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OM - Jorge Quiroz : "Marcelo Bielsa veut le pouvoir absolu"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/04/2014 à 23:22 GMT+2

Ancien coéquipier de Diego Maradona à Boca Juniors, Jorge Quiroz, ami intime de Bernardi et de Gallardo, connait bien Marcelo Bielsa. Dans les environs de Monaco, l’Argentin volubile nous a reçus chez lui pour évoquer les multiples facettes du très probable futur coach de l’OM.

Marcelo Bielsa, avec l'Athletic Bilbao en 2012

Crédit: AFP

D’abord, comment décrire Marcelo Bielsa ?
J.Q. : C’est quelqu’un qui respire pour le foot, il vit pour ça. C’est sa vie, c’est sa passion. Le football, c’est tout pour lui.
Parfois, il semble que la passion prenne le dessus. D’où son surnom ‘El loco’. Comment faut-il l’analyser ?
J.Q. : Dès fois, c’est vrai, il intoxique un peu ses joueurs parce que c’est difficile pour un groupe de faire autant de sacrifices, de concessions parce qu’il est très exigeant. Que ce soit à l’entraînement ou dans l’attitude. Il réclame un investissement total. Donc ce qu’il dit, c’est qu’au bout d’un cycle de deux ans, il faut, soit changer de club (pour lui), soit changer les joueurs (de l’effectif). C’est sa méthode : on aime ou on n’aime pas.
Justement, de quelle méthode parlez-vous ?
J.Q. : Pour lui, un joueur de football doit tout laisser sur un terrain. Tout ! Ça, c’est sa philosophie de vie. Il exige le maximum de chaque élément de son effectif. Mais Bielsa pense équipe, il ne pense pas aux joueurs.
Comment pourrait-on définir la patte Bielsa ?
J.Q. : Les équipes qu’il prend, ça joue au ballon, ça attaque, ça va de l’avant, il veut attaquer, il veut attaquer (il s’enflamme). C’est un plaisir de voir les formations entraînées par Marcelo. Mais je pense que les joueurs vont souffrir psychologiquement avec lui. Pour eux, ça va être très dur ! C’est pour ça qu’il est dit un peu ‘loco’… Mais attention, il n’est pas fou du tout ! Il est très intelligent, c’est quelqu’un qui a une intelligence supérieure.
Cela veut dire quoi attaquer tout le temps ?
J.Q. : Cela signifie qu’il fait tout pour attaquer. Donc dès que son équipe perd la balle, il reste haut en mettant un pressing en place. Car il se dit que s’il récupère le ballon haut, le système offensif est déjà en action. Ce qu’il veut, c’est faire le moins d’efforts possible pour défendre. Son objectif ? Attaquer tout le temps. Cela veut dire qu’il n’y a jamais d’arrêt dans le jeu de ses équipes. Avec lui, le match doit se jouer à 200 à l’heure tout le temps. Après ça ne marche pas toujours car c’est une stratégie risquée, mais en général, les joueurs adhèrent à ce système.
picture

Marcelo Bielsa Chili 2010

Crédit: AFP

Quel type de coach est-il ?
J.Q. : Bielsa, c’est un stratège. D’ailleurs, il dit toujours qu’il y a douze façons de marquer un but, mais il essaie toujours de trouver la 13e…
On parle aussi d’entraînements poussés. Est-ce le cas ?
J.Q. : Oui, moi j’ai vu des séances à Bilbao ou avec la sélection argentine où Marcelo demandait beaucoup d’intensité. Il exige un engagement total. Il veut que les joueurs s’éclatent, avec beaucoup de mouvement. Tout le temps.
Est-ce qu’il incarne le football argentin ?
J.Q. : Non, il ne correspond pas à la mentalité argentine parce qu’il met beaucoup de pression sur les joueurs. D’habitude, les Argentins aiment évoluer avec beaucoup de liberté en faisant des dribbles, des fantaisies. Bielsa est différent, c’est pour ça qu’il discuté au pays. D’ailleurs quand il a pris l’Albiceleste, il a été très critiqué. En Argentine, cela reste un incompris.
Avez-vous en mémoire une anecdote qui permet de comprendre qui est Bielsa ?
J.Q. : Oui. Je me souviens que quand il est arrivé à Bilbao, la première chose qu’il a faite, c’est regarder les 40 et quelques matches de Bilbao deux fois ! Pourquoi ? Parce qu’il s’est dit qu’il devait connaitre parfaitement sa nouvelle équipe. Ça, c’est Bielsa ! Le football, c’est sa vie… Quand il est dedans, il est bien, il est dans son élément.
Une autre anecdote ?
J.Q. : Ah oui, je me rappelle également de conférences de presse qui pouvaient durer pendant deux ou trois heures. Certains s’endormaient ou partaient avant la fin du point presse. Mais avant tout, Marcelo aime parler football. Les journalistes qui suivent Marseille vont pouvoir s’en rendre compte. D’ailleurs, lui, il est très respectueux de chaque question posée par un journaliste, donc il répond à tout le monde. En plus, il aime bien expliquer les choses. Il a une telle facilité de parole. C’est quelqu’un de très instruit.
Quel joueur avait ses faveurs ?
J.Q. : Il aimait beaucoup (Walter) Samuel (Inter Milan). C’était son point d’appui avec la sélection argentine.
Pourquoi ?
J.Q. : Parce qu’il disait qu’il savait défendre, il savait attaquer, il savait marquer, il savait anticiper. Il aime les joueurs qui savent évoluer dans plusieurs registres. Ce n’est pas quelqu’un de fermé.
Alors qu’il est en contacts avancés avec l’OM, que va réclamer Bielsa pour officialiser sa venue ?
J.Q. : Avant de signer, il va demander beaucoup de conditions : conditions d’entraînements, conditions d’avoir le pouvoir sur tout, les joueurs, avoir son staff qui le connaît bien. Quand il s’engage, Marcelo veut avoir un pouvoir absolu. Mais je pense que Marseille a besoin d’un changement. Et Bielsa peut amener cet élan parce qu’il y a un public magnifique au Vélodrome. Donc ça peut être un bon mélange.
Le contexte de l’OM peut-il le freiner ?
J.Q. : Ça, il s’en fout complètement ! Ce n’est pas ça qui va le déstabiliser. La pression, pas de problème, il connaît…
Et sa relation avec les joueurs, comment la définir ?
J.Q. : Il est très poli, très éduqué. Il ne va jamais manquer de respect à personne. En revanche, il a un gros caractère. Il est capable de se prendre à coup de poings avec un joueur, s’il le faut ! Si le mec ne fait pas ce qu’il lui dit, il va lui rentrer dedans. Ce n’est pas un mec qui est calme. Mais dès fois, les joueurs ont besoin de sentir ça.
Mais il a quand même 58 ans…
J.Q. : Il s’en fout de son âge ! Si tu ne rentres pas dans son système et que tu fais des choses pour freiner le truc, il ne te pardonne pas… C’est comme ça !
Quel pourrait être son objectif personnel en rejoignant l’OM ?
J.Q. : Marcelo ne base pas son projet sur la victoire de titres, mais sur ce qu’il peut laisser aux joueurs ou au club. Son projet avant tout, c’est de changer les mentalités. S’il y arrive, à partir de là, il estime qu’il a gagné son pari. Dans le milieu du football, on pense beaucoup à gagner des titres, des trophées, mais moi je préfère ceux qui laissent quelque chose en héritage après leur départ. Lui c’est comme ça qu’il fonctionne.
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