DEBAT - Nice peut-il imiter Montpellier et finir champion ?

J'ai l'intime conviction que les Aiglons auraient tort de ne pas y croire. D'abord parce qu'ils ne sont pas un leader par défaut. Nice n'occupe pas le haut de l'affiche parce que Paris boîte ou parce que Lyon est hors-sujet. Non, Nice est pour le moment seul au monde parce qu'il inflige à la concurrence un rythme que personne ne peut suivre. Je rappelle simplement que Nice cosigne après 10 journées le deuxième meilleur départ de l'histoire de la L1 sous l'ère de la victoire à trois points. Seuls Lyon (2005/2006) et le PSG (2015/2016) ont fait au moins aussi bien… et ont terminé champion à l'issue de la saison. Dix journées, c'est trop peu pour figer des statuts mais suffisant pour dessiner de nettes trajectoires. Celle de Nice est irrésistible.

La force des Azuréens n'est pas seulement comptable. Elle s'appuie surtout sur un collectif complet qui permet de mener de front la Ligue Europa et la Ligue 1 sans altérer la compétitivité du onze. Alassane Pléa, doublure désignée de Mario Balotelli, est le troisième meilleur buteur de L1 avec six réalisations. Les résultats ne sont pas indexés sur les performances de la star italienne ou sur les exploits de Belhanda. La menace est multiple.

Et puisqu'il faut bien en parler, la petite forme du PSG est un autre argument de poids. Plus inquiétant que les résultats timorés des hommes d'Emery, l'incapacité du PSG à progresser depuis le coup d'envoi de la saison jette un voile sur son avenir. Peut-être que tout finira par rentrer dans l'ordre mais Nice n'attend pas les Parisiens depuis août. Monaco est, jusqu'ici, le principal outsider. Mais la raclée reçue à l'Allianz Rivieira (4-0) rappelle aussi que Nice est jusqu'ici au-dessus de ses adversaires dans les confrontations directes. Un dernier signe que les Aiglons auraient vraiment tort de ne pas y croire.

Nice sera peut-être champion d'automne. Et ce serait déjà pas mal. Mais voir Nice en Montpellier version 2012 en mai prochain, c'est une autre histoire. Bien sûr, c'est tentant d'y croire. Sans faire injure au PSG qui permet au championnat de France d'exister sur la scène médiatique internationale, la L1 a besoin d'un peu de changement pour rebooster son intérêt. Nice ne sera cependant pas l'heureux élu qui mettra un terme à l'hégémonie parisienne dans l'Hexagone. Les raisons sont multiples. Mais la principale est assez évidente : la concurrence n'est pas si loin. Et elle va se réveiller !

On pense bien entendu au PSG. Si l'alchimie tarde à se faire avec Unai Emery, l'effectif parisien est encore très largement au-dessus en L1. Et quand ça tournera bien - et cela arrivera forcément -, Paris n'aura pas de mal à combler ses 6 longueurs de retard sur Nice. Il ne faut pas oublier qu’en 2011-2012 quand Montpellier a surpris Paris, le groupe parisien n’avait pas le même vécu. L'autre souci pour les coéquipiers de Mario Balotelli, c'est qu'il n'y a pas que Paris cette saison. Monaco possède également un effectif plus solide que les Aiglons. Oui, cela ne s’est pas vu lors de la 6e journée (4-0). Mais cela se verra dans quelques mois. On prend les paris ? Après tout, l'ASM, habituée aux places d'honneurs ces dernières saisons, n'est qu'à quatre points.

Le calendrier ne plaide pas non plus en faveur de Nice. L'OGCN, qui n'a pas encore affronté le PSG, devra se déplacer à Monaco mais surtout à Lyon ou encore à Marseille lors de la phase de retour. Un détail ? Pas forcément… Autre point qui va peser : dans les prochaines semaines, le Gym va devoir gérer un rythme qui s'annonce infernal. Avec la L1, la Ligue Europa ou encore la Coupe de la Ligue, Nice aura 13 matches à disputer toutes compétitions confondues d'ici fin décembre. Si Lucien Favre a densifié son effectif cet été et brille par sa science tactique, le groupe niçois va le payer à un moment ou un autre. En clair, Nice est un candidat plus que sérieux et sera sûrement sur le podium en fin de saison. Mais ne sera pas champion.