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Heynckes, l'anti-Mourinho

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 25/04/2012 à 15:20 GMT+2

Entraîneur d'un Bayern qui se rend à Madrid mercredi pour accéder à la finale, Jupp Heynckes a déjà réalisé le rêve de José Mourinho : gagner la Ligue des champions avec le Real. A 66 ans, le coach allemand a connu une carrière bien plus remplie que celle de son homologue portugais.

2011/2012 Heynckes

Crédit: Eurosport

Ils appartiennent à la même famille. Leurs chemins se sont même déjà croisés. En 2000, quand le premier a laissé sa place au second sur le banc de Benfica. Mais Jupp Heynckes (66 ans) et José Mourinho (49 ans) ne sont pas de la même génération. Mercredi soir, à l'heure de rentrer dans l'arène de Bernabeu, l'entraîneur du Bayern Munich parlera volontiers d'un temps que celui du Real Madrid n'a pas pu connaître. Mourinho n'était qu'un bambin quand Heynckes faisait les beaux jours du Borussia Mönchengladbach. Son club. Celui de sa ville natale. Celui avec lequel il a tant fait trembler les défenses d'Allemagne, dans les années 70. Celui dont il a pris les rênes en 1979, à 34 ans, pour ses débuts d'entraîneur.
Joueur, Heynckes était de la race des Gerd Müller et Klaus Fischer. Un authentique renard des surfaces : 220 buts en 385 matches, ça vous classe un attaquant parmi les grands de la Bundesliga. Il a aussi porté le maillot de la Nationnalmannschaft, à une époque où le Bayern et le Borussia se tiraient la bourre. Où la sélection s'est hissée sur le toit de l'Europe en 1972, pour mieux régner sur la planète foot deux ans plus tard. Heynckes (14 buts en 39 sélections) a tout gagné de 1964 à 1978 : un Euro et une Coupe du monde, donc, mais aussi trois titres de champion d'Allemagne (1975, 1976, 1977), une Coupe de l'UEFA (1975) et une Coupe d'Allemagne (1973).
Aux souvenirs de 1998
Un tel palmarès en comblerait plus d'un. Même José Mourinho. D'abord parce que, sur un terrain, la carrière du Portugais fut ô combien plus modeste. Mais surtout parce son aîné a déjà réussi ce que qu'il rêve d'accomplir depuis qu'il a débarqué à Madrid : Heynckes a conduit le Real au sommet du Vieux-Continent, en 1998, face à la Juventus de Marcelo Lippi (1-0). Trente-deux ans que le club merengue attendait ça. Le technicien allemand a alors pu se "rendre compte que la Coupe d'Europe était une véritable obsession pour le Real". Le désormais entraîneur du Bayern n'a rien oublié de ces "grands souvenirs".  Ni des moments "difficiles" qu'il y a vécus. Le septième sacre européen de son Real n'a pas extraie Heynckes des critiques, exacerbées par une piètre quatrième place en Liga. Ce n'était pas encore l'époque des Galactiques. C'était celle des Hierro, Karembeu, Redondo, Mijatovic.
Manuel Sanchis faisait partie de cette équipe "solide, capable de fermer le jeu ou de l'ouvrir si nécessaire". Et dont Heynckes avait su rentabiliser le potentiel. "Jupp prenait toutes les décisions tactiques, se souvient, sur le site de l'UEFA, l'emblématique défenseur madrilène. Certains entraîneurs misent sur une défense solide, d'autres jouent l'attaque et s'appuient sur les qualités de leurs attaquants. Jupp Heynckes instaure un équilibre entre la défense et l'attaque, ce qui explique pourquoi ses équipes sont si fortes." Quatorze ans plus tard, le modèle n'a pas varié d'un iota. "Le Bayern d'aujourd'hui fonctionne de façon très similaire au Real de 98", remarque d'ailleurs Sanchis. Mais l'homme s'est assagi. Adouci. Le temps a fait son œuvre.
Illgner : "Un coach du même type que Vicente del Bosque"
Heynckes a trainé derrière lui la réputation d'un entraîneur à poigne. Presque une terreur pour ses joueurs. "Il se mettait sous une pression folle et quand il était déçu de nous, il pouvait être cruel et blessant", se remémore Ewald Lienen, qui a joué sous ses ordres de Heynckes pendant son premier mandat à Mönchengladbach, dans les années 80. Bodo Illgner, gardien d'un Real en 1998 et en 2000, décrit pourtant "un coach du même type que Vicente del Bosque" : "Calme, très travailleur, qui ne règne pas avec une main de fer comme Fabio Capello ou José Mourinho". Mais qui, comme l'Italien et le Portugais, cultive un goût certain pour la gagne. Sur le banc du Bayern - déjà -, il avait conquis deux titres de champion, en 1989 et 1990. Avant d'être limogé par Uli Honess, son ami, son ex-coéquipier en sélection. Le dirigeant bavarois le reconnaîtra plus tard : il a commis une erreur. Une "grave erreur".
Pour Heynckes, cette éviction initie un parcours sinueux, semé d'embûches. Sa parenthèse madrilène précède des expériences plus ou moins douloureuses à Benfica, à l'Athletic Bilbao, à Schalke 04... et à Mönchengladbach. En 2007, son CV a beau être long comme le bras, Heynckes n'a pas la cote outre-Rhin. Au même moment, sa femme est gravement malade. Alors il prend le large. S'offre deux années de break. La métamorphose est en marche. "Pendant cette période, j'ai beaucoup réfléchi, et il m'est apparu que certaines choses dans la vie n'étaient pas si importantes. Pour moi, le plus important, c'est de rester vrai. Mon parcours peut intimider les jeunes joueurs, mais je dois leur montrer dès le début qu'ils peuvent parler avec moi."
Au Bayern, il est "chez lui"
Quand, en avril 2009, le Bayern l'appelle à la rescousse pour remplacer Jürgen Klinsmann au pied levé, Heynckes n'est plus le même. L'intérim ne dure que deux mois. Mais il lui a redonné l'envie d'entraîner. Avec lui, Leverkusen termine en 2010-2011, juste derrière le Borussia Dortmund. Six ans après, le Bayer renoue avec la prestigieuse Ligue des champions. Cela n'empêche pas BayArena de le siffler lorsqu'il revient "chez lui" : au Bayern Munich. "A Leverkusen, Jupp a accompli un travail phénoménal. Normalement, le Bayer aurait du sortir le tapis rouge pour le remercier", s'indigne Karl-Heinz Rummenigge.
Dès mars 2011, le président du Bayern fait d'Heynckes son "premier choix" pour succéder au très contesté Louis van Gaal. Rummenigge salue le retour d'un entraîneur "qui fait bien plus jeune que son âge". Mais dont la mission est immense : il doit emmener Munich jusqu'en finale de SA Ligue des champions. Heynckes, lui, n'a qu'une obsession : "Je veux écrire l'histoire du football avec notre façon de jouer." L'irrégularité chronique de son équipe, aussi flamboyante que tremblante, l'installe sur un siège éjectable. Cette fois, la direction bavaroise le maintient. Contre vents et marées. En Bundesliga, le titre s'est envolé. Encore. Mais sur la scène européenne, la finale tant convoitée est à portée de mains. Le Bayern de Heynckes n'est qu'à une marche du bonheur. Il lui reste à finir le travail face à un Real tout aussi assoiffé. Celui de José Mourinho.
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