Pour défier le PSG, Nice a une arme risquée mais redoutable : son amour du jeu

Si certains en doutaient, Claude Puel n'a pas tardé à les rassurer. "Face au PSG, on ne peut pas se contenter de défendre. Ce serait suicidaire", a asséné l'entraîneur niçois en conférence de presse, jeudi. La réception du leader parisien à l'Allianz Riviera s'annonce donc bel et bien comme l'opposition entre les deux équipes les plus joueuses du championnat.

Evacuons tout de suite un écueil possible de l'analyse : Nice n'est évidemment pas le PSG. Il n'en a ni les armes, ni le talent, ni la dimension. Mais, pour le reste… De toutes les équipes de "l'autre championnat", celui des 19 autres équipes de Ligue 1, Nice est la formation la plus proche du PSG en termes d'allant offensif et d'attachement à la possession de balle.

Les deux équipes sont d'ailleurs les deux meilleures attaques de Ligue 1, avec 37 buts pour Paris et 30 pour Nice. En termes de possession, les 55% de moyenne du Gym et les 63% du PSG en font, avec Lyon et Marseille, des références nationales en la matière. Autre chiffre parlant : le PSG a joué 13 241 ballons depuis le début de la saison, Nice 10 831. C'est (beaucoup) plus, par exemple, que Caen, 2e au classement mais dernier en la matière, qui en a touché 7 274. Comme Paris, Nice a donc l'habitude d'avoir le ballon, souvent, et de marquer des buts, beaucoup.

C'est précisément ce point commun qui rend l'équation si compliquée pour Claude Puel. Comment produire du jeu face à Paris, si maître en la matière ? Comment avoir le ballon face à une équipe si habituée à le monopoliser ? La tentation est grande, même pour des équipes joueuses, de se muer en murailles défensives. Dans un entretien accordé à Onze Mondial en septembre, Claude Puel apportait quelques éléments de réponse.

Cette semaine, devant la presse, Mathieu Bodmer n'a pas dit autre chose.

Des dires que tendent à confirmer les résultats de Nice. A l'exception de son revers contre Monaco (1-2) lors de la 1re journée, le groupe de Claude Puel a séduit… et gagné à chaque fois qu'il a affronté une équipe présente cette saison en Coupe d'Europe.

Reste à savoir si Nice a la moindre chance de tracasser Paris, ses 13 victoires en 16 journées et sa domination permanente. Quand Paris n'a pas gagné cette saison, contre Bordeaux (2-2), à Reims (1-1) ou à Angers (0-0) mardi, c'est principalement parce qu'il n'a pas trouvé la faille dans un bloc adverse compact et rugueux. Hormis en Ligue des champions, il est rare de voir le PSG pris à son propre jeu. Nice, pourtant, a quelques atouts technico-tactiques à faire valoir.

Le 4-4-2 en losange plébiscité par Claude Puel tient sa principale forme dans ses trois acteurs de l'entrejeu : Mendy, Seri et Koziello. Les trois petits gabarits azuréens ont l'habitude de faire la loi au milieu. Hyperactifs et très à l'aise techniquement, les trois donnent le tempo d'un jeu niçois fait de redoublement de passes courtes et de densité axiale. Précisément ce qui peut déplaire à un milieu parisien très doué balle au pied, mais qui manque parfois de rythme, sinon de "peps".

Offensivement, Nice est redoutable parce qu'imprévisible. Son animation offensive est faite, de la relance à la finition, de passes courtes, de mouvement et de jeu combiné. L'analyse des statistiques du Gym en dit long sur cette réalité. Ainsi, sur les 20 équipes du championnat, Nice est dernière de L1 au nombre de corners, avant-dernière au nombre de centres, 14e au nombre de tirs… et 2e au nombre de buts !

Concrètement, pour marquer, Nice n'a pas besoin de tirer énormément. Il privilégie le jeu au sol, tire de plus près… et fait souvent mouche. Face à une défense parisienne pas toujours infaillible lorsqu'elle est prise en vivacité, cela peut constituer une arme majeure.

Pour mettre à mal l'ogre parisien, Nice a son nec plus ultra : Hatem Ben Arfa. La star du club sudiste s'est déjà offert 7 buts et 2 passes décisives en 15 matches de Ligue 1. Virevoltant depuis le début de la saison, l'international français a manqué le dernier match de son équipe, à Lorient (0-0). Malade depuis une semaine, il devrait être rétabli pour le choc face au PSG. Un adversaire contre lequel il a inscrit 3 buts en 5 matches, avec Lyon et Marseille. Ces affiches de gala, HBA les aime et sait les honorer de son talent.

Evidemment, tout cela ne suffira peut-être pas. Et, quand bien même les ingrédients sont au rendez-vous, il faudra que les Niçois y mettent une sacrée dose d'envie et de réussite pour que la recette fonctionne. Mais le jeu en vaut la chandelle. Si ça ne fonctionne pas, qui leur en tiendra rigueur ?