Manchester United : Rooney - Ferguson, le courant ne passe plus

En août dernier, une rumeur, partie du nord-ouest du pays, avait traversé l’Angleterre. Impressionné par Robin Van Persie et Shinji Kagawa, ses deux principales recrues estivales, Sir Alex Ferguson commençait déjà à se poser des questions sur l’avenir de Wayne Rooney à Manchester United. En fin de saison dernière, plusieurs articles dans la presse anglaise, notamment sous la plume de journalistes proches de Fergie, avaient habilement laissé entendre que le boss des Red Devils était de plus en plus frustré par le comportement et le rendement de son international anglais.

Le parcours de Rooney à United est plus qu’intéressant. Arrivé au club à 18 ans pour 30 millions d’euros dans la peau du prodige qu’il était après un Euro 2004 fantastique, où il s’était révélé au reste du monde, il a quasiment toujours été protégé par Ferguson, qui a été comme un second père pour lui. Il est couvé, chouchouté et mis dans les meilleures conditions dans une équipe dominatrice avec des joueurs plus expérimentés lui ayant servi de guides (Ferdinand, Scholes). Sa progression fut constante, jusqu’à la 2009-2010, sa meilleure sous le maillot de MU avec 26 buts en Premier League, 5 en Ligue des champions et un sentiment de supériorité rare.

C’est à partir de là que tout s’est compliqué, là que ses relations avec Ferguson ont commencé à se détériorer. Les révélations dans les tabloïds britanniques de ses infidélités avec une prostituée à l’été 2010 ont terni sa réputation mais aussi celle de United. Ferguson n’a pas du tout apprécié. Mais c’est surtout l’affaire de la lettre, quelques semaines plus tard, en octobre, qui marquerait le début de la fin pour Rooney. En conflit avec le club pour sa prolongation de contrat, l'attaquant s’est exprimé dans un communiqué, demandant à quitter un club qui selon lui manquait d’ambition. Il y critiquait aussi ses coéquipiers. Quarante-huit heures plus tard, il changeait d’avis et signait un nouveau contrat de cinq ans avec un salaire de 250.000 euros par semaine. Se sentant pris en otage à ce moment là de la saison, "SAF" ne l’a jamais vraiment pardonné à son attaquant.

Depuis, et malgré une dernière saison plus que satisfaisante (27 buts en championnat), Rooney n’est pas dans l’ensemble aussi performant qu’en 2009-2010. Son attitude est souvent montrée du doigt. Ses fréquentes sorties, ses cigarettes, l’alcool, son comportement hors du terrain : son hygiène de vie laisse trop à désirer, ce qui là encore énerve royalement son manager. Cette hygiène de vie explique également les petits pépins physiques (notamment à la cheville) dont il souffre régulièrement et encore actuellement puisqu’il manquera le clash avec Liverpool dimanche.

Depuis l’arrivée de Van Persie cet été, Rooney est passé au second plan. RVP est le seul joueur à avoir pris part aux 21 matchs de Premier League de United cette saison, pour 16 buts. Rooney ? 14 matches, 7 buts. A mi-saison, ce n’est pas suffisant. D’ailleurs, cette année, les piques de Ferguson ont été bien plus fréquentes qu’à l’habitude. Plusieurs fois, il a ainsi glissé que Rooney devait marquer plus, devait etre plus décisif. Bien sûr, Rooney a inscrit des buts importants, comme son doublé à Manchester City par exemple, mais il semble que dans l’esprit du manager écossais, son heure soit passée. Welbeck (22 ans), Kagawa (23 ans), Chicharito (24 ans) représentent un futur auquel Rooney (27 ans) pourrait ne plus appartenir.

Cette saison, Welbeck a plus joué que lui en championnat, Chicharito a plus marqué et a été le parfait complément de Van Persie quand ils ont joué ensemble. Kagawa a aussi été très complice avec le Néerlandais quand ils ont évolué l’un derrière l’autre. Et cette saison, United a souvent mieux joué quand il n’était pas là que quand il était là, si bien que plusieurs journaux ont parfois titré "Who needs Roo?" (qui a besoin de Roo). L’éventualité de voir Rooney quitter Manchester United à court terme est bien réelle. Plusieurs signes le montrent. A 27 ans, Ferguson sait qu’il pourra encore en tirer beaucoup d’argent et réinvestir la somme dans d’autres joueurs. Il sait surtout que son équipe se portera sûrement mieux sans lui.