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ASM : Moins bling-bling que Mourinho et Ronaldo, Monaco étale l'autre facette du foot portugais

Nicolas Vilas

Mis à jour 17/03/2015 à 08:08 GMT+1

Face à Arsenal, l'AS Monaco de Jardim et Campos a l’occasion de casser quelques clichés sur le foot portugais. Et d’en renforcer d’autres…

Jardim, entraineur de l'AS Monaco

Crédit: AFP

Non, Monaco n’est pas encore qualifié pour les quarts de la Ligue des champions. Mais son succès (3-1) sur le gazon d'Arsène Wenger a fait sensation. A l'Emirates, Leonardo Jardim était comme dans son jardin. L’entraîneur de Madère commence à peser. Et l’ASM est maintenant un club qui compte aussi au Portugal. Pas juste parce qu’il est composé de joueurs et de dirigeants lusophones. L’équipe de la Principauté est devenue l’incarnation d’un autre savoir-faire à la portugaise. Pas le plus impressionnant mais sûrement l’un des plus représentatifs.

Savoir défendre

Le foot portugais ne saurait se résumer à ses Ballons d’Or (Eusébio, Figo, Cristiano Ronaldo), à ses mythes, ses splendeurs. Le futebol est plus pragmatique. Rationnel. Dans le top 10 des plus grosses ventes de footballeurs portugais de la Liga, figurent six défenseurs (dont les trois plus gros transferts : Coentrão, Pepe et Ricardo Carvalho à 30 millions d’euros). La deuxième meilleure défense européenne des six premiers championnats du ranking UEFA est celle du Portugal. Le FC Porto n’a encaissé que 0,40 but en moyenne cette saison en Liga.
Toutes compétitions confondues, le Monaco de Jardim (0,62) apparaît après le Bayern (0,51) et les Dragons (0,52). Même constat en Seleção. L’ère Paulo Bento (2010-2014) a été la plus imperméable du Portugal depuis les années 1980. Son successeur, Fernando Santos, maintient la tendance. Etiqueté défensif, l’Ingénieur n’a encaissé que deux buts (contre la France) en quatre matches avec son pays. Depuis le début de sa carrière, José Mourinho présente une moyenne de 0,80 but encaissé par match. La récente élimination de son Chelsea face au PSG a été une caricature de jeu fermé.
N’allez pas croire pour autant que les entraîneurs portugais sont des protectionnistes. Savoir défendre n’exclut pas de savoir attaquer. Le Mou affiche aussi une moyenne de plus de 2 buts marqués sur les plus de 700 rencontres que compte son parcours. Les statistiques et la philosophie de Nuno à Valence, Paulo Sousa à Bâle, Marco Silva au Sporting ou Villas Boas au Zenit le démontrent. Et puis, il y a quelques années encore, Santos avait l’image d’un technicien audacieux avant son passage en Grèce. Comme Jardim, il a dû et su s’accommoder.
Les meilleures défenses d’Europe
Ratio défensif en championnatRatio défensif TCC
Monaco20/28 (0,71)26/42 (0,62)
Southampton21/29 (0,72)29/36 (0,80)
Barça16/27 (0,59)27/42 (0,64)
Bayern11/25 (0,44)19/37 (0,51)
Juventus14/27 (0,52)24/38 (0,63)
FC Porto10/25 (0,40)21/40 (0,52)

Savoir s’adapter

Lorsqu’il était aux commandes de la Grèce, Santos avait répondu à ceux qui lui reprochaient son jeu trop fermé : "Si j’avais un joueur comme Messi ou Neymar, mon équipe jouerait certainement mieux." A Louis II, Leonardo Jardim s’est vite retrouvé privé de Falcao et James. Le fameux "redimensionnement du projet" l’a entraîné à revoir ses plans, y compris dans le jeu. Leo le concède lui-même : "Je suis encore très loin de Mourinho." Très loin de Chelsea, donc. Les millions investis cette saison pour Monaco n’équivalent même pas au seul transfert de Diego Costa (40 millions d’euros). Et si les Blues ont aussi été amenés à vendre (fair-play financier oblige), ils ont investi à hauteur de leurs départs. A défaut de signer les chèques, l’ASM les reçoit, maintenant. L’acheteur compulsif s’est muté en redoutable vendeur. Savoir vendre, c’est aussi ça le savoir-faire à la portugaise.
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Leonardo Jardim, l'entraineur de l'AS Monaco.

Crédit: Panoramic

Savoir faire confiance aux jeunes et… aux Portugais

Vadim Vasilyev le rappelait récemment non sans fierté : "Nous avons l’équipe la plus jeune des huitièmes de finale de la Ligue des champions." Avec une moyenne d’âge qui tourne autour des 24 ans, le groupe de Jardim a des airs de pouponnière. Les recrues monégasques 2014-2015 ont 22,83 ans de moyenne. Hormis Maarten Stekelenburg (31) et Alain Traoré (26), aucune n’a plus de 22 ans. Leo a aussi promu et/ou lancé Touré (18), Kamara (19) ou Thiam (18) en équipe première. Un boulot structurel que le technicien de 40 ans avait livré il y a un an au Sporting.
Et comme à Alvalade, il valorise des Portugais. Derrière l’ex de Jardim, Monaco est l’équipe qui comptabilise le plus de titularisations portugaises en phase de groupe de C1 cette saison. Carvalho, Moutinho et Bernardo Silva ont été alignés d’entrée à 11 reprises. C’est plus que le Benfica (10) et le FC Porto (5). Sur la double confrontation face au Benfica (0-0, 0-1), les deux équipes ont utilisé le même nombre de Portugais (3 chacun). Formé au SLB, Bernardo Silva est carrément devenu le symbole du "nouveau projet" de Monaco.
La prochaine liste de Fernando Santos pourrait être composée de ces trois Monégasques. L’ASM deviendrait alors, dans ces qualifications pour l’Euro 2016, le principal pourvoyeur de la Seleção, après le Sporting… Le club qu’entraînait la saison dernière un certain Leonardo Jardim.
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Jardim donne des consignes à Moutinho

Crédit: AFP

Savoir s’entourer

Entourage, réseau, connexion… Dans le business et particulièrement dans celui du foot, c’est une ingénierie qui pèse. Luis Campos incarne ce " know-how". Les médias peinent à dissocier son nom de celui de Jorge Mendes. Une insistance qui vire parfois au fantasme. Le directeur technique de Monaco entretient d’excellents rapports avec l’agent portugais. Mais pas que. Son réseau va bien au-delà. L’homme de 50 ans ne ferme la porte (et son téléphone) à personne.
La majorité de ses recrues n’est pas liée à la Gestifute. Et son influence va bien au-delà du Rocher. Beaucoup de joueurs et entraîneurs aiment prendre conseil auprès de celui qui avait développé une société proposant des méthodes de coaching spécifiques. Son nom fait aujourd’hui écho chez les plus gros (Barça, PSG). Pourtant, l’ancien entraîneur de Leiria ou du Gil Vicente ne cherche pas la lumière. Il œuvre dans l’ombre. A Louis II, il est venu accompagné de pointures. Recrutement, kinésithérapie, observation, entraînement… Pas mal de Lusophones sont venus renforcer les staffs de la Principauté. Aucun secteur n’a été délaissé. Ou presque. Reste le savoir-communiquer pour ceux qui ont débarqué dans un pays étranger et qui, depuis des mois, se sont surtout fait tailler… Un mal tout aussi portugais auquel ils sont déjà habitués.
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