"Lâche les dollars ou casse-toi" : MLD est plus que jamais dans le viseur des supporters

Dimanche soir, de nouvelles banderoles vont fleurir dans les virages du stade Vélodrome. A l'occasion de la réception de Bordeaux, les supporters olympiens entendent encore exposer leur mécontentement devant les caméras de Canal +, diffuseur du "grand match" de la 33e journée opposant le 13e au 14e du championnat… Contre Rennes (2-5) avant la trêve internationale, le ras-le-bol des fans de l'OM s'était traduit par des messages très durs envers la direction olympienne et Michel. Fusible traditionnellement le plus facile à faire sauter, l'entraîneur espagnol était au centre de beaucoup de crispations. Les supporters réclamaient la tête du coach espagnol, incapable de faire gagner l'équipe marseillaise à domicile en Ligue 1 depuis le 13 septembre dernier.

Pour matérialiser leur colère devant des résultats aussi faibles cette saison, les fans de l'OM ont trouvé une image très parlante. "Tu te rends compte que l'on n'a pas gagné chez nous en championnat depuis que mes deux minots (NDLR : enfants) ont repris l'école en septembre ? Tu trouves ça normal ?" Droit dans les yeux, l'un des responsables de club de supporters a directement interpellé Michel cette semaine. Il a profité de la réunion joueurs-supporters pour échanger avec l'entraîneur espagnol… qui n'était pas initialement convié par le club à cette rencontre. "Vraiment, je veux vous demander pardon pour ces résultats", a lâché l'ancien milieu de terrain du Real Madrid.

A l'issue de la réunion avec les supporters, Michel a tenu à discuter plus librement avec certains supporters. Il leur alors confié qu'il comprenait leur colère. Et qu'il avait aussi des enfants, un bon moyen de se rendre plus "humain" aux yeux des fans marseillais. Au sortir de cette rencontre, l'entraîneur espagnol n'était d'ailleurs plus dans l'œil du cyclone des revendications des fans de l'OM. "C'était peut-être la réunion de la dernière chance pour que l'on se focalise sur les joueurs et pas sur la direction, explique Christian Cataldo, président des Dodger's, l'un des groupes de supporters les plus actifs ces derniers temps. Mes cibles, ce ne sont pas les joueurs ou l'entraîneur. Mais c'est Margarita Louis-Dreyfus et Labrune. Car si on en est là, c'est parce qu'il y a eu des mauvaises décisions qui ont été prises au fil des années."

Au rayon des doléances figurent plusieurs dossiers chauds. Le départ de Marcelo Bielsa, le manque d'ambition du club et le traitement réservé aux supporters ulcèrent les fadas de l'OM. Le premier à figurer dans le viseur des supporters fut Vincent Labrune. Sa politique sportive, mais aussi managériale, a souvent été pointée du doigt. Et la signature (compliquée) de la convention autour des abonnements en virages - dont la gestion reviendra exclusivement au club la saison prochaine - n'a pas arrangé sa cote de popularité. Fragilisé, isolé, VLB semble aujourd'hui laisser la place sur le trône de la colère à sa supérieure hiérarchique directe, Margarita Louis-Dreyfus. C'est elle, désormais, qui fait figure de cible favorite.

Déjà très peu populaire en virages, MLD n'a pas arrangé les choses avec son communiqué publié en début de semaine. Après sa rencontre à Zurich avec Labrune et Michel, elle a expliqué que le statu quo allait prévaloir jusqu'à la fin de la saison. Cette énième façon de botter en touche fut la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de l'exaspération olympienne.

"La propriétaire ne pense qu'à pouponner et n'en a rien à foutre du club, s'emporte Michel Tonini, président des Yankee, à propos de Margarita Louis-Dreyfus qui vient d'accoucher de deux jumelles. "Peut-être que la vraie réalité, ce n'est pas les joueurs sur le terrain mais c'est la direction. J'espère qu'elle va se rendre compte que l'OM est un poids pour elle. Elle ne l'a pas payé. Elle en a hérité. Qu'elle le donne à un propriétaire sérieux pour que l'on puisse repartir sur des bases nouvelles et saines."

La vente du club représente aujourd'hui le seul espoir des fans marseillais. Ils ne supportent plus la gestion par le club de MLD, rebaptisée MDR pour "mort de rire". Ayant fait le deuil du départ de Michel avant la fin de la saison, toujours remonté contre Labrune mais estimant qu'il est de plus en plus poussé vers la sortie, les fans olympiens ont finalement déplacé leur curseur du mécontentement vers la patronne du club. "Elle nous tire vers le bas, explique encore un responsable de groupe de supporters du virage Sud. On n'en peut plus. C'est devenu un calvaire de supporter l'OM…"

Dans ces conditions, la citation de l'ancien patron de l'OM, Robert Louis-Dreyfus (décédé en 2009), dans l'affaire des "Panama papers" a de nouveau fait grincer des dents dans les tribunes. "On ne comprend pas pourquoi il n'y a plus d'argent pour investir à l'OM, lâche, dépité, l'un des responsables d'un groupe de supporters en virage Nord. En tout cas, nos banderoles sont déjà prêtes." Si les stadiers les laissent passer, les messages s'adresseront donc tout particulièrement à Margarita Louis-Dreyfus face à Bordeaux. "Lâche les dollars ou casse-toi" : voilà l'un des slogans appelés à être présent dans les travées d'un Vélodrome bien peu gâté cette saison…