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Solidité, sérénité et rigueur tactique : Paulo Sousa a modelé la Fiorentina à son image

Alessandro Pitzus

Publié 25/10/2015 à 01:19 GMT+2

SERIE A - Leader de la Serie A avec la Fiorentina, Paulo Sousa, l'entraineur portugais de la Viola, est l'une des très bonnes surprises du début de saison en Serie A. Malgré un contexte difficile lors de son arrivée, le Lusitanien a surmonté l'adversité pour mieux instaurer ses idées de jeu.

Paulo Sousa, l'entraineur de la Fiorentina (2015-2016)

Crédit: AFP

Costard noir, chemise blanche, cravate assortie, Paulo Sousa a de l'allure sur le banc de la Viola. Le Portugais a la classe, la même qui le caractérisait déjà lorsqu'il était joueur. Arrivé à Florence dans un environnement bouillant suite aux affaires internes et son passé de Juventino, le technicien de 45 ans a survécu à la tempête avant de prendre son envol. Aujourd'hui, la "Fio" version Sousa affiche des principes simples : solidité et réalisme. Le tout sans renier totalement sa volonté de jouer. Le Portugais est en train de réussir un pari qui était loin d'être gagné d'avance.

"Bienvenue en enfer"

Débarquer à Florence avec une étiquette d'ancien joueur Turinois est un poids lourd à porter. Sauf pour Paulo Sousa. L'ancien joueur de la Juve (1994-1996) s'est débarrassé de cette étiquette en un rien de temps malgré le scepticisme et la défiance. Quelques pancartes d'insultes et un "Bienvenue en enfer" avaient accompagné son arrivée dans la cité Toscanne. Déjà échaudés par l'affaire Salah et l'exil de Montella, les supporters de la Fiorentina attendaient le premier faux pas pour tomber sur Sousa. Ils risquent de patienter un moment.
Avec Paulo Sousa, la Fiorentina a réalisé son meilleur début de saison depuis 17 ans. Fait symbolique : la Viola occupe la tête du classement de Serie A après 8 journées. La dernière fois que le club florentin était monté si haut, l'entraineur s'appelait Giovanni Trapattoni (saison 1998-1999). Un début d'exercice qui a calmé les plus récalcitrants. Paulo Sousa savoure avec modération : "Il faut aussi saluer nos supporters qui sont toujours derrière nous. (...) Je sais que les Florentins sont des supporters passionnés".
Le natif de Viseu a su se mettre le public dans la poche et le faire en si peu de temps, c'est déjà un bel exploit. Mais ce n'est qu'une première étape pour Paulo Sousa : "Les tifosi doivent rêver, nous devons avoir des ambitions. Le championnat est long, nous devons être réalistes. Je le dis : nous avons une équipe qui peut lutter contre tout le monde. Nous n'avons peur de personne". Des petites douceurs et des promesses, Paulo Sousa sait caresser le public violet dans le sens du poil.

Un concert de louanges

Ses premières expériences catastrophiques en Angleterre en tant que manager (QPR, Swansea, Leicester) ne laissaient rien présager de bon pour la suite. Mais le Portugais avait déjà l'habitude de déjouer les pronostics à l'époque. En Suisse et en Hongrie, il a remporté ses premiers trophées et fait décoller sa carrière. Un parcours atypique qui a suscité l'admiration des plus grands. A commencer par José Mourinho : "Nous avons des entraineurs qui veulent commencer dans des grands clubs, sans l'expérience nécessaire, mais Paulo Sousa a été humble, déclarait le Happy One dans le journal Record en septembre dernier. Il a travaillé en Hongrie, en Israël, en deuxième division anglaise et en Suisse. Il étudie parfaitement ses adversaires et est toujours très bien informé". Un tel compliment de la part de José Mourinho, c'est loin d'être anodin.
En Italie, les fans du Portugais se multiplient semaine après semaine. Luciano Spalletti, reconnu pour son aura de grand tacticien, n'y va pas par quatre chemins : "Je m'incline devant le travail réalisé par Paulo Sousa. C'est un travailleur, ça se voit". Son ancien coéquipier à la Juve, Angelo Di Livio, n'est pas étonné par la réussite du Lusitanien, loin de là : "C'est un garçon avec beaucoup de personnalité, affirmait l'Italien au quotidien La Nazione il y a quelques jours. C'était un farceur dans le vestiaire, mais il était toujours sérieux quand il le fallait. Je ne suis pas étonné de le voir sur le banc. Quand il était joueur, Paulo était déjà entraineur. Il avait certains reflexes tactiques. Beaucoup de personnes l'ont vu aussi".
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Borja Valero (Fiorentina) au duel avec Allan et Callejon (Napoli)

Crédit: AFP

Plus important encore, son vestiaire semble conquis. Métronome de son équipe comme Paulo Sousa avait pu l'être à son époque, Borja Valero apprécie lui aussi la méthode du Lusitanien. L'Espagnol en a aussi profité pour mettre un taquet à Montella au passage. "Paulo Sousa a plus de caractère que Vincenzo Montella, a déclaré le milieu de la Fio à El Pais. Il nous dit les choses en face peu importe les circonstances. Nous sommes une équipe plus solide. Nous jouons peut-être moins bien que les années précédentes, mais nous sommes plus durs à manœuvrer".

Trois principes : rigueur, application et travail acharné

La philosophie offensive et joueuse de Montella s'est éclipsée avec le départ du Transalpin. Paulo Sousa est revenu aux fondamentaux. A commencer par des bases solides et une défense à trois qui filtre tout ce qui passe (6 buts encaissés, meilleure défense de Serie A). L'approche mise en place par Paulo Sousa est plus défensive. Les milieux récupérateurs sont un peu plus sentinelles dans l'âme et laissent d'autres joueurs s'occuper de la création.
Malgré tous ces principes assez rudimentaires, les chiffres montrent que la Fio est la seconde équipe avec la possession de balle la plus élevée (59,9 %, 60% pour la Roma). C'est également la formation qui réussit le plus de passes depuis le début de la saison en Serie A (87,7%). Preuve d'une application certaine. Les deux dernières défaites en Ligue Europa contre Lech Poznan (1-2) et en championnat contre le Napoli (1-2) n'altèrent pas ce sentiment de sérénité.
La Fiorentina affiche une assurance nouvelle. Contre les deux clubs milanais, l'équipe florentine a donné des leçons d'efficacité (2-0 contre l'AC Milan et 4-1 contre l'Inter). Les résultats sont là, le spectacle un peu moins, mais la Fio n'a pas non plus garé le bus. Paulo Sousa résume parfaitement la situation : "Le secret de notre réussite, c'est le travail. Avec un nouvel entraineur, l'équipe a eu besoin de temps avant de comprendre tactiquement ce que je voulais mettre en place. Mais la culture du travail est en train de payer". Sa persévérance et sa patience aussi.
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Paulo Sousa (Fiorentina) et Maurizio Sarri (Napoli)

Crédit: Panoramic

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