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Pression, ambiance bouillante, club ambitieux : Fenerbahçe, ce club à part qui défie Monaco

Alexis Billebault

Publié 27/07/2016 à 00:25 GMT+2

C’est un monument du football turc que l’AS Monaco s’apprête à affronter mercredi (20h30) à Istanbul (retour le 3 août) en tour préliminaire de la Ligue des champions, dans un contexte particulier. Le Fenerbahçe Spor Külübu n’est pas seulement le club le plus riche de Turquie. Il est aussi le plus populaire.

Les supporters de Fenerbahçe lors de la saison 2015-2016

Crédit: AFP

Il paraît que les supporters du Fenerbahçe en rigolent encore, même si les malheurs de Galatasaray, privé de compétition européenne cette saison à cause d’une sixième place indigne de son standing, derrière des sans-grades appelés Konyaspor, Basaksehir et Osmanlispor, ne les consolent qu’en partie. Car c’est le Besiktas, l’autre grand d’Istanbul, qui a raflé le titre national en mai dernier, le genre d’évènement à plomber les vacances estivales de n’importe quel fan de l’adversaire de Monaco .
"Il y a une rivalité incroyable entre ces trois clubs. Et peut-être encore plus entre Fenerbahçe et Galatasaray (20 titres, contre 19 à Fenerbahçe et 12 au Besiktas, ndlr). La défaite de l’autre est toujours considérée comme une victoire", explique Sébastien Perez, qui a joué une saison (2001-2002) dans ce dernier club, se souvenant de derbies "très tendus, joués dans une ambiance incroyable. Pourtant, j’ai disputé des Marseille-Paris-SG, des Lyon-Saint-Etienne, mais un derby à Istanbul, c’est quelque chose d’assez incroyable. Le stade du Fenerbahçe est un véritable chaudron, et cela risque de surprendre les Monégasques mercredi, eux qui n’ont pas vraiment l’habitude d’évoluer dans un tel contexte."
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Des fans de Fenerbahce

Crédit: Other Agency

Un président riche et turbulent

Depuis l’arrivée d’Aziz Yildirim à la présidence du club en 1998, Fenerbahçe, présenté comme l’équipe de la classe moyenne, n’a jamais quitté les feux de l’actualité. Ce sexagénaire (63 ans), qui a bâti son immense fortune dans le business de la construction, a modernisé son club, devenu le plus riche du pays. Ses joueurs touchent des salaires haut de gamme – malgré quelques retards ponctuels - , s’entraînent dans un complexe sportif qui n’a rien à envier aux grands d’Europe et jouent dans un stade (Sükrü Saracoglu, doté de 55 500 places) plusieurs fois agrandi.
Mais Yildirim, qui a la lettre de licenciement facile – il a usé quatorze entraîneurs depuis qu’il s’est assis dans le fauteuil présidentiel – a passé quelques mois en prison dans une affaire de matches truqués, avant d’être finalement acquitté en octobre dernier, une affaire qui a conduit à l’exclusion de l’équipe de la Ligue des champions par la fédération turque en 2011-2012 et par l’UEFA en 2013-2014. Et l’absence de titre national depuis 2014, combiné à des résultats continentaux décevants, ont entamé la patience des supporters du club de la rive asiatique du Bosphore (Galatasaray et Besiktas sont situés sur la rive occidentale de la mégapole, ndlr).
"Il y a une attente énorme, la pression, qu’elle soit populaire et médiatique, est permanente. Il faut être fort mentalement pour réussir ici. Tous les ans, on vous demande de gagner le titre, au pire la Coupe, de remporter les derbies, à tel point qu’on te conseille la semaine précédant le match de ne pas t’exprimer dans la presse, de ne pas twitter et d’éviter de sortir en ville, et aussi de faire un bon parcours en Ligue des champions", témoigne l’international sénégalais Issiar Dia, qui a porté le maillot jeune et bleu entre 2010 et 2012.
Depuis l’exercice 2008-2009, les Stambouliotes n’ont plus accédé à la phase de groupes de la C1, et cette saison, le boss a demandé à son entraîneur portugais Vitor Pereira et à ses joueurs de retrouver le gratin du football européen au mois de septembre. "On veut faire un bon parcours en Ligue des champions, cela fait partie des objectifs", confirme l’attaquant international marocain Aatif Chahechouhe (30 ans), recruté cet été à Sivasspor alors qu’il lui restait une année de contrat.
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Aziz Yildirim, le président de Fenerbahçe

Crédit: Panoramic

Drôle d’accueil pour les recrues

Avec le Néerlandais Gregory Van der Wiel (Paris-SG), le Russe Roman Neustädter (Schalke 04) ou le Slovaque Martin Skrtel (Liverpool), l’ancien nancéien, dont l’efficacité à Sivasspor a incité Yildirim à sortir son carnet de chèque pour s’offrir ses services, est une des principales recrues estivales de Fenerbahçe. "Pour l’instant, on ne sent pas trop la pression. C’est assez calme. Nous avons disputé deux matches amicaux dans notre stade, un à huis-clos, l’autre devant un peu de public. Mais ça ne va pas durer. Contre Monaco, le stade sera sans doute plein, malgré le contexte particulier."
Car la Turquie a été touchée à plusieurs reprises par des attentats particulièrement meurtriers ces derniers mois, et la ville d’Istanbul n’a pas été épargnée. A ce climat anxiogène s’est ajoutée une tentative de coup d’Etat le 15 juillet afin d’éjecter du pouvoir le président Recep Erdogan, qui se présente d’ailleurs comme un supporter de Fenerbahçe. "Les nouveaux joueurs ont été surpris. On peut les comprendre : la Turquie a été ciblée par des terroristes, et à peine arrivés, il y a un coup d’Etat. Mais il n’y a pas de psychose. Après les évènements du 15 juillet, on nous a demandé de faire un peu attention, rien de plus. Nous savons tous que le risque zéro n’existe pas, que les terroristes peuvent frapper partout, mais d’après ce que je constate, les Stambouliotes vivent normalement, malgré les évènements. Et moi, si j’ai fait venir ma famille à Istanbul il y a quelques jours, c’est que je suis assez tranquille. Sinon, ma femme et mes enfants ne seraient pas venus, et moi, je serais peut-être parti… Mais je ne veux pas me mêler des affaires internes turques." C’est en effet plus prudent…
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