Indice UEFA, prestige et projet sportif : Monaco joue (bien) plus qu'une simple qualification

Depuis Lille il y a cinq ans, les clubs de l'Hexagone ont pris pour mauvaise habitude de buter systématiquement sur les barrages de la Ligue des champions. Et Monaco en sait quelque chose. Battu la saison dernière par Valence à ce stade de la compétition, l'ASM sait toute la difficulté d'atteindre la plus prestigieuse compétition européenne en passant par ces rencontres toujours délicates, disputées contre des adversaires souvent prestigieux, alors que la saison débute à peine, que les automatismes ne sont pas encore là et que les effectifs ne sont pas encore définitifs.

Pourtant, en recevant Villarreal mardi soir, après s'être imposé en Espagne (1-2) la semaine passée, le club du Rocher a une réelle chance de retrouver la C1. Ce match retour présente plus d'un enjeu pour les hommes de Jardim, au-delà du simple pré vert, et bien plus loin que le simple périmètre du palais princier.

Avec son avantage d'un but conquis à l'extérieur, ils peuvent voir venir et pourraient même se permettre de perdre 0-1 sans compromettre la qualification. Mais en cas d'élimination, l'ASM prendrait à nouveau le risque de perdre de nombreux joueurs cadres (Moutinho et Fabinho en tête, voire Bernardo Silva), tentés par un défi sportif plus intéressant.

Plus crucial encore pour le club, ne pas exposer ses jeunes talents avec la vitrine de la Ligue des champions mettrait un peu plus à mal la volonté de plus-value rapide sur des joueurs à potentiel, déjà privés d'une telle opportunité la saison passée. D'autant plus que cette année, la direction sportive a mis la main au portefeuille pour des joueurs d'expérience (Glik, retour de Falcao) afin d'encadrer les pépites prometteuses que compte l'effectif monégasque. Et sans penser en premier lieu à vendre au plus offrant.

Car, si Monaco a moins besoin que d'autres clubs du bonus financier que représente une qualification pour la phase de poules de la Ligue des champions (15 millions d'euros minimum), son prestige est en jeu. L'ASM a vécu l'ascenseur émotionnel de 2015-2016 en ne se qualifiant pas pour la C1, quelques mois après en avoir atteint les quarts de finale.

Cette saison, elle doit confirmer qu'elle compte sur la scène européenne, qu'elle est redevenue pérenne parmi le gratin du football européen. En terme d'image, ne plus faire seulement le yo-yo voudrait dire beaucoup pour le club de la Principauté, dont les résultats sinusoïdaux dans les compétitions internationales et la stratégie d'achat-revente ont entaché les hautes ambitions des propriétaires russes.

Pour le football français aussi, ce Monaco – Villarreal revêt une importance presque capitale. La Ligue 1 n'a plus placé trois clubs en C1 depuis 2011-2012. Pour retrouver son standing vis-à-vis des autres championnats européens, elle doit retrouver ce trio de représentants. Il en va de l'image du football français mais aussi de la simple arithmétique. La France est repassée depuis le début de saison devant le Portugal et a distancé la Russie au fameux indice UEFA, baromètre des performances continentales des clubs.

Une qualification monégasque renforcerait cette tendance, surtout que Porto et Rostov, représentants des deux principaux concurrents, n'ont pas gagné lors de leur barrage aller (respectivement 1-1 face à l'AS Rome, et à l'Ajax Amsterdam). Les clubs tricolores n'avaient plus semblé en aussi bonne position depuis longtemps. Même privé de Falcao, Love, Mbappé, Sidibé et Mendy, Monaco doit maintenant concrétiser pour remettre le foot français sur une pente ascendante.