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Lille, un club comme Bielsa les aime

Thomas Goubin

Mis à jour 17/03/2017 à 14:44 GMT+1

Voir Marcelo Bielsa revenir en Ligue 1, via le LOSC, plutôt que l'OM, a pu surprendre. Mais dans le parcours européen d'El Loco, le voir opter pour un club comme Lille, n'a rien d'une anomalie. Explications.

Marcelo Bielsa

Crédit: Panoramic

Le LOSC, un potentiel à exploiter

Espanyol Barcelone (1998), Athletic Bilbao (2011-2013), et un OM en crise (2014-2015). En Europe, Marcelo Bielsa n'a jamais débarqué pour prendre en main un club en position dominante. Et c'est encore le cas avec Lille, actuellement à la lutte pour son maintien. Pédagogue et formateur dans l'âme, El Loco préfère faire grandir, plutôt que de gérer l'opulence. En 2004, l'entraîneur argentin avait ainsi rejeté une offre du Real Madrid, comme il ne donna pas suite, à plusieurs reprises, aux approches de l'Inter Milan. En réalité, Marcelo Bielsa apprécie les institutions à potentiel. Celles où sont mises à sa dispositions des ressources humaines et matérielles, non pas pléthoriques, mais en qualité suffisantes.
Sa mission : faire réaliser un saut qualitatif à l'équipe comme au club. C'est ce qu'il était parvenu à faire à l'Athletic Bilbao, finaliste de l'Europa League et de la Coupe du roi au terme de sa première saison au Pays Basque. Au Chili, Bielsa avait aussi réalisé un travail de même type, mais au bien plus long cours. A la tête de la sélection (2007-2011), il avait fait de la Roja, second rôle éternel, un outsider redouté. Au LOSC, Bielsa disposera d'un effectif qui a été rajeuni au mercato, d'installations de grande qualité, et la nouvelle équipe dirigeante a fait miroiter un investissement conséquent. Un socle qui a séduit le très exigeant argentin, qui se démènera pour faire du LOSC un club capable de venir jouer les trouble-fête en haut du classement.
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Marcelo Bielsa avant OM-PSG, le 5 avril 2015

Crédit: Panoramic

Recrutement pointu et ambitieux

L'été dernier, Marcelo Bielsa avait démissionné de la Lazio Rome avant même d'avoir dirigé le moindre entraînement. La principale raison : les recrues qu'il avait demandées n'étaient pas arrivées. Au LOSC, la présence de Luis Campos ressemble à une garantie pour satisfaire les exigences d'un entraîneur qui n'est pas loin d'être une cellule de recrutement à lui seul. Bien avant que les responsables du recrutement ne puissent avoir accès à pléthore de rencontres disputées sur les cinq continents, Marcelo Bielsa, depuis l'Argentine, ou le Mexique (1992-1997), se démenait ainsi pour se procurer des VHS de matches, européens en priorité. El Loco avait repéré de cette manière l'exquis meneur de jeu, Jari Litmanen, futur joyau de l'Ajax, alors qu'il évoluait encore dans le très confidentiel championnat finlandais.
Réputé pour sa connaissance vaste et pointue du marché, Luis Campos, ex-conseiller spécial de Vadim Vasilyev à Monaco, où il a contribué aux venues de Bernardo Silva, Fabinho, ou Tiémoué Bakayoko, est particulièrement habile pour repérer des jeunes talents, de la matière première prisée par Marcelo Bielsa, et une promesse de plus-values pour la direction du LOSC. Frais propriétaire des Dogues, Gérard Lopez, avait d'ailleurs assuré, au mois de janvier, avant même que la signature de Marcelo Bielsa ne soit officialisée, que l'Argentin et le Portugais travaillaient "main dans la main". Recruteur d'élite, Campos ressemble, pour le moment, à un allié pour Bielsa, qui n'en sait jamais assez, sur le football et ses interprètes. L'abondant recrutement hivernal du LOSC semble d'ailleurs porter la patte des deux hommes : des sept recrues, six ont entre 18 et 21 ans, et leur provenance, du Paraguay au Portugal, en passant par le Brésil et les Pays-Bas, dénote d'une connaissance encyclopédique et de réseaux multiples.
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Leonardo Jardim - Luis Campos - Vadim Vasilyev (AS Monaco)

Crédit: Panoramic

Luchin, un bel outil de travail

Avant de s'engager avec le Chili, en 2007, Marcelo Bielsa avait fait d'une condition sine qua non une amélioration drastique des piteuses installations de la sélection. Une restauration d'ampleur, qu'il avait ensuite supervisée au plus près, pour disposer d'un outil de travail lui permettant d'appliquer son ambitieuse méthodologie. A Lille, rien de comparable. Avec le domaine de Luchin, l'un des centres d'entraînement les mieux équipés de Ligue 1, Marcelo Bielsa dispose d'un outil de travail d'excellence, comme il les affectionne. Perfectionniste, El Loco a toutefois déjà demandé que des améliorations soient apportées (restaurant pour les joueurs, agrandissement de la salle de sport, etc.), comme il l'avait fait à la Commanderie.
Pour les dirigeants lillois, il vaudra mieux tenir parole, Bielsa n'étant pas du genre à accepter le moindre retard. A l'Athletic Bilbao, la relation avec sa direction s'était ainsi soudainement tendue à cause d'un retard dans la rénovation des installations du club. Furieux, Bielsa avait agressé le maître d'oeuvre en le poussant, avant d'aller se dénoncer au commissariat. Si l'écrin du domaine de Luchin a contribué à attirer El Loco, il pourrait toutefois se transformer en pomme de discorde au moindre contre-temps.
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Eder à Lille (LOSC)

Crédit: Twitter

Une question de feeling

C'est une relation aux ressorts mystérieux mais qui a sans doute pesé lourd dans la balance pour faire venir Marcelo Bielsa au LOSC. A priori, on ne voit pas trop ce qui peut rapprocher l'Argentin, si attaché à "l'esprit amateur" du football, de l'homme d'affaires, Gérard Lopez, qui aurait placé au cœur de son projet les plus-values réalisées sur les ventes des joueurs, selon des documents dévoilés par France 3 Nord-Pas de Calais, Mediacités, et Mediapart. Mais si le financier hispano-luxembourgeois a mis El Loco au cœur de ses projets de reprise, de l'OM, tout d'abord, puis du LOSC, c'est n'est pas seulement pour être admirateur déclaré du travail de l'Argentin, mais aussi parce que le courant passe bien entre les deux hommes.
L'ex-propriétaire de Lotus F1 connaît l'ex-coach de l'OM depuis son passage à l'Athletic, et a affirmé à plusieurs reprises qu'il communiquait fréquemment avec lui. Dans les choix de Marcelo Bielsa, une relation personnelle s'avère souvent décisive. Pour qu'El Loco débarque dans la cité phocéenne, Luis Fernandez avait ainsi joué un rôle d'intermédiaire, et Manuel Amoros, lui aussi hispanophone, avait mis de l'huile dans les rouages, une fois l'entraîneur sur place. Deux ex-joueurs, parmi les meilleurs de leur époque, pour qui l'entraîneur argentin avait un profond respect. A l'Athletic, c'est l'ex-footballeur et directeur du centre de formation, José María Amorrortu, qui avait joué un rôle clé dans la venue de l'Argentin. Enfin, au Chili, le président de la fédération, Harold Mayne-Nicholls, était un catholique social, qui partageait des valeurs éthiques avec El Loco. Quand Mayne-Nicholls perdit son poste fin 2010, Bielsa commença à faire ses valises...
A Lille, outre la mystérieuse relation entre El Loco et Lopez, la présence d'un homme de football comme Luis Campos, grand recruteur mais aussi spécialiste des méthodes d'entraînement, a pu aider à convaincre l'Argentin à reprendre du service. Voir Franck Passi à la tête de l'équipe n'a pas non plus dû déplaire à l'ex-sélectionneur de l'Albiceleste, qui avait voulu que son ex-adjoint à l'OM le suive à la Lazio. Lille a su séduire Marcelo Bielsa, et ses arguments semblent solides. Qu'ils résistent à l'exigence et intransigeance quotidienne d'El Loco est une autre histoire...
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