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Premier League : Alexis Sanchez porte Arsenal sur ses épaules et a déjà conquis l'Angleterre

Philippe Auclair

Mis à jour 18/01/2015 à 00:32 GMT+1

En recrutant Alexis Sanchez l'été dernier, Arsène Wenger et Arsenal ont réussi le coup de l'année. Le Chilien, surnommé le "moustique bionique" fait tout, bien et à fond. Pourvu que ça dure.

Alexis Sanchez

Crédit: Eurosport

Un joueur qui sort de la Coupe du monde est censé être fatigué et passer par une sorte de convalescence lors des premiers mois de la saison suivante, a fortiori lorsque son équipe est parvenue à sortir de son groupe comme ce fut le cas du Chili au Brésil. Mais personne ne semble en avoir informé Alexis Sanchez, qui, si le vote pour le "Footballeur de l’Année" en Angleterre se tenait aujourd’hui, aurait de bonnes chances de décrocher cette distinction. Celui de "joueur de la saison" d’Arsenal lui est d’ores et déjà acquis : trois mois sur cinq, c’est sur lui que se sont portées les voix des internautes abonnés au site du club.
C’est peu dire qu’il se soit immédiatement mis au diapason d’une Premier League pour laquelle sa générosité le prédisposait : sans lui, il est probable qu’Arsenal, au lieu d’entretenir l’espoir de réintégrer le Top 4, se battrait plutôt pour ne pas s’enliser en milieu de tableau. Ce n’est pas exagérer qu’affirmer que son impact et son influence sur le jeu des Gunners peuvent aujourd’hui être comparés à ceux de Luis Suarez sur Liverpool lors de sa dernière saison à Anfield.
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Alexis Sanchez (Arsenal)

Crédit: Panoramic

On trouve en effet la patte d’Alexis dans plus de la moitié des trente-sept buts inscrits par les Gunners en championnat - 51,3% pour être précis, douze buts, sept passes décisives -, un chiffre qui fait songer aux statistiques de Thierry Henry quand celui-ci était le dieu de Highbury. Et quand ce dernier parle d’Alexis comme de "la meilleure recrue [de Wenger] depuis six ans", il ne fait qu’affirmer ce qui, pour tous, est une évidence. Ceux qui pensaient qu’à 45 millions d'euros, le joueur qui venait d’achever sa saison la plus prolifique à Barcelone était "surcoté" et "trop cher" en ont été pour leurs frais. N’est-ce pas, Joey Barton, qui, encore en novembre, mettait en avant "l’inconstance" du Chilien?
Il est plus anglais que beaucoup d'Anglais
Il est exact qu’un seul de ses douze buts en Premiership a été inscrit contre un prétendant au titre (somptueux, d’ailleurs, dans le 2-2 contre Manchester City), mais de là à en faire un "grand joueur de petits matches", c’est oublier, par exemple, qu’il marqua le but décisif du Barça lors du premier Clasico de la saison 2013-14. C’est laisser de côté le fait que, sans celui marqué contre Besiktas à l’Emirates, ce serait peut-être le club turc et pas Arsenal qui aurait passé l’obstacle des play-offs de la Ligue des champions. C’est ne pas se souvenir du coup franc qu’Iker Casillas ne put que renvoyer dans les pieds de Charles Aranguiz pour le 2-0 du Chili face aux futurs ex-champions du monde.
De fait, lorsque le très sérieux Observatoire du Football CIES publia au début de ce mois son estimation de la valeur marchande des meilleurs joueurs du monde, Alexis pointait à la neuvième place de son classement, coté à 61 millions par les experts du think tank suisse. La bonne affaire pour Arsenal, à tous les sens du terme.
L’aisance avec laquelle Alexis s’est glissé dans la peau d’un joueur de Premier League a fait dire à Alex Oxlade-Chamberlain - dont le rendement a tant bénéficié de la présence du Chilien - qu’il était "plus anglais que beaucoup d’Anglais". Le mythe du footballeur sud-américain né truqueur et lymphatique en a pris un coup dans l’aile, dieu soit loué - voir le premier but de Sanchez contre Stoke, le week-end dernier, quand il a ignoré la tentative d’attentat de Steven N’Zonzi pour aller tromper Begovic. Mais ce n’est pas cette faculté d’adaptation qui constitue ce qu’il y a de plus remarquable en ce joueur. Ce n’est pas - pas seulement, évidemment - son efficacité dans le dernier geste, ses changements incessants de direction dans la course et le dribble qui font de lui un cauchemar pour son marqueur.
Ce n’est même pas la faim de loup qu’il montre jusqu’à la dernière minute, qu’Arsenal joue dans un fauteuil ou qu’un autre s’y soit assis; l’une des images les plus vives que j’ai gardée de son match contre Stoke, de nouveau, est celle de son visage en toute fin de rencontre, d’une expression de dépit et de colère qu’on n’aurait pas attendue en de pareilles circonstances: il avait réussi un doublé, les trois points ne pouvaient plus échapper à son équipe. La raison de ce dépit et de cette colère? Il avait sprinté une trentaine de mètres, à fond (Alexis fait tout à fond), pour aller chiper un ballon dans les pieds d’un défenseur des Potters. Mais celui-ci lui avait échappé. Cela avait suffi à le faire enrager. Quel bonheur ce doit être d’entraîner un gagneur de cette trempe…

Le plus remarquable, alors?

Voici un autre chiffre: 2741. C’est le nombre de minutes qu’Alexis - de retour du Mondial, supposément diminué au physique comme au mental - a passé sur un terrain cette saison pour son club et sa sélection avant le choc de ce dimanche. Une sélection qui, au passage, a joué un des trois matchs auxquels il ait pris part aux USA et les deux autres au Chili, la fatigue liée aux voyages et au décalage horaire devant s’ajouter à celle accumulée dans le jeu.
En lui-même, ce chiffre, 2741, ne vous parle peut-être pas. Mais comparez-le avec celui que vous verrez associé à la saison d’autres joueurs alors que janvier n’est pas fini. Et vous vous rendrez compte d’une chose - que je n’ai acceptée moi-même qu’après avoir passé des heures à vérifier stat après stat sur les bases de données des grands championnats européens. C’est qu’aucun joueur de champ de quelque club que ce soit en Europe n’a passé autant de temps à courir après un ballon qu’Alexis depuis le mois d’août. J’ai bien dit "aucun". Et j’ai bien dit, non pas "attaquant" – mais "joueur de champ". C’est prodigieux. Au vu des efforts consentis sur la pelouse, ça a même quelque chose d’insensé.
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Alexis Sanchez (Arsenal)

Crédit: Panoramic

Le sujet est régulièrement revenu ces dernières semaines dans les conférences de presse d’après-match d’Arsène Wenger. Chaque fois qu’on lui a demandé si le moment était venu de faire souffler son stakhanoviste, le manager a convenu que la question le préoccupait, mais qu’Alexis n’avait envie que d’une chose: jouer, et que les tests auxquels il était soumis presque quotidiennement par le staff médical des Gunners n’indiquaient aucune détérioration de ses ressources. Mettez-vous à la place de Wenger: comment se priver d’un tel atout?
Alexis n’a donc manqué que deux matches de son équipe depuis la victoire 3-0 sur Manchester City dans le Community Shield, dont il avait d’ailleurs disputé quarante-cinq minutes: les déplacements à Aston Villa (où il était demeuré sur le banc) et à Galatasaray (la seule occasion où Wenger ne l’avait pas inclus dans son groupe). Quand on sait, en plus, combien il est difficile pour les novices de la Premier League de vivre l’absence d’une trêve hivernale, on peut s’étonner. Admirer l’enthousiasme du joueur. Et s’inquiéter, aussi. A juste titre ou pas, Wenger a acquis dans le milieu du ballon la réputation d’un manager qui tend à pousser ses footballeurs jusqu’à leurs limites, y compris quand ils approchent de la zone rouge. Or ce n’est pas parce que la presse anglaise a surnommé Alexis "le moustique bionique" (authentique) qu’il peut continuer à tirer sur la corde de la sorte. Il devra bien souffler un jour. Mais quand ? Ce ne sera pas dimanche, on peut le parier.
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