20h02, un assourdissant murmure enveloppe le Signal Iduna Park

La soirée avait tout pour être grandiose. Un stade gigantesque et fiévreux, deux équipes pleines d'audace. Mais, alors que le Signal Iduna Park commençait à se garnir, un tweet du compte officiel du club allemand tombé à 19h40 a fait basculer la soirée : "Un incident est survenu au départ de notre bus. Une personne a été blessée." Il a fallu vingt bonnes minutes pour que les premiers chants s'éteignent et que l'incrédulité gagne des rangs de plus en plus garnis. A 20h02, le speaker confirme l'incident du bus sans donner plus de précisions. Et c'est alors un assourdissant murmure qui enveloppe le stade.

Chacun se précipite sur son téléphone à la recherche de nouvelles fraîches. Mais le réseau est vite saturé. "Nos familles, nos proches nous ont appelés pour savoir ce qu'il se passait alors que nous n'étions au courant de rien", nous raconte Eric, venu de Nantes pour supporter l'ASM. "Il a fallu attendre cinq minutes pour que le speaker confirme mais on s'est tous regardé dans le parcage sans trop comprendre."

A 20h20, nouvelle annonce : "Un incident grave est intervenu. Ici, au stade, vous êtes en sécurité." Jamais la panique n'a gagné les supporters des deux camps. C'est davantage l'incompréhension qui règne dans les travées. Pas le moindre signe d'énervement ou d'impatience non plus. Les Monégasques ont commencé par chanter les louanges de leur équipe. Légère salve de sifflets des pensionnaires des lieux. Mais très vite, les deux camps ont affiché leur solidarité. Et à 20h25, le parcage monégasque a entonné des "Dortmund ! Dortmund !" largement salués par le Signal Iduna Park.

Cinq minutes plus tard, l'officialisation du report à mercredi 18h45 est accueilli par les applaudissements nourris d'un stade très digne. Les rangs se sont assez rapidement dégarnis dans le calme. Les Monégasques ont dû attendre une trentaine de minutes dans leur parcage avant de quitter les lieux. Là encore, sans le moindre problème. "Bien sûr, on est un peu déçus", nous confie Alban, Perpignanais contraint de rentrer dans son Sud-Ouest dans la nuit. "Je dois travailler demain à 18 heures, je ne peux pas faire autrement. Mais on est ensemble dans cette soirée morose. Personne n'y peut rien. On se devait de les applaudir."

Nombreux sont ceux qui ont essayé, dès la sortie du stade, de trouver un plan B alors que les joueurs de l'ASM tentaient de faire retomber la pression dans une séance à huis clos. Très vite, un élan de solidarité a gagné le public allemand : "On va aller chez l'habitant. On a trouvé des personnes sympa qui ont proposé de nous loger", confient Paul-Antoine et Mattéo. "Le problème, c'est qu'on ne parle pas bien allemand mais on va essayer de se débrouiller." Dans la soirée, le Borussia a lancé un hashtag sur Twitter : #bedforawayfans. Et Julien, venu spécialement de Paris, de conclure : "On sera là demain. On va se débrouiller. Personne ne peut nous enlever notre rêve. Personne."