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Pas de Cristiano, un nouveau et des attaquants de D2… le Portugal cherche des alternatives

Nicolas Vilas

Mis à jour 12/11/2015 à 11:11 GMT+1

MATCHES AMICAUX - En se privant de Cristiano Ronaldo pour les matches amicaux face à la Russie et au Luxembourg, Fernando Santos accentue le perpétuel problème offensif de la Seleção. Le Portugal s’en remet aux jeunes, à des joueurs de D2 et peut-être même à un nouveau système de jeu…

Le sélectionneur portugais Fernando Santos

Crédit: Panoramic

Pour la première fois depuis 2008, le Portugal va pouvoir appréhender une phase finale sans se soucier des barrages. Un temps de préparation que Fernando Santos entend "gérer" lors des amicaux face à la Russie (samedi) et au Luxembourg (mardi prochain). "Il ne s’agit pas de matchs d’expérimentations mais de gestion", assure le sélectionneur.
Sa dernière liste propose un inédit mix des deux. L’Ingénieur a convoqué deux attaquants de Championship (Nélson Oliveira et Lucas João), deux petits nouveaux (Guedes et Neves en remplacement du blessé Moutinho) et a décidé de se passer de Cristiano Ronaldo.

Une attaque orpheline

La non-convocation du capitão a étonné. Les questions liées à son absence ont donc fusé. "Pourquoi parlez-vous toujours de Cristiano ?", a d’abord lancé Santos. La réponse, il la connait. C’est même lui qui la formule. Parce que CR7 est aussi "indispensable" qu’"indiscutable" à sa sélection. Parce qu’il a planté 5 des 12 pions de l’ère Santos. Jamais un joueur n’avait eu une telle influence en Seleção depuis Eusébio sous Otto Glória (auteur de 48,78% des buts ente 1964 et 1966).
Et jamais Ronaldo n’avait autant influé sur les stats offensives d’un de ses sélectionneurs. Il fut le meilleur réalisateur de Paulo Bento (27 buts) mais n’aura inscrit "que" 31,39% des réalisations de son Portugal. L’ancien entraîneur du Sporting pouvait alors compter sur Postiga (14 buts), Nani (8) ou Hugo Almeida (6).
Avec Scolari, la star du Real a atteint les 20 buts. Mais là encore, le Brésilien avait Pauleta (28), Nuno Gomes (15), Simão (14) ou Postiga (11). Avec 8 buts, Almeida fut le goleador de Carlos Queiróz pour qui Cristiano ne fut pas d’un grand apport statistique (2 des 47 buts de la période 2008-2010). Simão (7), Nani (5), Bruno Alves, Raúl Meireles et Liedson (4) ont fait mieux.
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Cristiano Ronaldo (Portugal) contre le Danemark

Crédit: AFP

Le cas de ce dernier est assez symptomatique d’un mal récurrent et profond du foot portugais. Né au Brésil, l’ex-buteur du Sporting a obtenu la nationalité portugaise peu avant le Mondial 2010, encouragé par un Queiróz qui avait déjà essayé de convaincre Kévin Gameiro de recaler son pays de naissance. Pour tenter de faire du 9, chacun sa méthode.

Encore des baptêmes, deux joueurs de D2

Après onze rencontres, la Seleção de Fernando Santos atteint un taux de succès de plus de 70%. Mais elle ne compte que 12 buts marqués. Sa moyenne par match (1,09) est la moins élevée depuis Artur Jorge (1,00 en 1996-1997). Le célèbre moustachu, qui avait échoué à mener le Portugal à la Coupe du Monde 1998, avait cédé sa place au terme de douze rencontres.
En l’absence du meilleur buteur de la Seleção, Santos a annoncé pas mal de nouveautés pour animer son attaque. Outre Nani et Bernardo Silva, il baptise Gonçalo Guedes. Encore buteur avec le Benfica le week-end dernier, le polyvalent joueur offensif du Benfica pourrait devenir, à 18 ans seulement, le seizième joueur lancé par l’Ingénieur.
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Cape Verde's midfielder Platini (C) vies with Portugal's midfielder Bernardo Silva (R)

Crédit: AFP

Figurent aussi dans la liste Nélson Oliveira (Nottingham Forest) et Lucas João (Sheffield Wednesday). L’ancien buteur de Rennes (24 ans) et l’ex-attaquant du Nacional (22 ans) évoluent aujourd’hui en Championship. Le Portugal serait-il donc condamné à se tourner vers des joueurs de D2, aussi anglaise soit-elle ? Quand bien même, pourquoi Orlando Sá qui y évolue lui aussi a, une fois encore, été "zappé" ? A lui seul, le striker de Reading (27 ans) a pourtant inscrit cinq réalisations. C’est plus que Lucas (4) et Nélson (2)…
Le dernier joueur de deuxième division à avoir joué en Seleção est un certain… Pauleta. Le 20 août 1998 face à l’Arménie (3-1), le Pichichi de Segunda División avec Salamanca est lancé par Artur Jorge. Cinq ans plus tard, jour pour jour, c’est le gardien Bruno Vale qui débute. Le gardien sort alors d’une saison au FC Porto avec qui il n’a pas disputé le moindre match en équipe première. Vale s’est contenté de l’équipe B. Enième illustration des difficultés des Portugais à se renforcer à ces postes-clés.
Sinon, Eder qui n’a pas encore marqué avec Swansea a été oublié, et à part le petit nouveau Guedes, aucun attaquant de la Liga portugaise ne figure dans cette liste. L’actuel meilleur buteur portugais du championnat évolue à Setúbal. Il se nomme André Claro et pointe à 5 buts après 10 journées. Reste l’improbable dossier Lima. Passé du Benfica aux Emirats arabes unis cet été, le joueur de 32 ans en est à 14 buts en 13 rencontres avec Al Ahli, finaliste de la C1 asiatique. Le natif de Monte Alegre (Brésil) qui a entamé les démarches pour obtenir la nationalité portugaise attendait un signal de la fédé portugaise. Une occasion que Queiróz n’aurait certainement pas loupée…
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Pedro Miguel Pauleta, l'Aigle des Açores

Crédit: Imago

Nouveau système… pour Ronaldo ?

Si Fernando Santos n’affiche pas les données d’un coach offensif, il n’est pas pour autant un bétonneur. 0,73 but encaissé par match en moyenne, c’est moins bien que Queiroz (0,56) mais bien mieux que Paulo Bento (1,09). En matches officiels, Mister Santos possède la meilleure défense (0,50, à égalité avec Artur Jorge) des vingt dernières années, après Queiróz (0,37). S’il s’est toujours refusé à parler de révolution, il est bien l’homme d’une Seleção en mutation. Y compris tactiquement.
"Je pointe pour un Portugal qui n’évolue pas dans un 4-3-3 classique, expliquait récemment le technicien de 61 ans à A Bola. Nous n’avons pas d’avant-centre capable de bien évoluer dos au but et qui tienne le ballon. Postiga a peut-être été le dernier, avec Nuno Gomes." Pas un mot sur Hugo Almeida (19 buts en 57 sélections). Auteur de deux buts cette saison, l’actuel attaquant de 31 ans de l’Anji (dernier de la Première ligue russe) n’a plus été appelé en équipe nationale depuis mars.
Santos entend ainsi s’éloigner du système le plus usité dans son pays ces dernières années. Il poursuit : "Je n’ai aucun doute sur l’option que j’adopterai : un 4-4-2 avec deux joueurs mobiles sur le front. Ca nous donne plus de possibilités de potentialiser notre meilleur joueur : Ronaldo." Le 4-4-2, Rafa Benitez l’a testé au Real, avec CR7 dans l’axe, mais il en est déjà revenu pour repasser au 4-3-3.
Adepte avoué du 4-4-2 losange qu’il avait tenté d’instaurer au Benfica (2006-2007), FS a essayé quelques variantes avec le Portugal. Il a maintenu une certaine constance au milieu, tout en tentant de faire émeger un 10. Danny s’est vu confier le rôle du meneur, sans vraiment s’y montrer à son aise. Santos testera-t-il les polyvalents et inspirés jeunes dans ce rôle ? "Le losange nous donne de bons résultats. Mais avec peu de temps pour le travailler, il nous est difficile d’avoir des automatismes. Et, avec peu de temps, il est plus facile d’apprendre le classique", lance-t-il.
Les deux test-matches à venir lui permettront de peaufiner sa méthode, avec, un "rêve" en tête : "gagner l’Euro 2016." Mais, et ce n’est pas un détail, il devra œuvrer sans son joueur-clé. Si son attaque inédite explose face aux Russes et/ou aux Luxembourgeois, méritera-t-elle un emballement ? Si elle piétine, ce ne sera qu’une nouvelle preuve de l’indispensable influence de Cristiano Ronaldo.
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