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Favori au sacre ou fiasco en perspective : l'Espagne reste une gigantesque énigme

Vincent Bregevin

Mis à jour 24/03/2016 à 10:23 GMT+1

MATCHES AMICAUX – Malgré son statut de double tenante du titre, l'Espagne s'avance dans l'inconnu vers l'Euro 2016. La campagne de qualification, bien que maîtrisée, n'a pas vraiment levé les doutes nés du fiasco brésilien pour la Roja. Beaucoup de questions restent sans réponse avant le test face à l'Italie jeudi (20h45).

Gerard Piquet et Sergio Ramos avec l'Espagne

Crédit: Panoramic

Normalement, elle aurait dû s'avancer comme la grande favorite de l'épreuve. L'Espagne reste quand même le double tenant du titre du Championnat d'Europe. En 2012, elle était devenue la première nation à enlever un deuxième sacre consécutif dans l'histoire de l'épreuve. Elle devait aborder la dernière ligne droite avant l'Euro avec des certitudes. Mais ce sont les doutes qui prédominent. La Roja est encore marquée par le fiasco de son élimination au premier tour de la Coupe du monde au Brésil. A moins de trois mois de l'Euro, c'est plus une énigme qu'autre chose.

Quel statut pour l'Euro ?

Un double tenant du titre qui ne part pas favori pour sa propre succession, ça reste paradoxal. C'est certainement le cas de l'Espagne. Parce que la Roja a perdu beaucoup de son éclat au Brésil il y a deux ans. Pendant que l'Allemagne en gagnait beaucoup. Les Allemands de Löw ont abandonné l'étiquette de l'équipe toujours placée mais jamais gagnante grâce à leur titre de champion du monde. Ils sont légitimement favoris pour le prochain Euro.
La question est plutôt de savoir si l'Espagne sera son principal challenger. Là aussi, c'est discutable. Vu de la péninsule ibérique, ce n'est pas tout à fait le cas le cas. "C'est sûr, elle ne sera pas la grande favorite, mais il ne faut pas oublier ses deux derniers titres", tempère Adrian Garcia, notre confrère d'eurosport.es, tout en estimant que la France, l'Allemagne et la Belgique sont devant la Roja dans l'ordre des favoris. La tendance est sensiblement la même à l'étranger. The Daily Mirror classe ainsi le double tenant du titre à la troisième place parmi ses favoris, derrière l'Allemagne et la France.

Quels progrès depuis le Mondial ?

Si l'équipe de Vicente Del Bosque reste une énigme, c'est aussi parce qu'elle n'a pas donné des signes positifs d'évolution depuis son échec retentissant au Brésil. Elle a connu une campagne de qualifications assez tranquille avec 9 victoires et 1 défaite en 10 matches, mais l'Espagne n'a pas rassuré ses observateurs dans le jeu. Au contraire. "Del Bosque a été obligé de changer des joueurs, et cela a eu un impact négatif, explique Garcia. L'Espagne ne joue plus aussi bien qu'avant."
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Vicente Del Bosque lors d'un entraînement de l'équipe d'Espgne

Crédit: Panoramic

Elle semble toujours souffrir des mêmes maux qu'au Brésil. Son jeu de possession a encore tendance à rester stérile, en partie pour son incapacité à accélérer à l'approche de la zone de vérité. En cela, l'Espagne n'a pas spécialement évolué dans le jeu et reste assez prévisible malgré une qualité technique nettement au-dessus de la moyenne. Elle n'a pas changé ce style qui avait contribué à sa perte au Brésil, après avoir été l'une des premières raisons de son succès glorieux entre 2008 et 2012.

Quels leaders et, surtout, quelle attitude ?

Le dernier Mondial a marqué la fin d'un cycle avec les retraites internationales de trois cadres essentiels des sacres de l'Espagne entre 2008 et 2012 : Xavi, Xabi Alonso et David Villa. Del Bosque n'a pas fait de révolution dans son vestiaire. Les leaders actuels appartenaient déjà à cette génération glorieuse : Sergio Ramos, Gerard Piqué, Sergio Busquets, David Silva et Andres Iniesta.
Il n'y a pas spécialement eu de renouvellement parmi les cadres. Cela a certainement facilité la transition. Mais ça pose aussi la question de l'attitude. Au Brésil, l'Espagne a parfois donné le sentiment d'être rassasiée par ses trois sacres internationaux consécutifs. En France, elle comptera encore sur des cadres qui ont tout gagné pour rebondir après le fiasco brésilien. Reste à savoir si ces hommes auront retrouvé cette faim de titres qui leur a certainement fait défaut il y a deux ans.

Quelle relève pour relancer l'Espagne ?

Si Del Bosque a continué de s'appuyer sur la génération glorieuse de 2008-2012, le sélectionneur espagnol a quand même, un peu, ouvert la porte aux jeunes. Notamment pour tenter de régler l'éternelle question de l'avant-centre. Brillant face au Bayern 8e de finale retour de la Ligue des champions (4-2 a.p.), Alvaro Morata peut être une solution même s'il a encore beaucoup à prouver. "Ce n'est pas le joueur qui peut faire gagner un match sur un coup de génie, estime Garcia. Il n'est pas considéré comme un titulaire, et il n'y a pas de titulaire au poste à l'heure actuelle."
L'attaquant de la Juventus avait fini meilleur buteur de l'Euro 2013 Espoirs en Israël, brillamment remporté par l'Espagne. Sous l'impulsion de joueurs comme Thiago Alcantara, Koke, Isco ou David De Gea, que Del Bosque a intégré petit à petit au sein de la Roja. Il pourrait être inspiré de les responsabiliser davantage à l'Euro 2016. Si l'Espagne doit relever la tête, cela passera certainement par cette nouvelle génération. Dans un tournoi international où l'Espagne, pour la première fois depuis quelques années, ne sera pas la grande favorite, c'est peut-être la meilleure occasion de la lancer.
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Thiago Alcantara soulève le trophée de champion d'Europe Espoirs de l'Espagne en 2013

Crédit: AFP

Une équipe (quand même) taillée pour le titre ?

Quels que soient les doutes qui peuvent entourer l'Espagne, il ne faut pas négliger cette équipe. Elle a des options au poste de gardien avec David De Gea et Iker Casillas, une charnière réputée, des latéraux solides, un milieu assez impressionnant, notamment sur le plan technique, et de la qualité offensive. Et si elle peut aligner un onze taillé pour le titre, l'Espagne a un banc qui peut aussi lui permettre de voir loin dans la compétition.
Les options de l'Espagne pour l'Euro
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