Avant Barça-PSG : Le Barça peut-il le faire ? L’avis de la rédaction

Si vous cherchiez encore une preuve de la trace immense que le FC Barcelone "époque Lionel Messi" laissera dans l’histoire du football, elle est là, devant vos yeux et à l’aube d’une élimination écrite depuis la rouste reçue il y a trois semaines au Parc des Princes. Paradoxalement, c’est alors que cette équipe est au pied d’un mur que personne n’a jamais escaladé que l’on peut se rendre compte de combien elle est différente des autres. Pourquoi ? Parce que Luis Enrique et ses hommes ont jusqu’ici réussi à faire croire à la terre entière que l’impossible était possible. Que la défaite 4-0 de l’aller n’était pas un obstacle insurmontable pour les super-héros du Barça. Les Parisiens ne s’y sont pas trompés : après la première manche, on a vu de la joie, pas de fanfaronnade. Parce que face à Lionel Messi, Luis Suarez, Neymar et la troupe blaugrana, rien n’est jamais fini. Peut-on, pour autant, imaginer le Barça renverser le Paris Saint-Germain au terme d’une folle nuit catalane ? Je ne crois pas. Je vois bien le quintuple vainqueur de la Ligue des champions s’imposer face au champion de France. Pas l’éliminer. Une sortie la tête haute, en quelque sorte.

C’est une évidence : le Barça va entamer cette manche retour affamé. Les crocs acérés et le couteau entre les dents. Et quand on sait que les bouchers se nomment Lionel Messi, Luis Suarez ou Neymar, les Parisiens ont de quoi trembler. Sauf que le PSG dispose d’une telle avance après le match aller qu’il est impensable qu’il puisse la dilapider en un seul match. Ce PSG n’est pas Gijon ou Vigo (sans faire injure à ces deux équipes) et lui en glisser 4 minimum sans encaisser de but relèverait du surnaturel. La troupe d’Unai Emery risque de souffrir derrière mais également de s’offrir des raids supersoniques dans le camp adverse. Et quand on sait avec quelle minutie l’Espagnol avait préparé la démonstration de l’aller, difficile de ne pas croire que le piège est déjà parfaitement monté. Alors, le Barça sera peut-être supérieur dans son antre, aller chercher le ticket des quarts relève de l’insurmontable. Même pour ce Barça-là.

L’ampleur du chantier proposé au Barça est gigantesque. Pour ne pas dire insurmontable. Voir le quintuple vainqueur de l’épreuve marquer quatre buts au moins mercredi soir reste une hypothèse que l’on ne peut pas écarter. Mais pour y parvenir et ne rien regretter, les Catalans vont devoir prendre des risques. Beaucoup de risques. Le problème pour les hommes de Luis Enrique ne résidera pas dans le fait de marquer des buts - il suffit de voir les récents cartons en Liga (5-0 contre le Celta Vigo et 6-1 contre Gijon, deux clubs qui n’ont rien de comparable avec le PSG) - mais dans leur capacité à ne pas en prendre. Et, c’est sûrement ici que le bât blessera au Camp Nou. Qui dit festival offensif dit failles évidentes en défense. Et à ce jeu-là, le PSG, qui a l’habitude de montrer un tout autre visage en C1 de celui affiché en L1, va en profiter. Une fois, deux peut-être. Probablement plus. Et ça suffira largement, même en cas de défaite, pour le voir rallier les quarts de finale et laisser son prestigieux adversaire au bord de la route.

Jamais, en 61 ans d'existence des Coupes d'Europe, une équipe n'a réussi à se qualifier après une défaite 4-0 à l'aller. Ce n'est sans doute pas pour rien. D'autant qu'il existe quelques dizaines de précédents. Vous me direz, il faut toujours un début à tout. Vous me direz aussi, le Barça est sans doute une des rares formations au monde susceptibles de propager un incendie d'une telle ampleur dans une défense adverse. Mais c'est précisément parce que le PSG sait pertinemment qu'il doit rester sur ses gardes que je ne le vois pas sombrer.

La soirée sera probablement difficile. Peut-être même s'accompagnera-t-elle d'une dose de stress rarement vue pour un club abordant une seconde manche nantie d'un tel ascendant mathématique. Mais ce PSG-là possède un vécu tant collectif qu'individuel de nature à lui permettre de survivre à cette soirée. Sa principale mission sera de maintenir ce match retour dans un cadre rationnel. Ne pas laisser une quelconque forme de folie s'emparer des débats et du Camp Nou. Il en a largement les moyens, malgré la grandeur de son hôte.

Après avoir constaté, un brin ébahi il faut bien l'avouer, la démonstration de force du PSG le 14 février dernier, il m'est compliqué d'accorder encore une chance au Barça. Ce mardi-là, ce fut une démonstration dans tous les compartiments du jeu : agressivité, discipline tactique, homogénéité du bloc, etc... Paris a marché sur la rencontre mais les Catalans ont très vite démissionné. Comment imaginer que cette même formation aux abois le mois dernier puisse soudainement retourner la situation ? Parce qu'elle vient de corriger le Celta Vigo (5-0), Eibar (0-4) et la Real Sociedad (5-2) ? Soyons sérieux.

Bien sûr, les Catalans y croient. Mais tout Barça qu'il est, remonter quatre buts à une formation aussi sûre de son fait que le PSG d'aujourd'hui paraît bien illusoire. Luis Enrique a choisi de tenter le tout pour le tout avec un 3-4-3 plein d'audace ? Il expose un peu plus une défense déjà bien à la peine au Parc des Princes. Paris va avoir beaucoup de munitions. Et un petit but devrait lui suffire pour dissiper les derniers rêves de qualifications des Blaugrana. Le Barça va peut-être s'imposer mais l'issue de ce 8e de finale s'est écrit au Parc des Princes. En février, l'écart était trop grand sur le terrain. En mars, l'écart est déjà trop grand au tableau d'affichage.