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Avant Portugal-France : ces Bleus qui ont la Seleçao dans le coeur

Nicolas Vilas

Mis à jour 13/09/2015 à 20:18 GMT+2

AMICAL - Pour plus d’un million d’"Hexagonaux", un France - Portugal est un moment spécial. Le jour est arrivé. Entre les Bleus et la Seleção, beaucoup de lusodescendants ont tranché. Y compris chez les joueurs.

Cristiano Ronaldo, lors de Portugal-Arménie, en éliminatoires de l'Euro 2016.

Crédit: AFP

Parc des Princes. 24 janvier 1996. L’Euro (star) approche. Avec l’Angleterre en ligne de mire, la France et le Portugal ont choisi de s’échauffer dans le froid parisien. Premier souvenir personnel de "notre clássico". Gamin, quand papa parlait des Bleus, il faisait référence à cette demie de 1984. A ce doublé "impossible" de Domergue, à ce but "injuste" de Platini "au bout de la prolong'". "Le Portugal n’a jamais eu de chance contre la France, déplorait le paternel. C’est un grand pays…" Qui remportera son Mondial en 1998 ; celui dont le Portugal a été privé "à cause" de Marc Batta, un arbitre… français.
L’EDF va carrément remettre ça à l’Euro 2000 aidée par "le Portugais" Robert Pirès qui, comme Corentin Martins ou Daniel Moreira, a donné sa préférence au pays qui l’a formé. Le Mondial 2006 alimentera à son tour l’amertume lusitanienne. Les Lusos n’ont pas eu plus de réussite lors des amicaux. Voilà neuf rencontres, plus de quarante ans et 867 minutes que les Portugais n’ont pas battu les "Franceses". Plus d’une génération de lusodescendants a été bercée entre la frustration et les ressentiments cultivés par ses ascendants, et elle a basculé en faveur de la Seleção.
Ce samedi, Fernando Santos - le seul de son groupe qui était né ce 26 avril 1975, jour du dernier succès portugais sur les Français - est celui à travers qui toutes ces âmes en peine espèrent se soulager. Certaines ont même fait une carrière. Internationale. Vous connaissez l’histoire de Raphaël Guerreiro et d’Anthony Lopes. Voici celles d’autres "tiraillés"…
  • Marco Ramos(U19 Portugal, convoqué en A)
Mes proches me disaient : ‘Si tu perces, t’as intérêt à choisir le Portugal !’
"J’ai été appelé en pré-France (moins de 15 ans), mais je n’avais pas mes papiers français et je n’y suis donc pas allé. Même si je me sens français, je suis né à Levallois et j’ai été formé en France, niveau foot, je me sens portugais. C’est comme ça depuis que je suis petit. Dans ma famille, on vibre pour le foot portugais. Quand j’ai intégré le centre de formation de Monaco, mes proches me disaient : 'Si tu perces, t’as intérêt à choisir le Portugal !' Inconsciemment, il y a l’influence de la famille. Et puis, sportivement, mais aussi économiquement (ça joue, il ne faut pas se le cacher), la Seleção peut rivaliser avec les Bleus. Les France - Portugal se jouent souvent à peu de choses et les derniers basculent toujours envers la France. Mais il y a une nouvelle génération portugaise très intéressante et ça peut basculer dans l’autre sens."
  • Jonathan Martins Pereira (U21 France 2006-2008, Troyes)
Ça aurait une fierté de jouer pour la France et le Portugal
"Franchement, pour moi, c’est du 50-50. Je souhaite que le meilleur gagne. Je suis les deux équipes avec la même intensité. Mes deux parents sont Portugais (de Santo Tirso), mais j’ai été formé en France, je suis passé par l’INF Clairefontaine. J’ai été appelé avec les Bleuets, en Espoirs. Quand j’étais à Ajaccio, l’âge de 20-21 ans, j’avais été approché par les Espoirs du Portugal, mais j’ai eu une blessure à l’épaule qui m’a empêché d’y aller. J’aurais aimé. Ça aurait une fierté pour moi, mais surtout pour ma famille. Surtout, ça aurait été une fierté de jouer pour la France et le Portugal. J’avoue que la demi-finale de 2000 m’a fait du mal. Les Portugais méritaient d’aller au bout. Ils avaient la grosse équipe. Mais cette main d’Abel Xavier…"
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Jonathan Martins Pereira derrière Rémy Cabella lors de Marseille-Troyes

Crédit: Panoramic

  • Damien da Silva(U17 et U19 France, Caen)
Je rêve de jouer pour la Seleção
"Le Portugal m’avait approché lors du tournoi de Montaigu (moins de 16 ans). A l’époque, j’étais à Niort. Le sélectionneur m’avait annoncé que j’allais être présélectionné. J’étais super content, mais je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Quelques temps après, la France me convoque et j’y vais avec beaucoup de fierté. Je suis aussi supporter des Bleus, mais j’ai toujours eu une petite préférence pour le Portugal. Ma famille paternelle, qui est portugaise, est à fond dans le foot. Mêmes mes tantes et mes cousines jouent au foot. Ça me paraît très, très loin, mais j’ai le rêve de jouer pour la Seleção, même si je ne sais s’ils savent que j’existe, là-bas. Chez moi et même au Portugal, on a parlé le français et j’ai toujours voulu apprendre le portugais. Alors, j’ai pris des cours de portugais à la fac l’année dernière et maintenant, j’ai une prof à domicile."
  • Stanislas Oliveira (U21 France et Portugal)
Pour moi, le Portugal c’était instinctif
"En janvier 2009, j’étais appelé en équipe de France et en juin de la même année, j’étais avec le Portugal qui me suivait depuis un moment. J’attendais juste ma convocation. Et bizarrement, la France me rappelle alors que je ne m’y attends pas du tout. Je ne pouvais pas refuser : la France m’a tout donné, j’y suis formé, j’y suis né et ça me paraissait naturel d’accepter, mais j’avoue que je penchais pour le Portugal. Mes deux parents sont portugais, toute ma famille est au Portugal. Pour moi, footballistiquement, c’était instinctif. Les France-Portugal, c’est les penaltys de mon joueur préféré, Zidane. En 2000 et 2006. Deux fois… Quand j’étais jeune, je m’amusais à dire que la France ne savait battre le Portugal que sur penalty."
  • Rafaël Dias (U15 U16 France 05-07, U20 Portugal 10-11)
Au Portugal, ça vit football
"J’ai été appelé en Bleuets moins de 15 et moins de 16 ans, puis je n’ai plus jamais reçu de convocation. Mon souhait était d’évoluer pour le Portugal, le pays de mon père, où je suis né. Et c’est toujours le cas. La famille, ça joue beaucoup. Un de mes cousins, César Brito, a joué au Benfica et en Seleção. Mes proches me conseillent beaucoup dans mes choix. Le Portugal possède une culture foot qui n’existe pas en France. J’aimerais jouer dans la Liga portugaise, pour son jeu, sa passion. Là-bas, ça vit football."
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Rafael Dias (Créteil)

Crédit: Panoramic

  • Claude Gonçalves (U19, U20 Portugal, Ajaccio)
On ressent un vrai engouement autour de la Seleção
"J’ai été convoqué par le Portugal la première fois en moins de 19 ans pour un regroupement. Au tout début, c’était un peu difficile parce que je ne maitrisais pas la langue. Mais le sélectionneur, Ilídio Vale, m’a dit qu’il me rappellerait souvent pour que je me sente à l’aise. Et ce fut le cas. L’année dernière, le sélectionneur des Bleuets avait pris contact avec le coach Christian Bracconi pour lui signaler qu’il voulait m’appeler. J’ai répondu que je préférais le Portugal. Mes parents sont portugais et les Portugais sont très famille. Footballistiquement, je me sens plus portugais. L’équipe de France est souvent critiquée. Avec la Seleção c’est différent. On ressent un vrai engouement autour du Portugal et un joueur est aussi sensible à ça."
  • Jordan Machado (U19 U20 Portugal, Montpellier)
La Seleção me rapproche de mes racines
"La France m’a approché lorsque j’étais en moins de 16 ans, mais je n’ai plus jamais été appelé. Ma famille paternelle est portugaise et, depuis tout petit, même à l’école, on me différenciait comme étant le 'petit portugais'. La Seleção, que j’ai intégrée en U19 et U20, me permet de me rapprocher de mes racines, d’une culture qui est aussi la mienne mais que je connais moins. J’ai appris le portugais en équipe nationale, puis avec mon père, je l’étudie aussi à travers des livres. Le Portugal m’a donné ma chance. C’est vrai que je n’ai pas certains repères et que je me sens parfois un peu différent de ceux qui sont nés au Portugal. Mais une fois sur le terrain, on est tous pareil. Quand je joue avec le maillot du Portugal, il y a une espère de magie. En 2000, j’avais cinq ans et j’étais au Portugal lors de cette fameuse demi-finale. Ma mère, un peu provocatrice, m’avait acheté un maillot floqué Zidane. Je me faisais insulter pour tout le monde ! (rires)"
  • Alexis de Araujo (U16 France, U17 Portugal, Lille)
Aussi, une question de jeu
"En moins d’un an, j’ai joué en jeunes pour la France et le Portugal. J’ai d’abord été appelé en Bleuets. Comme ils ne semblaient plus compter sur moi et que les Portugais se sont manifestés, j’y suis allé. Mes deux parents sont de Guimarães. Mon oncle, Julien de Araujo, a joué pour le Portugal en jeunes, quand il évoluait à Lens. Jeune, mon père devait signer à Guimarães ou à Braga, mais il a émigré vers la France avec ses parents. Ses sœurs étaient footballeuses, elles aussi. L’une d’elles, Suzanne, a même porté le maillot des Bleues. Ma famille me conseille, mais c’est moi qui prends les décisions et j’avoue que j’ai une petite préférence pour le Portugal. C’est comme ça depuis que je suis petit. Je me sens bien quand je joue avec eux. Ma façon de jouer est peut-être plus adaptée au Portugal. C’est aussi une question de jeu."
  • Olivier Feliz, le "rabatteur"
Les Figo, Cristiano Ronaldo les font rêver
Ancien dirigeant à l’ACBB, Olivier Feliz jouit aussi du statut officieux de conseiller auprès de la Fédération portugaise de football : "Il arrive que des responsables des équipes de jeunes de la Fédé m’appellent pour me demander des informations sur des jeunes français d’origine portugaise. La formation française est mondialement reconnue. La FPF, qui construit un projet calqué sur l’INF, scrute aussi en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, où beaucoup de Portugais résident. Lorsqu’on demande aux jeunes binationaux d’origine portugaise s’ils veulent jouer pour la Seleção, ils ont tous la même réponse : c’est leur rêve. Les Figo et Cristiano Ronaldo les font rêver. Les parents leur parlent des clubs, du foot portugais, de l’équipe nationale, mais ils ne forcent pas le choix de leur gamin. D’ailleurs beaucoup de ces joueurs ont un de leur parent qui est français."
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