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France - Portugal : Pour les Portugais, c’est bien plus qu’un amical

Nicolas Vilas

Mis à jour 11/10/2014 à 01:11 GMT+2

Les raisons de suivre le France - Portugal de ce samedi ne manqueront pas. Au-delà de la première de Fernando Santos, ce duel stimule les sentiments chez les fans de la Selecção. Cet amical, c’est comme un clasico pour les Portugais.

Cristiano Ronaldo avec le Portugal lors de la Coupe du monde 2014

Crédit: Panoramic

Si vous avez gardé un souvenir mitigé voire ennuyeux des deux derniers matches des Bleus (1-0 contre l’Espagne, 1-1 contre la Serbie), dites-vous que, ce samedi, face au Portugal, à défaut de réel enjeu, il y aura de l’émotion. Cet amical n’en est pas un pour la Selecção. Après l’Espagne (38 matches) et l’Italie (24) et à égalité avec l’Angleterre (22), la France est la nation que les Portugais ont le plus souvent affronté dans leur histoire. L’affiche a tout d’un clasico. Y compris la charge émotionnelle. La rencontre que s’apprête à accueillir le Stade de France devrait en être témoin. Une nouvelle fois. En 2001, les Ibères y avaient pris une grosse claque (4-0). Les Bleus sont une bête noire pour les Rouge et Vert.

Génération frustrée

Des 22 précédentes confrontations face à l’équipe de France, le Portugal n’en a remportées que cinq (contre 16 défaites et un nul). Le dernier succès remonte au 26 avril 1975. "Ce match-là, je ne peux pas l’oublier. J’ai fait une grosse erreur qui nous a coûté la défaite et surement même ma carrière en équipe de France". L’ancien gardien René Charrier se souvenait, il y a peu sur MCS, de son ultime cape avec les Bleus. Un 2-0 qu’aucun des convoqués de Fernando Santos n’a vu. "Quand t’es pas né, t’es pas  né", dirait DD. Depuis cet amical à Colombes, les Portugais se sentent déplumés, voire pigeonnés par l’EDF. Ces duels virent souvent aux prises de bec. La demi-finale de l’Euro 84 (2-3 a.p.) avec le doublé thuramien de Domergue (bien que l’histoire voudra que ce soit l’inverse) a laissé un goût amer.
Seize ans plus tard, même fado. Demi-finale de l’Euro 2000. But en or de Zidane (1-2 a.p.), sur penalty après une main d’Abel Xavier dans la surface. Aujourd’hui encore son geste est sujet à débats entre supporters des deux camps. Alors, on lui a demandé. Et on n’est pas les premiers : "On continue de me poser la question, très souvent, sur cette action. C’est l’un des pires moments de ma carrière. Le ballon a touché ma main mais il n’y avait pas intention de faire main". L’interprétation en revenait donc à l’arbitre et Abel le concède : "Ce n’était pas facile. Il devait se décider en quelques secondes. Pressé par les joueurs français". Manque de pot, Benko a filé péno. Une minute avant, le latéral décoloré était proche d’être le héros : "Sur un centre de Figo, je place une tête que Barthez repousse. Cet arrêt fut élu le plus beau de la compétition".
Frustrant, rageant. L’ancien joueur du Benfica porte encore en lui un sentiment d’injustice : "Si j’avais été français, il n’y aurait pas eu penalty… " Rassurez-vous, il le dit en se marrant. Mais les Portugais cultivent un certain désamour vis-à-vis des officiels. Une parano presque légitime. Marc Batta et l’exclusion de Rui Costa qui privèrent un pays d’une Coupe du monde en… France. Le dernier grand rendez-vous manqué du Portugal.
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Abel Xavier, le défenseur portugais, avec l'arbitre Gunter Benko lors de la demi-finale de l'Euro 2000 France-Portugal

Crédit: AFP

Plus qu’un test pour Fernando Santos

"L’ingénieur" Fernando Santos sera ainsi baptisé dans la grande cathédrale de Saint-Denis. Trois jours plus tard, il aura un déplacement au Danemark. Et là, chaque point comptera. Mais là-bas, ses joueurs devront se passer de sa présence sur le banc. Santos est suspendu pour les huit prochains matches officiels (à enjeu) par la FIFA après son exclusion au Mondial contre le Costa-Rica. Le SDF sera donc le lieu de la répét' générale. "Je vais devoir profiter du match contre la France pour tester mes idées et devoir tirer des conclusions sur la philosophie à adopter  à l’avenir", a-t-il concédé. Au Danemark, Ilidio Vale, son adjoint, prendra le relais. "C’est un entraîneur d’excellence en qui j’ai une confiance absolue. Nous sommes en totale osmose", dédramatise-t-il.
Le test face aux Bleus sera sa première (et dernière) opportunité de jauger une équipe capable de s’imposer en terres nordiques. En ayant débuté chez elle par une défaite face à l’Albanie (0-1), la Selecção s’est déjà calée au pied du mur. Santos a un gros chantier devant lui. L’EDF pourrait l’aider à y voir plus clair. Le nouveau sélectionneur - qui aura fêté ses 60 ans la veille de la rencontre - a hérité d’une équipe en transition, d’une nation en doute et en déclin. Et la reconstruction que tant attendaient à l’issue du Mondial raté au Brésil est devenue une urgence. Il a tenu à certifier d’entrée que la Selecção est "ouverte à tous" et qu’avec lui l’âge ne sera pas un critère : "Je ne regarde pas les cartes d’identité". On l’a constaté dans sa première liste.
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Cristiano Ronaldo Fernando Santos - Portugal 2014

Crédit: AFP

Trouver le bon équilibre

Beaucoup de curiosités gravitent autour de la Selecção. Santos a convoqué des revenants (Tiago, Ricardo Carvalho, Quaresma, Danny), des nouveaux (José Fonte, Ivo Pinto, João Mario), et il a écarté des habitués (João Pereira, Veloso, Meireles). Il tranche en évitant (y compris dans les mots) de basculer vers la "rupture". Poursuivra-t-il donc l’habituel 4-3-3, lui, l’adepte du 4-4-2 ? Sans Pereira ni Coentrão, quelle défense alignera-t-il ? Avec une moyenne de 1.04 but encaissé par match, la sélection de Paulo Bento était la plus perméable depuis celle de Juca, à la fin des années 1980. Après l’Italie (2.12), la France est le pays face auquel le Portugal a le plus cédé de buts en moyenne par match (2.09).
Oui, la France est LE test idéal, plus encore pour son nouveau sélectionneur, souvent qualifié de défensif. FS présente toutefois un bilan mitigé face aux équipes françaises : deux succès (avec Porto contre Nantes et avec le Benfica contre le PSG) contre trois défaites (avec Porto contre Nantes, avec l’AEK contre Lille et avec le Benfica contre le PSG), le tout en C3, avec, tout de même, deux qualifications à la clé. Bento avait timidement initié le renouveau du milieu mais le secteur offensif suscite lui aussi de nombreuses interrogations. Cristiano devrait effectuer son retour mais qui pour l’épauler ? De ce duel au SDF, beaucoup de décisions (forcées ou confortées) pourraient découler. Le Portugal joue une partie de sa qualif au cours de cet amical…

Parce que les clubs ça ne suffit pas

Le ranking UEFA est là pour le rappeler : les clubs portugais entretiennent leur culture européenne. Ils figurent notamment devant la France au classement. L’histoire des clubs portugais est belle. Avec 17 finales européennes (dont six remportées), la petite nation ibérique fait mieux que le grand Hexagone et ses deux Coupes d’Europe (13 finales en tout). Les confrontations directes entre équipes portugaises et françaises aussi virent à l’avantage des premières : 42 victoires, 26 nuls, 31 défaites ; soit un taux de succès qui dépasse les 42% grandement soutenu par les résultats des trois grands (Benfica, Porto, Sporting). Mais le palmarès de la Selecção, lui, reste accroché au néant.
La France a réussi là où le Portugal a failli (réussir). Elle a remporté son Mondial face au grand Brésil, alors que le Portugal a plié dans SA finale contre l’inconnue grecque. Le clubisme a longtemps compensé les contre-performances de la Selecção mais il les a aussi entretenues. Depuis, l’industrialisation et la mondialisation du football est passée par là. Aujourd’hui, les supporters (de ce trio) sont tiraillés entre leur amour (relativement) récent pour leur nation aux résultats étranges et le désamour (grandissant) envers leur club de plus en plus "étranger". Une victoire sur les Bleus permettrait de réconcilier les Portugais avec leur sélection et d’effacer, au moins un instant, une partie de leurs complexes…
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