OM - OL : Quand Vincent Labrune se trompe sur toute la ligne
LIGUE 1 - Face aux incidents qui ont émaillé le choc olympique entre Marseille et Lyon dimanche soir, le président de l'OM Vincent Labrune a tenu un discours aux frontières de l'absurde. Sur le fond comme sur la forme, ses justifications au comportement du public marseillais laissent songeur.
Vincent Labrune, président de l'Olympique de Marseille
Crédit: Panoramic
Il était très attendu, cet OM-OL. Il n'a pas déçu. Ni dans son offre sportive, tant le match a été remarquable en termes d'intensité, ni, malheureusement, dans ses aspects les plus sombres. Si l'attitude du public marseillais a été au cœur de la controverse, c'est aussi la reprise de la guéguerre entre les présidents Labrune et Aulas qui aura contribué à la nocivité de cette soirée.
Le folklore, c'est bien. La rivalité, c'est formidable. Les joutes oratoires, très bien. Mais le silence possède des vertus que l'incontinence verbale n'aura jamais. Vincent Labrune aurait dû s'en souvenir dimanche soir. Car si les présidents de club peuvent parfois dire beaucoup de bêtises après les matches, on a découvert dimanche soir qu'ils pouvaient faire pire encore, pendant. En la matière, le patron de l'Olympique de Marseille a fait très fort.
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Anthony Lopes lors de OM-OL.
Crédit: Panoramic
Surréaliste, démago et irresponsable
Les propos qu'il a tenus en direct sur Canal + lors de l'interruption du match en seconde période étaient tout à la fois surréalistes, démagogiques et irresponsables. Pour rappel, les voici :
On laissera à chacun le soin de juger selon sa sensibilité si le public était formidable. Dans sa ferveur, sans aucun doute. Mais l'image d'une poupée à l'effigie de Valbuena pendue à une potence et les multiples projectiles, notamment des bouteilles de bière en verre (comment peut-on entrer au Vélodrome "armé" de tels projectiles?) collent assez mal avec l'adjectif formidable.
Mais le plus grave, c'est de considérer que l'arrêt du match puisse être imputable, à parts égales, à l'Olympique Lyonnais et à l'arbitrage. Oui, c'est à la fois surréaliste, démago et irresponsable. Surréaliste, car il faut quand même une sacrée dose de mauvaise foi pour reprocher quoi que ce soit sur ce coup-là à l'OL. Sauf à considérer qu'il n'avait pas le droit de recruter Valbuena. Car, pour un peu, Vincent Labrune allait nous expliquer que si Valbuena n'avait pas signé à Lyon, tout ceci ne serait pas arrivé... C'est probablement vrai, mais chacun comprendra bien que cela ne peut faire office d'argument...
Par ailleurs, laisser croire que le climat délétère de cette soirée était dû au carton rouge infligé à Alessandrini et au penalty accordé à Lacazette est un travestissement des faits. Le public était chauffé à blanc bien avant cela. Et quand bien même l'arbitre aurait eu tort sur ces deux faits de jeu, ils n'auraient en rien excusé le comportement du public. Le problème, dimanche soir, c'était le public. pas l'arbitre. Inverser les rôles et renverser les responsabilités n'est pas raisonnable. Or, en tenant ces propos, Labrune confère à ces incidents à un aspect mineur ("un ou deux dérapages", "deux ou trois bouteilles de bière") et, pire, les cautionne à demi-mots. En cela, son discours est irresponsable.
Mais Vincent Labrune est prêt à tout pour ménager son public et ne pas s'attirer ses foudres. Quitte à le soutenir en dépit du bon sens et de toute évidence. Il faut brosser dans le sens du poil, encore et toujours. C'est cela, la démagogie. En raisonnant par l'absurde (il ne fallait pas que l'arbitre soit méchant avec nous, sinon le public n'est pas content, il ne fallait pas que Valbuena joue à Lyon), le président phocéen a fragilisé son crédit. Et s'il assure vouloir "prendre des responsabilités," il n'a en réalité jamais adopté la bonne attitude autour de ce match.
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La poupée à l'effigie de Valbuena
Crédit: Panoramic
Hors sujet complet
Ni avant, où, plutôt que d'apaiser les choses autour du cas Valbuena, il a préféré y aller de ses petites phrases ("Je ne suis pas joueur de foot, mais à titre personnel, il ne me serait pas venu à l’esprit d’aller à l’OL"). Ni pendant car, bien avant la 62e minute, il aurait pu intervenir, aller voir ses supporters, bref, calmer le jeu. Ni après, donc, avec cet argumentaire hors sujet.
Je ne crois pas qu'il soit un guignol, comme l'a prétendu son alter-ego lyonnais Jean-Michel Aulas. Le fond du long entretien accordé samedi à L'Equipe Magazine, toujours intéressant et non dénué d'une certaine vision, tend à prouver le contraire. Mais dimanche soir, dans le tumulte du Vélodrome, le président marseillais a vraiment eu tout faux. Il n'a servi ni sa cause ni celle de son club, même s'il semble convaincu du contraire. Un hors sujet complet.
Tout l'inverse des joueurs des deux camps. A l'issue de ces débats animés et houleux, ils ont, que ce soit à travers des images apaisantes dès le coup de sifflet final ou via leurs paroles pleines de bon sens, apporté une dose d'intelligence à une soirée souvent navrante et dont Vincent Labrune restera comme le moins inspiré de tous.
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Aulas (OL) et Labrune (OM) s'allument depuis des mois
Crédit: Panoramic
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