Tour de France des clubs, épisode 12 : Rennes, le bout de l'ennui ?

En 2013, Philippe Montanier arrive au Stade Rennais, fort de son expérience réussie à la Real Sociedad, de son charisme et de son… "projet de jeu". Une expression restée dans les mémoires, et pour cause. Depuis deux ans, le club breton déjoue en fait plus qu'il ne joue. Douzièmes en 2014, neuvièmes en 2013, les Rouge et Noir se sont même imposés dans l'imaginaire collectif comme une équipe ennuyeuse, condamnée au ventre mou de la Ligue 1.

Une période de vaches maigres qui a également déplu aux dirigeants rennais, lesquels ont sondé Jocelyn Gourvennec pour une hypothétique arrivée sur le banc. Montanier le sait : il lui faut maintenant réussir pour redorer son blason et celui de son club. Cette saison, le technicien normand a eu des moyens, des recrues et des pouvoirs élargis sur le plan sportif. Autrement dit, il n'a plus aucune excuse. A défaut d'objectifs chiffrés, sa feuille de route est claire : place au jeu.

C'est une vieille marotte rennaise. René Ruello en a fait un leitmotiv. Le retour à l'identité bretonne est dans toutes les bouches, de tous les projets du SRFC depuis quelque temps. Exit le stade de la Route-de-Lorient, place au "Roazhon Park". Exit le recrutement national voire international dès le plus jeune âge, place à un centre de formation axé sur les meilleurs espoirs bretons.

Le Stade Rennais s'est fixé comme objectif de se recentrer sur son ancrage territorial, dans la lignée de ce que fait l'Athletic Bilbao en Espagne. Comme à chaque projet, toutefois, il faut une incarnation. Pour Rennes, celle-ci est presque un fantasme : celui de faire revenir au bercail l'enfant prodige du club, Yoann Gourcuff. Le joueur serait en discussions avancées avec les dirigeants rennais. Sportivement comme médiatiquement, son arrivée boosterait la marche en avant du SRFC.

A un an de l'Euro 2016 en France, Paul-Georges Ntep a honoré, en juin dernier, ses deux premières sélections sous le maillot des Bleus. Dont dix minutes face à la Belgique (3-4), au Stade de France, avec à la clé une passe décisive offerte à Nabil Fekir. Une prestation réussie qui peut amener l'ailier rennais à nourrir l'espoir de faire partie, en mai prochain, des vingt-trois joueurs convoqués par Didier Deschamps.

Fer de lance du groupe de Montanier la saison dernière (9 buts et 6 passes décisives en 35 matches de Ligue 1), Ntep a suscité cet été la convoitise de Monaco, Liverpool ou encore Arsenal. Comme nous vous le révélions dès les premiers jours du mercato, il a pourtant fait le choix de rester à Rennes. Malgré une présaison entachée par une blessure aux ischios et au tibia, Ntep devra confirmer les promesses aperçues la saison dernière quand il sera prêt à en découdre. C'est souvent le plus difficile.

La défense centrale rennaisea tout pour avoir une belle gueule. Entre la recrue Pedro Mendes, arrivée en provenance de Parme et passée par le Real Madrid et le Sporting, le fougueux Mexer et le taulier Sylvain Armand, Montanier a trois atouts intéressants. De quoi jouer à trois derrière ?

Giovanni Sio va-t-il être le buteur qu'attendaient tant les Rennais ? Originaire de Nantes, l'ancien joueur de la Real Sociedad, Wolfsburg et Sochaux arrive dans un secteur quelque peu sinistré.

Quel système de jeu pour Rennes ? Pendant les matches amicaux, Montanier a essayé le 4-2-3-1, le 5-4-1, le 3-5-2… Volonté affichée par le coach : "instaurer une nouvelle animation pour avoir plus souvent le ballon et se procurer plus d'occasions." Projet de jeu, on vous dit.

Comme le nombre de joueurs sous contrat au Stade Rennais. Avant le 31 août, le club breton devra (largement) dégraisser s'il ne veut pas vivre une saison marquée par les conflits de vestiaire et les crises d'ego. D'autant plus au vu de l'homogénéité de l'effectif rennais. "Il est difficile d'établir un onze type pour l'instant", confirmait Montanier dans Ouest-France cette semaine.

Evidemment, ça n'est qu'une idée. En plus du système, Montanier dispose de nombreuses alternatives sur le plan des hommes. Aussi Mendes, Lenjani, Doucouré ou encore Grosicki pourraient-ils prétendre rapidement à une place dans le onze breton. Sans compter sur l'incertitude Toivonen, annoncé partant, surtout en cas de retour de Gourcuff.