Motta contribue à son épanouissement sur le terrain. Stats à l'appui, l'influence de Verratti sur le jeu du PSG atteint aujourd'hui les sommets de son aîné. Même s'il lui manque la malice d'un joueur de 32 ans pour commettre moins de fautes et prendre moins de cartons.

Aux côtés du duo Motta-Verratti, Blaise Matuidi a, lui aussi, pris une autre dimension. L'ancien Stéphanois galope comme personne. N'hésite plus à se projeter vers l'avant. Et devient même décisif. Tantôt passeur pour Lucas, à Lille. Tantôt buteur face au Gazélec et à Montpellier. A chaque fois, Motta veillait au grain. Sagement installé devant la défense.

Thiago Motta n'est pas qu'un magnifique manieur de ballon. Il a aussi un côté obscur : en Ligue 1, il incarne comme personne la provocation. Celui qui, par ses petits coups vicieux, fait perdre les nerfs à ses adversaires autant qu'il fait tourner les têtes des arbitres. Du point de vue parisien, ces ruses de vieux briscard sont une force. Parce qu'elles affaiblissent une équipe déjà épuisée à courir après le ballon.

Beaucoup ont dépensé de l'énergie à répondre. Au point de commettre l'irréparable…. Demandez à Brandao. Il y a un an, le Brésilien s'était fendu d'un coup de boule devant les caméras de surveillance du Parc des Princes. Motta en était ressorti avec un nez cassé. Et l'image d'un éternel provocateur qui "passe son temps à insulter les joueurs", pour reprendre les mots du Bastiais Julien Palmiéri.

En janvier, Christophe Galtier, l'entraîneur de Saint-Etienne, s'était à son tour élevé contre "un joueur qui énerve beaucoup les autres". L'ex-milieu du Barça venait de mettre prématurément un terme à la saison de Renaud Cohade. Un mois plus tard, Michel der Zakarian, le coach du FC Nantes, l'avait carrément qualifié de "tricheur", après une demi-finale de Coupe de la Ligue perdue face au PSG (1-2). "Tricheur", peut-être. Provocateur, sans doute. Dans les deux cas, ses adversaires perdent les pédales.

A son poste, Thiago Motta rivalise avec les plus grands. Depuis son arrivée au PSG, en 2012, il tourne à 80 passes par rencontre en moyenne. C'est mieux que Xavi, l'ancien stratège du Barça (79 passes). Mieux que son coéquipier Marco Verratti (79). Mieux encore que Xabi Alonso (Real Madrid puis Bayern Munich, 78).

Motta tient même la dragée haute à une autre référence : Sergio Busquets, le baromètre du Barça.

C'est peu dire que le palmarès de Thiago Motta est long comme le bras. Depuis ses premiers pas professionnels avec le Barça, en 2001, il a raflé vingt trophées. Avec, à la clé, deux Ligue des champions, en 2006 et 2010. Rien que ça.

A Paris, cette insolente réussite s'est déjà matérialisée par trois titres de champion consécutifs. Avec lui, le PSG affiche une moyenne de 67% de victoires. Et prend 2,3 points par match. Un rythme de champion ? Oui, évidemment. Devant de tels résultats, Nasser Al-Khelaïfi n'a pu que se rendre à l'évidence : "il était hors de question de se séparer de ce très grand joueur."