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Ligue des champions : De Monaco à Arsenal, Wenger a évolué, mais n’a pas vraiment changé

Geoffrey Steines

Mis à jour 25/02/2015 à 18:59 GMT+1

Vingt ans après son départ de Monaco, Arsène Wenger affrontera pour la première fois l’ASM, avec Arsenal mercredi en huitième de finale aller de la Ligue des champions. Depuis son passage dans la Principauté, le manager alsacien n’a pas bouleversé son mode de fonctionnement. Mais il lui a apporté des retouches, de par ses expériences ou pour s’adapter au foot moderne.

Arsène Wenger (Arsenal)

Crédit: Panoramic

Ce que son expérience à Monaco a en commun avec celle à Arsenal

  • Une longévité hors-norme
A Monaco et avec Arsenal, Wenger a battu des records de longévité qui seront compliqués à battre. Sept ans à l’ASM, dix-neuf chez les Gunners : personne n’a fait mieux que lui. Une durabilité qui tranche avec le scepticisme des débuts. A son arrivée à Monaco en 1987, après une relégation en D2 avec Nancy -la seule de sa carrière de coach-, difficile d’imaginer que son séjour se prolongerait aussi longuement. Son intronisation avait suscité de la curiosité chez les Monégasques. "Nous étions une équipe supposée jouer le haut de tableau en championnat et rivaliser avec les meilleurs au niveau européen, alors que lui venait juste de descendre avec Nancy", expliquait Claude Puel dans les colonnes de The Guardian, pour traduire le sentiment de ses partenaires de l’époque.
Même chose du côté d’Arsenal. Au moment de sa nomination, le dernier jour de septembre 1996, Wenger sortait d’un exil de dix-huit mois au Japon. Le nom de Johan Cruyff circulait pour remplacer Bruce Rioch et l’ancien milieu de terrain à la modeste carrière de joueur avait finalement décroché la timbale. Ce qui avait provoqué l’étonnement du London Evening Standard : "Arsène who ?". L’état d’esprit n’était pas différent dans le vestiaire des Gunners. "On s'est demandé ce que ce Français qui portait des lunettes et ressemblait à un professeur pouvait bien connaître au football", a indiqué bien plus tard Tony Adams, capitaine de cette équipe, dans The Guardian.
  • Toujours placé, rarement gagnant
Les équipes dirigées traînent une réputation de "beautiful losers". Wenger a pourtant connu des débuts en fanfare avec Monaco et Arsenal : un titre de champion de France dès sa première saison à l’ASM (1988), un doublé Coupe-championnat pour son premier exercice complet chez les Gunners (1998). Son palmarès avec les deux clubs n’est pas si infamant, puisqu’y figurent également une Coupe de France (1991), deux autres titres de champion d’Angleterre (2002, 2004) et quatre Cups (2002, 2003, 2005, 2014). Mais Wenger n’a pas été gâté le contexte et une adversité aux moyens démesurés.
Avec Monaco, il a dû se coltiner l’OM de Bernard Tapie et le PSG de Canal+, qui ont trusté tous les titres de champion de 1989 à 1994. Ce qui ferait presque oublier qu’il a toujours terminé parmi les quatre premiers sur cette période. Sur le banc d’Arsenal, où le Manchester United de Sir Alex Ferguson et le Chelsea de Roman Abramovitch lui ont coûté plus d’une ligne à son palmarès, il reste marqué au fer rouge par les neuf ans sans trophées qu’a traversé le club entre 2005 et 2014. Même si, là encore, sa formation n’a jamais quitté le Big Four. Symbole ultime de sa "loose", ses trois défaites en finale de Coupes d’Europe : Coupe des coupes (1992), Coupe UEFA (2000) et Ligue des champions (2006).
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Thierry Henry après la finale de Ligue des champions 2006 entre Arsenal et Barcelone.

Crédit: AFP

  • Une même manière de façonner un groupe
Sur le marché des transferts, Wenger a une vision bien précise et elle ne s’est jamais démentie au fil du temps. A son arrivée, il aime s’entourer d’éléments d’expérience, déjà au club ou recrutés à moindre coût, à l'image de Glenn Hoddle et Patrick Battiston, signés libres à Monaco. L’ex-joueur de Mulhouse ou du RC Strasbourg s’est ensuite bâti une réputation de dénicheur de talents hors pair, capable de prospecter sur tous les continents pour trouver la perle rare et dénicher les futurs stars, quitte à les recruter très tôt (cf. Cesc Fabregas ou Nicolas Anelka). De George Weah à Victor Ikpeba, en passant par Fredrik Ljungberg ou Patrick Vieira, il a révélé au monde de nombreux joueurs inconnus au moment de leur signature.
Troisième axe, Wenger s’est toujours appuyé largement sur des hommes issus du centre de formation et n’a jamais eu peur de lancer des nouveaux venus dans le grand bain. Il a ainsi façonné des effectifs jeunes, sans immense star (hormis Thierry Henry, qu'il a lui-même participé à faire éclore), avec la volonté d’inculquer des principes à même de subsister dans le temps. Dernière particularité, Wenger s’est fait une spécialité de relancer des joueurs en quête d’un nouveau départ. Jürgen Klinsmann (Monaco) et Dennis Bergkamp (Arsenal) en sont les deux exemples les plus frappants. Le coach tricolore s’est rarement trompé sur le marché et prend un malin plaisir à flairer les bonnes affaires. Comme lorsqu’il a construit, avec huit millions d’euros, une défense restée invincible au cours de dix matches consécutifs de Ligue des champions en 2006. Un record.

En quoi Wenger a évolué depuis son départ de Monaco

  • Un système adapté au foot moderne
Wenger est toujours resté fidèle à une identité. Football offensif, pressing haut, passes courtes et mouvement autour du porteur : autant de principes que le technicien français (65 ans) a mis en place partout où il est passé. Il est ainsi escorté d’une réputation positive auprès des observateurs, celle d’un entraîneur mettant le plaisir du jeu au-dessus de tout. "Son" Monaco est resté dans la mémoire collective comme une équipe séduisante, comme Arsenal ces vingt dernières années. Mais Wenger s’est adapté au fil des années. Adepte du 4-4-2 en losange au moment de ses débuts à Monaco, il s'est ajusté au monde qui l'entoure.
D’abord en adoptant un milieu à plat, sur la fin de son passage à l’ASM puis lors de ses premières années à Arsenal. Au fil des années, il s’est rendu compte qu’un système tactique à deux attaquants compliquait les choses au très haut niveau européen. Wenger est passé avec bonheur au 4-5-1 en 2006, année de la défaite des Gunners en finale de la Ligue des champions face au FC Barcelone (2-1). Depuis 2009, Arsenal évolue dans un immuable 4-3-3, dispositif remis à la mode par le Barça de Pep Guardiola. Une référence pour Wenger, qui montre ainsi qu’il sait vivre avec son temps. Comme lorsqu'il a sorti le chéquier en s'offrant Mesut Özil et Alexis Sanchez, pour suivre le rythme de la "course à l'armement" de ses rivaux anglais. Même s'il a toujours été réticent à investir des sommes astronomiques sur le marché.
  • (vidéo)
  • L’influence du Japon
Entre son expérience à Monaco et sa signature à Arsenal, Wenger ne s’est pas tourné les pouces. Il a pris la direction du Japon, pour prendre en charge le Nagoya Grampus Eight. Tout était à faire, dans un pays qui ne s’intéressait au football qu’à travers "Captain Tsubasa" ("Olive et Tom" en VF) et dans un club qui végétait dans le bas du classement. Parti de zéro, ou presque, Wenger a rapidement imposé ses vues et largement influencé le football local, tout en donnant à son équipe une nouvelle dimension sur le plan sportif (victoire en Coupe du Japon dès sa première saison).
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Arsène Wenger avec Nagoya en 1996

Crédit: AFP

S’il a joué un rôle clé dans l’évolution du ballon rond au pays du soleil levant, l’impact de la culture japonaise sur sa personnalité est tout aussi décisif. "Cela m’a profondément changé", reconnaissait-il l’été dernier, lorsque Nagoya l’a honoré à l’occasion d’un match de gala avec Arsenal. Il en a ramené un intérêt pour le Feng Shui, une capacité à prendre de la distance et des connaissances approfondies dans le domaine de la nutrition. Autant d’éléments qui ont servi la suite de son parcours.
  • Une plus grande vision d’ensemble
"Il y a eu un avant et un après Wenger. C'est grâce à lui que le club s'est structuré. Il a apporté une exigence énorme dans le professionnalisme. Aujourd'hui encore, il y a une trace invisible de Wenger à Monaco." L’hommage est signé Marcel Dib dans les colonnes du Parisien. Tous les joueurs de l’époque sont unanimes : à son arrivée à l’ASM, Wenger a poussé le professionnalisme à l’extrême. Diététique, staff pléthorique, physiothérapie ou ostéopathie : il a tout fait pour répondre du mieux possible aux besoins des joueurs.
Mais Wenger a encore franchi un cap dans cette démarche avec Arsenal. Ce qu’il avait commencé à faire à Monaco, en enrichissant par exemple le centre d’entraînement d’une salle de musculation, il l’a poussé à son paroxysme à Londres. Dans un rôle de manager aux prérogatives élargies, et tout en conservant son influence sur la vie de groupe, il a influé sur chaque composante du club. Wenger a impulsé la construction de l’Emirates Stadium, pour doter le club d’un exceptionnel outil de travail et lui donner un temps d’avance dans l'optique du fair-play financier. Bien avant cela, dès son arrivée ou presque, il avait révolutionné le centre d’entraînement d’Arsenal, pour équiper les Gunners d’installations à la pointe de la technologie. Là aussi, Wenger laissera une trace indélébile à son départ. Parce que son héritage va bien au-delà du terrain.
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Arsene Wenger

Crédit: AFP

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