Invincible à domicile, impuissant à l'extérieur : Rennes est-il vraiment schizophrène ?

Une équipe dont les résultats changent radicalement selon qu'elle joue chez elle ou chez l'adversaire, l'histoire du championnat de France pourrait en présenter une pléiade. Le raisonnement peut d'ailleurs être pensé d'une manière plus globale à travers le monde, d'autres ligues ayant également rencontré ce type de "paradoxes" depuis leur création.

Y a-t-il pour autant une explication systématique pour comprendre ces différences de résultats ? Dans ce genre de situations, l'argument le plus souvent avancé consiste à dire qu'une équipe intraitable à domicile est une équipe joueuse, tandis qu'une formation spécialiste des victoires à l'extérieur s'appuie surtout sur des qualités de patience et de calcul. Mais cette saison, l'exemple rennais semble indiquer que ce n'est pas toujours aussi simple.

Interrogé à ce sujet en conférence de presse vendredi matin, Christian Gourcuff n'a d'ailleurs pas accordé beaucoup de crédit à la thèse du "bon à domicile, mauvais à l'extérieur". Son équipe a pourtant gagné ses quatre matches de L1 au Roazhon Park et les a quasiment tous perdus hors de ses bases (un point pris sur douze).

Pour justifier sa théorie (selon laquelle il n'y a aucune théorie, vous suivez ?), le technicien breton a laissé entendre aux journalistes que les résultats pouvaient fluctuer en fonction du niveau de l'adversaire. "Sans dévaloriser les autres [les équipes qui ont déjà visité la Bretagne et sont reparties avec une défaite, NDLR], on sera confronté dimanche à un adversaire d’un autre calibre", a-t-il déclaré au sujet de Bordeaux, sixième de Ligue 1 avec 13 points, comme Rennes.

Pour corroborer les propos de Christian Gourcuff, on constate que le SRFC n'a battu chez lui aucun "cador". Nancy (2-0), Caen (2-0), l'OM (3-2) et Guingamp (1-0) furent tous des adversaires à la portée des Bretons, à l'inverse de Nice (1-0) et Monaco (3-0), deux très gros morceaux qui font partie des trois bourreaux des Rennais cette saison à l'extérieur. Ce statut dans la hiérarchie des équipes du championnat n'explique pas tout. Rennes a par exemple fait match nul à Montpellier (1-1) et a perdu à Dijon (3-0).

Plus que les observations liées au seul résultat, l'analyse de la manière et des intentions permet de nier la schizophrénie supposée de Paul-Georges Ntep et consorts cette saison. Christian Gourcuff, tacticien fidèle à son 4-4-2 (dont l'animation peut évidemment évoluer selon les joueurs alignés), a des désirs de jeu et de possession du ballon, quel que soit le terrain sur lequel son équipe se trouve, comme c’était déjà le cas lorsqu’il entrainait Lorient. Une statistique d'Opta vient souligner cette volonté. Outre le PSG, seul le Stade Rennais n'a jamais été "dominé" dans la possession cette saison (55,7%). Preuve que le collectif breton ne modifie pas radicalement son comportement d'une semaine à l'autre en Ligue 1.

"Ce qui nous intéresse, c’est de faire des bons matches, résume Gourcuff. D’autant plus à domicile bien sûr pour fidéliser les supporters, mettre de l’ambiance au Roazhon Park et vivre des belles soirées chez nous." S'il y a une conséquence à tirer du bon parcours rennais chez lui cette saison, elle se situe donc peut-être au niveau de sa bonne relation avec son public…