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Le jour où Diego Simeone a décomplexé l'Atlético face au Real...

François David

Mis à jour 02/05/2017 à 13:31 GMT+2

Cela faisait quatorze ans que l'Atlético de Madrid était régulièrement humilié par le Real Madrid au stade Santiago-Bernabeu. Dans son livre "Mes secrets de coach", Diego Simeone raconte comment il a su mettre fin à la malédiction et à redonner leur fierté aux Colchoneros. Méthodique et surprenant. Extrait.

Diego Simeone après Real Madrid - Atlético Madrid en finale de la Coupe du roi 2013

Crédit: Panoramic

"Cette saison, en 2012-13, nous avions pu nous qualifier en Ligue des champions, et plusieurs journées avant la fin du championnat, ce qui n'était pas arrivé depuis la saison 95-96. Nous avions eu une Coupe du Roi compliquée où, après avoir vaincu le Real Jaén, Getafe, le Betis et le FC Séville, nous avions gagné le droit d'affronter le Real Madrid en finale. Ce n'était pas une finale comme les autres, c'était un autre défi. J'étais totalement convaincu - et je l'avais dit au "Profe” Ortega (le préparateur physique de l'Atlético et le confident de Simeone, ndlr) après avoir perdu face au Real en championnat 2-0 - que s'il y avait une revanche que je voulais prendre sur eux, c'était bien en finale de la Coupe du Roi ! Je ne sais pas pourquoi, j'avais une intuition, et surtout la certitude que l'équipe, sur une finale, pouvait le faire.
L'année avait été presque parfaite. Il nous fallait maintenant perdre la peur de jouer au Bernabeu, cette peur après avoir été battus depuis tant d'années, ce "respect" dont te parlent sans cesse les médias, la télévision et la radio… Une finale est spéciale, ça se joue sur un match et les deux équipes étaient selon moi du même niveau. Ce match, nous avions décidé de le préparer ainsi, en étant convaincus que la Coupe serait pour nous. Je n'ai jamais vu cette finale comme un problème. Je l'ai toujours vue comme une opportunité.
Quelques-uns pensent que plus tu joues contre le Real Madrid ou le FC Barcelone, plus tu perds. Nous, nous disions que plus nous jouions contre eux, plus nous avions la possibilité de nous rapprocher de leur niveau et de trouver des failles pour les vaincre.
Radamel Falcao lors de Atlético Madrid - Rubin Kazan en Ligue Europa le 14 février 2013

"Après cette discussion, tout le monde voulait le Real en finale"

Même dans nos dernières défaites, il y avait toujours quelque chose d'intéressant à retenir, quelque chose qui nous rapprochait d'eux. Si nous jouions mieux, nous pouvions les battre. Car chaque fois, nous leur faisions un peu plus mal.
Les "Colchoneros" n'avaient pas gagné depuis quatorze ans en Liga dans le stade du Real. Mais cette fois, nous avions l'opportunité d'écrire une nouvelle page de notre histoire.
Quand nous sommes arrivés moi et mes adjoints quelques mois plus tôt, le groupe voulait l'Europa League. L'Atlético gagna l'Europa League. Là, le groupe voulait la Coupe du Roi.
Il y a une anecdote significative. Avant de jouer un match, nous étions au vert, et au cours d'une discussion avec les joueurs, certains me demandèrent – c'était avant la demi-finale Real Madrid-Barça - : "Coach, qui voudriez-vous jouer en finale ?" – et j'ai répondu direct : "Le Real. Très clairement." Je voyais que Barcelone était meilleur à ce moment-là. Le Real Madrid allait nous donner des options et le Barça, non. Après cette discussion, tout le monde voulait le Real en finale.
La finale se rapprochait. Vu que cela se jouait au Bernabeu, nous avions demandé qui étaient les ramasseurs de balle, une décision qui surprit. J'ai alors dit : "Le Bernabéu est le stade du Real Madrid. Ils mettent qui ils veulent, ce qui est le mieux pour eux. Les employés sont du Real, ils peuvent choisir le banc de touche, les ramasseurs de balle… Nous allions jouer une finale de Coupe comme nous si c'était un match de Liga, ça ne va se passer comme ça. Une finale est une finale.”
Diego Simeone (Atléico Madrid) lendemain de la victoire en Coupe du roi 2013 contre le Real Madrid

"Nous avons fait le match de notre vie"

À partir de là, nous avons fait une proposition, mélanger les ramasseurs de balle, proposition acceptée par le Real. Pour beaucoup, c'était une proposition bizarre, mais c'était en fait très important. Si un enfant voit que son équipe mène 1-0, il prend plus de temps pour redonner le ballon. Si les 12 ramasseurs de balle sont supporters de l'équipe rivale, tu es mort. A 6 contre 6, c'est plus équilibré, car si le ballon arrive dans la zone d'un de nos petits, il va le jouer pour nous. À travers ces petits détails, nous sommes parvenus à transmettre aux personnes de l‘Atlético Madrid que nous voulions gagner le match. Je crois aux détails. Ce sont eux qui te permettent de remporter les grandes victoires.
Nous savions que nous devions tirer les corners à un certain endroit et que nous devions avoir la chance de notre côté. Mais Ce n'est pas la chance qui permit à Courtois de faire deux grandes parades. Ce n'est pas non plus la chance qui nous a permis de démoraliser le Real Madrid à la suite d'une contre-attaque spectaculaire, car les Madrilènes s'étaient préparés à vite marquer puis à contrôler le match, comme ils en avaient l'habitude. C'est pour ça que nous avons gagné. Grâce à tous ces détails, à la présence de ces 40 000 âmes qui nous soutenaient, nous avons fait le match de notre vie et provoqué le déclic dont nous avions besoin pour ce qui allait venir : le titre de champion d'Espagne 2014 et toutes ces grandes épopées européennes !"
Issu du livre "Mes secrets de coach" par Diego Simeone, aux Editions Talent Sport, 216 pages
"Mes secrets de coach" - Diego Simeone
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