Fabregas, le canonnier

Arsenal n'a rien à envier à Manchester United. Au classement, les Gunners n'ont qu'un point de retard sur les Red Devils avant de les recevoir à l'Emirates. Sur le terrain, ils n'ont pas Wayne Ronney, meilleur buteur de la Premier League avec 19 réalisations, dont 12 lors des 10 dernières sorties mancuniennes en championnat. Mais ils ont Cesc Fabregas. Le numéro 4 du club londonien s'est imposé comme un joueur de classe mondiale cette saison. Son influence sur la formation d'Arsène Wenger ne date pas d'hier. Mais il n'a jamais été aussi décisif que cette saison, à l'image de ses statistiques éloquentes en Premier League. En 18 matches, l'international espagnol a déjà inscrit 11 buts et délivré autant de passes décisives. Si les Gunners affichent la meilleure attaque d'Angleterre, c'est surtout grâce à lui.

Avec le recul, il est impossible de donner tort à Wenger d'être allé chercher le petit prodige à Barcelone, en 2003. Fabregas faisait déjà un malheur avec les équipes de jeunes du Barça, mais il n'avait encore jamais eu les honneurs de l'équipe première. C'est d'ailleurs la crainte de ne pas avoir sa chance avec son club formateur qui a poussé le petit milieu de terrain à accepter de rejoindre Arsenal. Une formation phare du championnat d'Angleterre, et un entraineur réputé pour donner sa chance aux jeunes et les emmener au plus haut niveau. L'Espagnol ne dira pas le contraire. Face à Rotheram en Coupe de la Ligue le 28 octobre 2003, Cesc est devenu le joueur le plus précoce à participer à un match avec les pros, à 16 ans et 177 jours. Depuis, sa progression a été constante et son influence grandissante. A tel point que Wenger en a fait son capitaine en novembre 2008, à la place de William Gallas. Un rôle de leader qui n'est peut-être pas étranger à la nouvelle dimension prise par l'ancien Barcelonais.

Aujourd'hui, Fabregas est l'une des plus grandes stars de la Premier League, et le joueur incontournable d'Arsenal. Il incarne la réussite d'une équipe qui n'a jamais semblé autant en mesure de remporter le titre depuis quelques saisons. A Londres, on commence d'ailleurs à trouver le temps long. Le dernier sacre national remonte à 2004, et les pensionnaires de l'Emirates subissent depuis plus de cinq ans la domination de Chelsea et Manchester United. Collectivement, la qualité de l'équipe londonienne n'a jamais été remise en question. Mais, entre autres, il lui manquait ce joueur capable de faire la différence à tout instant. Elle le possède désormais, pour le plus grand bonheur de Wenger. "Ce qui est très intéressant pour nous, c'est que Cesc est de plus en plus fort, et qu'il affiche plus de personnalité sur le terrain, comme toute l'équipe. Il va avoir 23 ans cette année, il commence à peine", souligne l'entraineur français, qui peut déjà se préparer à un été compliqué.

Déjà convoité l'été dernier, Fabregas sera l'objet de tous les désirs à l'intersaison. Les médias espagnols évoquent quasiment tous les jours son transfert et les deux grands de la Liga, Barcelone et le Real Madrid, lui font ouvertement les yeux doux. Lié à Arsenal jusqu'en juin 2014, l'Espagnol souffle le chaud et le froid au sujet de son avenir. Seule certitude: son départ ferait très mal aux Gunners. "Je ne sais pas comment ils pourraient réagir. Il ne faut jamais dire jamais. Mais je me sens reconnu, apprécié, à l'aise et important à Arsenal. Certaines personnes ne comprendraient pas que je puisse quitter le club, mais chacun doit se sentir en accord avec lui-même", avait déclaré Cesc un peu plus tôt dans la saison. Le club londonien n'aura que peu de moyens de lutter face aux millions de Florentino Perez où à l'attraction que constitue le Barça, meilleure équipe du monde à l'heure actuelle. Dans cette optique, un titre parait presque capital pour que la formation de Wenger ait une chance de conserver son joyau. Et cela passe certainement par une victoire sur le Manchester de Wayne Rooney.