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Bruno Genesio, l'improbable anniversaire

Louis Pillot

Mis à jour 10/12/2017 à 12:27 GMT+1

LIGUE 1 - Bruno Genesio s’apprête à fêter ses deux ans sur le banc de l’OL. Une centaine de matches après son arrivée, le coach de l’OL a fait taire la majorité des critiques à la faveur d’une excellente série débutée en octobre. Sans toutefois faire l’unanimité, avant le déplacement à Amiens (15h).

Bruno Genesio (Lyon) en Ligue 1 2017-2018

Crédit: Getty Images

Qualifié pour le printemps en Ligue Europa, premier poursuivant du PSG en Ligue 1, l’Olympique Lyonnais s’apprête en plus à fêter un anniversaire inattendu. Bruno Genesio, nommé le 24 décembre 2015, est proche de célébrer ses deux ans sur le banc de l’OL. Une performance, tant le coach rhodanien peine à faire l’unanimité depuis ses débuts. La récente bonne série lyonnaise, entamée en octobre contre Monaco (3-2), a renforcé le crédit du technicien lyonnais, sans pour autant lui accorder une immunité totale auprès des supporters.
Celui que certains surnomment ironiquement "Pep Genesio" ne s’est pas montré rancunier. Fin novembre, avant la défaite contre Lille (1-2), l’entraîneur lyonnais affirmait ne pas ressentir “d’amertume vis-à-vis de qui que ce soit”. Le coach s’est même mué un instant en philosophe : “Lorsque les critiques sont objectives et ne dépassent pas certaines limites, il faut les écouter. Elles peuvent même vous faire progresser.” Force est de constater que Genesio a mis en application ce credo.

Genesio a appris

En un sens, l’entraîneur de l’OL a été chanceux. Dans une Ligue 1 de moins en moins patiente avec ses entraîneurs, l’ancien adjoint d’Hubert Fournier a été conforté par Jean-Michel Aulas, y compris après un début de saison en dents de scie - et malgré les déclarations parfois énigmatiques du boss de l’OL. La patience du président a payé : entraîneur novice avant de prendre ses fonctions sur le banc lyonnais, Genesio a appris de ses erreurs.
Terminées, les compositions fantaisistes tentées la saison dernière : le système à trois défenseurs, testé pendant huit matches d’affilée à la fin de l’été et au début de l’automne 2016 (pour quatre défaites), a été mis au placard. Le double pivot, testé via l’association entre Lucas Tousart et Maxime Gonalons, a également été progressivement abandonné. L’entraîneur de l’OL, partisan d’un bloc bas favorable aux contres, a su construire son mercato selon ses propres idées. Les arrivées de Mariano, Bertrand Traoré, Kenny Tété ou Marcelo correspondent toutes à l’animation recherchée par Genesio.
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Bruno Genesio et Nabil Fekir lors du derby OL-Saint-Etienne

Crédit: Panoramic

Construire autour de Fekir

Le coach lyonnais le reconnaît lui-même : il a su évoluer, en particulier “dans le management de certains joueurs et la façon de gérer le groupe”. Genesio a su construire son équipe autour de Nabil Fekir, en laissant de côté le 4-3-3 de la saison passée pour adopter un 4-2-3-1 plus adapté aux qualités de son meilleur joueur et plus équilibré - en témoigne la solidité défensive exceptionnelle affichée par l’Olympique Lyonnais ces derniers temps, avec sept clean sheets d’affilée en octobre-novembre. Il a également, comme pour répondre à un reproche récurrent, lancé des jeunes comme Houssem Aouar ou Tanguy Ndombélé. D’aucuns le jugeront encore frileux, alors que Maolida, Gouiri ou Geubbels prétendent eux aussi à du temps de jeu.
Genesio s’est également rapproché de certains joueurs avec qui les relations étaient plutôt fraîches la saison dernière. Fekir, d’abord, à qui le brassard a été confié : “J'en ai parlé avec mon staff. Je pensais que ça allait le responsabiliser. Qu'il pouvait assumer ce leadership au niveau technique, car c'est un très grand joueur, mais aussi qu'il avait la faculté de pouvoir assumer ce rôle dans le vestiaire. Et il le fait très bien. À la surprise de beaucoup de gens, mais pas de la mienne”. Memphis Depay, également : malgré quelques passages à vides, le Néerlandais est beaucoup plus régulier cette saison. Et Bruno Genesio s’en attribue le mérite : “Il a parfois été hors du groupe, parfois remplaçant et je pense que ça lui a été bénéfique. Il s’est remis en question”.

Bilan honorable, jeu instable

Alors, pourquoi Genesio ne fait-il pas l’unanimité ? Son OL a été souvent séduisant depuis le mois d’août, à la faveur de claques infligées à Nice (0-5) ou de victoires prestigieuses comme face à Monaco (3-2). Au plan comptable, l’OL est deuxième, avec le même nombre de points que le champion en titre Monaco et que l’OM (32). Lyon, après avoir atteint les demi-finales de la Ligue Europa la saison dernière, est une nouvelle fois sorti de la phase de groupes. Le bilan de Genesio, lui, est honorable : en 101 matches, le successeur d’Hubert Fournier a récolté en moyenne 1,78 point par rencontre. C’est mieux que ses trois prédécesseurs : Fournier en comptait 1,67 par match, Rémi Garde 1,75 et Claude Puel 1,74. Mais cela reste, certes, en-deçà de l’OL des années Houllier ou Le Guen (respectivement 2,12 et 1,91 points par match).
Les récents coups de mou, contre Lille (1-2) et l’Atalanta (1-0), ont surtout mis en lumière ce qui manque encore à ce Lyon. L’équipe de Genesio reste irrégulière, et avant tout dépendante de ses armes offensives, au potentiel certes phénoménal. Le bloc lyonnais, souvent placé bas, donne toutes les clés du jeu au quartet placé devant, auquel Fekir donne la mesure. Mais, lorsque le capitaine est absent, comme contre Montpellier (0-0), ou dans un jour sans, comme face à Lille, l’OL est à la peine.

Fekir dépendance

C’est inévitable, au vu de la forme du Français, que son équipe soit particulièrement dépendante de lui. Le danger serait qu’elle se cache derrière son capitaine. L’OL réussit pour l’instant à conserver sa réussite, comme contre Caen (1-2) : mais si Mariano l’individualiste voit son sens du but lui faire défaut, ou si Depay l’inconstant retombe dans ses travers, l’édifice pourrait vaciller.
La plus grande réussite de Genesio, c’est peut-être que l’on parle moins de lui. L’OL, à la faveur d’un bel automne, revient au premier plan, pendant que Nabil Fekir fait rêver toute l’Europe et qu’Houssem Aouar confirme son énorme potentiel. Terminé, le “procès en légitimité” dont parlait Bernard Lacombe (“On lui reproche à peu près tout. C’est injuste. Quand ça marche, c’est grâce à ses joueurs et quand ça ne marche pas, c’est de sa faute.”) ? Vraisemblablement pas. Mais grâce à la victoire éclatante à Geoffroy-Guichard contre Saint-Etienne (0-5), Bruno Genesio s’est offert le plus beau des répits. Et devrait fêter son deuxième anniversaire sur le banc lyonnais tranquillement.
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Bruno Genesio lors du derby ASSE-OL

Crédit: Getty Images

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