Pires, coeur de Gunner

A 35 ans révolus, Robert Pires a parfois besoin de souffler. Samedi, alors que son équipe sombrait à Almeria (3-0), le Français a quitté ses partenaires juste avant l'heure de jeu, expulsé pour un deuxième carton jaune. Le champion du monde 1998 n'avait évidemment pas prémédité l'affaire. Néanmoins, à quelques encablures des retrouvailles entres Pires et Arsenal, mardi soir en quart de finale aller de la Ligue des Champions, cette sortie prématurée lui aura donné l'occasion de gagner une bonne demi-heure de repos et de se projeter un peu plus rapidement dans une double confrontation qui marquera le Français.

Joueur d'Arsenal durant six ans (de 2000 à 2006), Robert Pires y a connu ses plus belles années de footballeur avec de nombreux titres (deux fois champion d'Angleterre et deux fois vainqueur de la Cup). Incontournable sur le flanc gauche du milieu de terrain londonien durant de longues saisons et devenu une pièce essentielle de l'équipe de France, celui qui est aujourd'hui le joueur de champ le plus âgé de la Liga a laissé une trace indélébile dans les esprits. Si bien que lorsque Samir Nasri a débarqué l'été dernier à l'Emirates Stadium, les supporters ont émis l'espoir de faire de lui le nouveau Robert Pires.

Si le joueur de Villarreal, qui a prolongé son contrat d'une saison supplémentaire, n'a pas été oublié à Londres, la réciproque est vraie. Des souvenirs de Gunner, l'ancien Messin en a à la pelle. Il y a notamment l'élimination de Villarreal en demi-finale de la Ligue des Champions 2006. Mais surtout, et l'international français (79 sélections, 14 buts) s'en serait bien passé, la finale de C1 qui a suivi. Une finale perdue face à Barcelone (1-2) mais tronquée puisque terminée avant la vingtième minute de jeu pour Robert Pires. Remplacé par Arsène Wenger pour permettre à Manu Almunia d'entrer en jeu suite à l'expulsion de Jens Lehmann, l'ancien Marseillais avait mal vécu cet épisode, qui scellait ses derniers pas de footballeur sous le maillot d'Arsenal.

"Le fait de n'avoir joué que dix-huit minutes dans cette finale reste douloureux. Il est impossible de le nier", confiait-il récemment au site de l'UEFA. "Wenger le sait, et nous en parlons encore : il sait que, même si j'admets que c'est difficile d'être entraîneur, je ne penserai jamais qu'il a pris la bonne décision. Mais c'est un détail qui ne peut pas suffire à définir notre relation." Une relation forte et durable, au-delà du simple cadre professionnel. Mais qui n'empêchera pas Pires, s'il est titulaire, de faire de son mieux pour faire plier Arsenal, en 8e de finale de la Ligue des Champions. "Je suis désolé pour les fans d'Arsenal : si je peux bien jouer et les éliminer, je le ferai. Mais pour Villarreal, pas pour moi."